La doyenne des chaînes info conserve sa médaille d'argent. Pour sa deuxième saison pleine en gratuit, LCI affiche une part d'audience moyenne de 0,6%, selon Médiamétrie, se maintenant ainsi juste devant CNews. "LCI s'est stabilisée à 0,6% de PDA cette saison, c'est une vraie performance dans cette année post-électorale où l'on s'attendait à un net reflux. Il a bien eu lieu pour toutes les chaînes info, mais pas pour LCI", commente Fabien Namias, directeur général adjoint de la chaîne d'information du groupe TF1 depuis février dernier.
Dans les faits, sur l'ensemble de la saison, l'audience de LCI recule d'environ 2% tandis que BFMTV, qui reste très large leader, perd 15% et CNews, environ 10%. Les enjeux ne sont pas minces pour la chaîne d'information qui a fêté ses deux ans en gratuit au mois d'avril. Positionnée sur le lointain canal 26, interdite de promotion croisée avec TF1 jusqu'en septembre prochain, contrainte par sa convention, LCI a plus d'un caillou dans sa chaussure. La chaîne souffre aussi d'être la plus déficitaire des chaînes info privées avec une perte sèche estimée, selon nos informations, à une trentaine de millions d'euros sur l'exercice 2017.
Cernée de contraintes, la chaîne d'information du groupe TF1 a tenté de faire feu de tout bois à la rentrée dernière. De Pascale de La Tour du Pin à David Pujadas, en passant par Roselyne Bachelot, la chaîne du canal 26 a multiplié les gros recrutements à l'aube de sa seconde saison en gratuit. Au bilan, les résultats sont variés. Sur un an, la case occupée par la matinale de Pascale de La Tour du Pin progresse de 38%, passant d'une moyenne de 45.000 téléspectateurs en 2016/2017 (1,4% de PDA) à 62.000 cette année (2,0% de PDA).
C'est même "la seule matinale de chaîne info qui progresse cette année" souligne Fabien Namias, qui loue "l'énergie et le travail formidable" de Pascale de La Tour du Pin. Dans une dynamique d'audience positive, la matinale de LCI est toutefois restée derrière celle de CNews, malgré un écart qui s'est réduit avec cette dernière. La fin de saison a par ailleurs été plus compliquée. Pascale de la Tour du Pin a notamment été talonnée, voire battue, par franceinfo à plusieurs reprises en juin.
Proposée de 10h à midi, puis élargie de 9h à midi en début d'année, "La République LCI" de Roselyne Bachelot a permis à la chaîne de progresser de 34% dans la case (élargie) sur un an. Un score encourageant mais insuffisant pour s'imposer face à CNews, dont le bloc matinée s'est montré de plus en plus efficace. À 18h, la case de David Pujadas a, elle, chuté de plus de 30%, passant de 222.000 téléspectateurs (1,4% du public) en 2016/2017 lorsqu'elle était occupée par Yves Calvi à 147.000 fidèles (0,9% de PDA) cette saison. Malgré ce reflux, LCI est restée la deuxième chaîne info la plus suivie à cet horaire, derrière BFMTV, dont l'audience a peu varié sur la tranche cette saison.
"David Pujadas est arrivé dans la configuration la plus difficile possible. Il s'est trouvé en concurrence avec la personne qui occupait la case sur LCI avant lui et sur une émission politique en période post-électorale. On savait que le combat serait difficile et que l'audience de ce rendez-vous ne pouvait que reculer", analyse Fabien Namias, qui planche sur un reformatage de l'émission, "redynamisée", pour la rentrée. Le nouveau patron de LCI, se dit dans l'ensemble "satisfait" d'une saison au cours de laquelle "les incarnations et les éléments de grille structurants ont été considérablement renforcés".
Fabien Namias n'élude toutefois pas le raté de fin de saison qu'a vécu sa chaîne au mois de juin. Durant le dernier mois de la saison, la chaîne est tombée à 0,5% de PDA, cédant sa deuxième place à CNews. La faute à l'énorme dispositif mis en place par LCI autour de la Coupe du monde, dont le groupe TF1 détient une partie des droits, qui n'a pas convaincu et a entraîné plusieurs ajustements de grille. "Nous avons pris un pari, le groupe TF1 disposant des droits, nous aurions eu tort de ne pas le faire. Les habitudes de nos téléspectateurs ont été bouleversées. Ils ont perdu leurs principaux repères", analyse Fabien Namias. Malgré un bilan décevant au regard des moyens mobilisés, le Mondial a toutefois permis à LCI de réaliser quelques bons scores avec notamment la rediffusion du match France/Argentine, suivie par 184.000 personnes (2,1% de PDA) le 30 juin dernier.
À l'instar de BFMTV, LCI a joué la carte de l'événement sur son antenne cette saison. La co-diffusion des deux entretiens accordés par Emmanuel Macron à TF1, le 15 octobre 2017 et le 12 avril 2018, lui a permis d'enregistrer des pics d'audience et de se classer leader des chaînes info dans les deux cas. Par ailleurs, les scores des documentaires proposés par LCI cette saison ont été encourageants. Diffusé le 12 avril à 22h40, le documentaire "Macron, le dynamiteur" a fédéré 188.000 personnes (1,2% de PDA) tandis que le documentaire sur Nordahl Lelandais, diffusé le 29 juin à 20h45, a réuni 105.000 téléspectateurs (0,6% de PDA), permettant à LCI de se classer co-leader des chaînes info sur la tranche.
Tandis que la grille sera réajustée "dans un souci de lisibilité" à la rentrée, sans être chamboulée dans ses incarnations, Fabien Namias explique que sa priorité sera de "consolider le statut de deuxième chaîne info sur les quatre ans et plus". Alors que LCI a un public plus âgé que ses consoeurs (61 ans de moyenne d'âge en 2017/2018), Fabien Namias assure que le rajeunissement de l'audience de LCI ne sera que "progressif". "Le pire malheur qui pourrait nous arriver, c'est de faire fuir notre public actuel", commente le patron de la chaîne info du groupe TF1. Un discours qui peut se lire à l'aune du fait que le téléspectateur moyen de LCI est relativement aisé et donc plus facilement monétisable sur le marché publicitaire.
Pour la rentrée, Fabien Namias annonce que l'investissement sera principalement porté "sur les contenus et la reconfiguration des plateaux". Les équipes de la direction artistique de l'information de TF1 travaillent, selon lui, à "renouveler l'antenne et à oxygéner l'offre éditoriale". Dans cette optique, les émissions seront "singularisées" et désormais tournées en alternance sur deux plateaux. Nommé récemment, Laurent Delpech, ancien directeur de l'antenne d'Europe 1, se voit confier la mission de "mieux mettre en valeur les contenus éditoriaux à l'antenne". Fabien Namias assure par ailleurs que le coût de grille de LCI restera inchangé la saison prochaine et annonce travailler à l'ouverture d'une case hebdomadaire consacrée à un grand format.
Il promet par ailleurs un "grand coup d'accélérateur" dans le digital, domaine dans lequel LCI accuse encore un certain retard malgré de bonnes performances au mois de mai. Enfin, comme les équipes de sa chaîne, Fabien Namias attend beaucoup de l'ouverture de la promotion croisée entre TF1 et LCI à partir de septembre. Un atout décisif, auquel pourrait s'ajouter une numérotation plus favorable après la disparition de France 4, qui pourrait permettre à LCI de conforter sa position de deuxième chaîne info de France.