Et les dix personnalités les plus sous-estimées sont...

L'heure du printemps arabe médiatique a sonné. Après avoir dit "Dégage !" à Ali Baddou, le Ben Ali du PAF, à Justin Bieber, l'Hosni Moubarak du R'n'B et à Johnny Depp, le Kadhafi d'Hollywood, rendons hommage à ces 10 personnalités qui ont cruellement besoin de notre petit coup de pouce.

Soyons réalistes : "Moi... Lolita" est LA meilleure chanson de ces quinze dernières années. L'original, bien sûr, pas la version susurrée du caniche maniéré Julien Doré. Vous souvenez-vous d'Alizée ? Mylène Maquerelle lui avait soufflé : "Habille-toi comme une traînée, pour moi, ça a marché". Affublée d'une marinière, une culotte coincée dans la raie, la petite chaloupait et avait fait chavirer le coeur de plus d'un obsédé. Son premier album "Gourmandises" – qu'on a bu jusqu'à la lie – était un délice. Le deuxième aussi. Et puis, apparemment, Mylène en a eu marre de sa graine de star alors elle a noyé sa petite chatte. "Débrouille-toi toute seule, tu n'as plus qu'à aller faire les Enfoirés maintenant". Depuis, la pauvre a fait un enfant et 2 albums que personne n'a achetés. Pas de panique : la gamine frangée va se racheter. Alizée, comme Speedy Gonzales, est une star au Mexique. Et son mari Jérémy Chatelain la soutiendra jusqu'au bout, comme il l'avait fait pour les L5 lors de leur tournée mondiale triomphale. Allez, il est grand temps que le vent tourne et qu'Alizée revienne nous titiller les tympans.

Si seulement Jérémie pouvait régner sur le cinéma français... Ce sera chose faite, espérons-le, lorsque sortira "Cloclo", le biopic de Claude François. Le blondinet incarnera la pile électrique sur talonnettes, Danièle Gilbert ayant donc, apparemment, refusé le rôle. Lumière sera-t-elle enfin faite sur son électrocution ? S'agissait-il d'une ampoule ou d'un petit canard vibrant ? Les deux peut-être ? Si Jérémie enchaîne les tournages – contrairement à Frédéric Diefenthal – il lui manque malheureusement une aura de star. Dommage car, en fils à papa en pattes d'eph dans Potiche ou en pervers polymorphe dans "Les Amants Criminels", le Belge nous donne toujours la frite, contrairement à Benoît Poelvoorde, ce clown qu'on aimerait voir un peu moins triste.

Danielle Steel n'est pas seulement la reine du roman d'amour, elle est la romancière contemporaine la plus lue au monde... et l'une des plus méprisées. Toujours tirée à quatre épingles, la mamie multimillionnaire a écoulé plus de 560 millions de ses romans à l'eau de rose, soit 6 fois plus que le "Da Vinci Code", cet affreux best-seller que le monde entier a fait semblant de lire dans le métro. Pourtant, personne ne vous conseillera jamais un de ses pavés, sauf votre gentille mémé, si elle n'est pas décédée. Vous auriez tort de vous en priver : qui n'a jamais rêvé d'être enlacé par un vieux loup de mer, une douce nuit d'été, après avoir perdu son bébé? Danielle a un vrai style et elle mérite d'être considérée comme un grand écrivain. Car que serions-nous sans un bon roman de gare ? Des lecteurs sans entrain.

22ème ex aequo sur 24 à l'Eurovision... Qui dit mieux ? Jonatan Cerrada, et encore... Les Fatals Picards méritent pourtant le meilleur car personne n'écrit des chansons aussi mél-odieuses. On a l'impression d'entendre un Renaud sobre. Leurs titres sont collectors : "Va-t'en puisque tu es partie", "Goldorak est mort" ou, plus poétique, "J'ai accouché d'un barbapapa". Mention spéciale pour "Mon père était tellement de gauche", subtil mélange de Yann Tiersen et de Desproges, drôle à pleurer. Et, Dieu merci, les Enfoirés se font enfin étriller dans "C'est l'histoire d'un gars". Merci, les gars. Humour noir de jais et causticité éclairée : si vous voulez du réchauffé, n'allez pas chez Picards.

Son slogan sonnait si bien : "Demain ne se fera pas sans toi". Eh ben si, malheureusement, Ségolène. Mais on continue de penser que la Charentaise est une rock-star née. Ce fut un grand moment lorsque Ségourou rassembla ses ouailles à Charlety pour son concert meeting. Et pourquoi pas une rave débat pendant qu'on y est ? Il y a des colères saines et des humoristes qui s'ignorent. Ségo en est car sa fougue la rend hilarante. Marié pendant des années à Florence Foresti, François Hollande n'a pas dû s'ennuyer une seconde. Pour 2012, on lui propose ce joli slogan écrit par Cioran : "Espérer, c'est démentir l'avenir".

Non, pas Julie Ferrier, elle ne fait rire personne. Non, pas Séverine Ferrer, elle chante la "Coco Dance". Qui alors ? Ysa Ferrer, la Mylène Farmer la plus sous-estimée de sa génération. Elle était Nadia dans "Seconde B" et a ensuite péniblement enchaîné les nano-tubes. On la dit superstar en Russie mais on craint malheureusement qu'il ne s'agisse d'une légende urbaine. Ysa a tout pour plaire, sauf des moyens. Aidez-la : mobilisez-vous et téléchargez son album "Ultra Ferrer". Il est super. Pourquoi, d'ailleurs, ne pas organiser un Téléthon pour sa carrière myopathe ? Même si Ysa a autant de chance de remplir le Stade de France que Christiane Taubira de devenir Présidente, sa niaque la rend terriblement attachante. Et reconnaissez qu'il faut une bonne dose de génie – et d'inconscience – pour sampler Rondo Veneziano. Envoyez-la fissa à l'Eurovision, en duo avec Shy'm, de préférence : elles pourraient même s'embrasser entre deux couplets, voire se fouetter. France : twelve points !

