Hier à 19h10 dans "Les Dessous de l'écran" sur RTL, en partenariat avec puremedias.com, Philippe Robuchon et Benjamin Meffre évoquaient le piratage massif dont sont victimes les contenus sportifs télévisés, et particulièrement les matchs de football. Pour en parler, l'émission médias de RTL accueillait ainsi Jacques Bajon, directeur médias et contenus numériques du cabinet Idate Digiworld. Ce dernier vient de remettre un rapport alarmant au Sénat sur ce sujet. "Les dessous de l'écran" recevait aussi Sacha Nokovitch, journaliste de "L'équipe", spécialiste de la relation entre le sport et les médias.
"On a des chiffres qui nous viennent des enquêtes de Médiamétrie. On a environ 1,5 million d'actes de piratage par mois en France. On peut avoir des pics de piratage lors des grands évènements sportifs, et particulièrement les gros matchs de football", a décrit Jacques Bajon à propos de ce phénomène, avant que Sacha Nokovitch ne donne l'exemple du mois du match de Ligue des champions entre le PSG et Liverpool, diffusé avec difficulté en septembre par RMC Sport, où le nombre d'actes de piratage est monté en flèche.
Les deux intervenants ont également souligné que le piratage des contenus sportifs augmente fortement alors même que celui des contenus culturels diminuent ces dernières années. Cette forme de piratage concerne l'ensemble des sports à les en croire, même si le football est l'une des principales cibles, tandis qu'au niveau mondial, le baseball est la principale victime des vols sur internet. "On a vu au Royaume-Uni que le match de boxe Mayweather/ Mcgregor a suscité à lui tout seul environ 3 millions d'actes de piratage", a cité en exemple Jacques Bajon, qui a par ailleurs expliqué que des "centaines de sites" de piratage existaient pour les seuls matchs de la Ligue 1 en France.
Jacques Bajon a souligné que la fragmentation de l'offre de sport en France entre plusieurs opérateurs (Canal+, beIN Sports, RMC Sport) était l'une des raisons de l'augmentation du piratage ces derniers mois. Selon cet expert, le streaming, soit la lecture en direct d'un flux venant d'un serveur, reste la "technique principale" pour les pirates afin de consommer du contenu sportif gratuitement. Jacques Bajon a également souligné que les réseaux sociaux comme Facebook servaient aussi de plus en plus de "véhicules du piratage" grâce à leurs dispositifs de distribution en live.
Sacha Nokovitch a pour sa part souligné qu'il y avait parfois derrière ces serveurs de piratage de "gros réseaux mafieux" car cela "génère beaucoup d'argent". Le journaliste de "L'équipe" a également cité la dimension géopolitique que peut revêtir le piratage, comme c'est le cas avec le piratage de beIN, chaîne qatarie, par l'Arabie Saoudite. Concernant les revenus générés par le piratage, Jacques Bajon a parlé de "plusieurs dizaines de millions d'euros" pour "les plus gros sites", avec des marges allant de 50 à 90%.
Jacques Bajon a ensuite préconisé un certain nombre de solutions afin de lutter plus efficacement contre cette forme de piratage en France, comme rendre la Hadopi compétente en la matière, alors que pour l'instant, elle ne s'occupe que des contenus culturels. Parmi les autres pistes, le spécialiste a cité la fermeture des sites et des serveurs pirates ou le tarissement de leurs ressources en faisant pression sur les régies commerciales qui leur achètent des espaces publicitaires.
Ecoutez l'intégralité des "Dessous de l'écran" du dimanche 27 janvier 2019.