Le 34e Baromètre de la confiance des Français dans les médias a livré son verdict. "La Croix" a publié ce jeudi comme chaque année sa grande enquête*, réalisée en partenariat avec Kantar Public et Onepoint pour prendre le pouls de l'opinion sur l'année écoulée. Une année marquée sans surprise par la crise sanitaire, une actualité inédite de par sa durée. "L'information sur le Covid-19 s'est retrouvée en une de l'actualité 306 jours sur 365 en 2020", souigne Guillaume Caline, directeur des études chez Kantar. Même le quotidien catholique y va de son mea culpa en relevant que plus de 110 de ses Unes ont été consacrées à l'épidémie l'année dernière. "Jamais, depuis la Seconde guerre mondiale, un sujet n'avait si souvent occupé la première page", note "La Croix".
74% des personnes interrogées se désolent donc de l'omniprésence de la COVID-19 dans l'actualité. Parmi les trois événements dont les médias n'ont pas assez parlé selon eux : la conférence citoyenne pour le climat (48%), les révélations d'abus sexuels dans le monde sportif (44%) et le mouvement pour la démocratie en Biélorussie (32%).
Cette actualité vampirisée a eu des conséquences moins négatives que prévues sur les trois principaux indicateurs du baromètre que sont l'intérêt porté à l'actualité, la crédibilité des médias et l'indépendance des journalistes telles qu'elles sont ressenties par les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs. L'intérêt des Français pour l'actualité, après avoir atteint un plus bas historique à la faveur du baromètre 2020, progresse de 8 points, pour s'établir à 67% des personnes sondées. En revanche, les 18-24 ans ne se sont pas davantage informés (51%).
Dans la crédibilité accordée aux médias, le traditionnel triptyque reste inchangé avec toujours une prime à la radio (52%, +2 points), à la presse écrite (48%, +2 points) et à la télévision (42%, +2 points). Internet reste en queue de peloton mais évolue à la hausse pour la première fois depuis 2015 (28%, +5 points). Enfin, les journalistes sont jugés indépendants des pressions des partis politiques et du pouvoir, tout comme des pressions de l'argent à seulement 29%, ce qui représente cependant une hausse respective de 4 points et 3 points sur ces deux indicateurs.
Concernant la perception du traitement médiatique de la crise du coronavirus, 73% des sondés estiment que l'on a donné trop de place à des gens qui ne sont pas spécialistes du sujet et 66% pensent que les médias ont eu tendance à dramatiser les événements. A contrario, 64% d'entre eux soulignent qu'ils ont réussi à mieux appréhender la crise grâce aux différents supports d'information, même si 58% des personnes interrogées pensent que de fausses informations ont été relayées à cette occasion.
Sur le degré d'information des différentes composantes de cette crise sanitaire, pour une majorité de Français, les consignes sont bien passées au sujet des gestes barrière et du port du masque (90%) ou des règles touchant au confinement et au déconfinement (77%). Mais l'insatisfaction est grande sur le degré d'information des conséquences psychologiques de cette crise sans précédent, comme de l'origine du virus ou des débats sur la chloroquine, avec plus d'une personne interrogée sur deux mécontente.
Spécialiste de l'information interrogé par "La Croix", Arnaud Mercier déplore le rôle joué par certaines chaînes d'information dans ce contexte, qui ont "transformé en polémique ce qui était de l'ordre de la controverse scientifique, c'est-à-dire un état de la science qui progresse en étant débattu entre pairs". Le quotidien note d'ailleurs que "s'ils s'informent toujours plus sur internet, les Français ont un peu délaissé cette année les chaînes d'information au profit des généralistes".
Globalement, 84% des Français sondés estiment que les médias leur permettent de bien s'informer sur l'état du monde mais, signe de la morosité ambiante, ils sont 55% à se dire incapables de se projeter dans l'avenir à travers leurs supports favoris.
* Enquête réalisée par Kantar Public–Onepoint pour "La Croix" entre le 7 et le 11 janvier, selon la méthode des quotas, auprès d'un échantillon de 1 000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les entretiens se sont déroulés en face-à-face au domicile des personnes.