"Docteur, je ne comprends pas ce qui se passe, mon fils fait trente choses à la fois. Il est acteur, peintre, poète, photographe, humoriste, top model, égérie Gucci, étudiant et il a des traces bizarres sur les veines à l'intérieur du coude, c'est grave ?" "Ne craignez rien, Madame, votre fils souffre tout simplement du syndrome James Franco . Un seul remède : lui faire présenter les Oscars avec Anne Hathaway. Il sera vivement critiqué et sa grosse tête va vite dégonfler". James Franco touche à tout – même aux drogues dures, à en croire les rumeurs – et il mérite d'être félicité car il ne fait que ce qui lui plaît. Au faîte de sa gloire, il a même décidé de jouer dans "General Hospital", un soap opera pourri. Vous imaginez Jean Dujardin, aujourd'hui, dans "Plus Belle la Vie" ? (Sa femme, Alexandra Lamy, en rêve, mais les producteurs n'en veulent pas). Et le sosie de James Dean est sublime dans "La Planète des Singes", ce film métaphore du sida où – SPOILER – les chimpanzés mangent des cookies. Allez-y franco, n'ayez plus peur de dire "J'aime James".

Il y eut Homère, Shakespeare et puis Aaron Spelling. Le vieux juif, aujourd'hui disparu, a créé à peu près tout ce qui se fait de mieux à la télévision américaine. Tout, sauf "Madame est Servie". Si Woody Allen avait eu du talent, il aurait été Aaron Spelling. Car Aaron Spelling, c'est Balzac. Il a écrit sa Comédie Humaine sur pellicule. Prenez "Melrose Place", par exemple : Amanda Woodward est son Eugène de Rastignac et Sydney Andrews est Esther Gobseck dans Splendeurs et misères des courtisanes. Bien sûr, avec "La croisière s'amuse", c'est déjà un peu moins évident... Sa bicoque de 123 pièces vient d'être vendue 85 millions de dollars mais la dette qu'a envers lui la pop culture américaine est inestimable. Une seule petite erreur, dans sa longue et si brillante carrière : sa fille, Tori.

Un ami de 33 ans qui porte des pantacourts m'a récemment traîné à un concert de Chantal Goya. Qu'il en soit remercié car dans cette salle bondée, une chose m'a frappé : la fée de 65 balais a tout inventé. Réveillez-vous : "Glee" n'existerait pas sans "Pandi Panda". Et, dans ses spectacles, Marie-Rose aborde des sujets aussi lourds que Jean-Jacques Debout. Saviez-vous, par exemple, que "Le Mystérieux Voyage" était une parabole ? Matthieu, le petit garçon perdu qu'elle recherche partout dans la forêt avec ses amis en fourrure, est mort, en réalité. Ils ne le retrouveront qu'au Paradis. En gros, c'est "Le ptit Grégory : the musical". Félicitations Chantal : tu es une pionnière et une battante. On espère d'ailleurs que Patrick Sabatier ira en Enfer pour celui qu'il t'a fait vivre. Et si on respectait un peu plus ces petits animaux hystériques que sont les enfants ? Ils ont terriblement besoin de la cousine de Bécassine alors ne touchez pas à un seul de ses cheveux gris.

Vous n'avez très certainement jamais entendu parler d'elle. Stefani Germanotta est tellement cinglée qu'elle dit à tout le monde qu'elle s'appelle Lady Gaga et met des robes en steak haché quand elle va en soirée. Mais c'est la femme la plus influente de la planète. Parce qu'elle fait de la politique en plus de faire du piano avec ses talons hauts. Lady Gaga n'est pas que l'Inspecteur Gadget – Gogo gagadgeto bulles ! Gogo gagadgeto oeuf ! Gogo gagadgeto homard ! – elle est une source d'inspiration constante. Qui a déjà eu autant d'idées qu'elle ? Même si on la voyait tous les jours à la télé et si on l'entendait sans discontinuer, ce qui est un peu le cas d'ailleurs, Tête de Poker serait encore sous-estimée. Peu importe que vous n'aimiez pas "Born This Way" – la chanson est un peu nulle, c'est vrai – ou qu'elle sorte ses singles dans le mauvais ordre (qui la conseille ? Kylie Minogue ?). Gaga les a toutes ringardisées, voilà la vérité. Madonna ? Une mémé en bas résille. Britney ? Une grosse poupée dégonflée. Shakira ? Qui ? Oui, bien sûr, elle a tout volé à tout le monde : ça s'appelle le postmodernisme. Gaga est la fille spirituelle d'Elvis Presley, le premier homme à avoir mis en avant sa sexualité sur scène. Comme il l'avait fait en son temps, elle dynamite chaque jour un peu plus le modèle sclérosant de la société patriarcale. Impossible, donc, de ne pas s'incliner devant sa Majesté des monstres. Son message – vous êtes parfaits parce qu'imparfaits – est à son image : absolument ridi-culte.

La semaine prochaine, dans l'Eddyto, vous découvrirez que nos dirigeants politiques sont en réalité des Pokémon.

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