Tension entre l'animateur et le membre du gouvernement. Ce matin, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, était au micro de Sonia Mabrouk dans la matinale d'Europe 1. A l'issue de l'interview, le matinalier Matthieu Belliard a interpellé le premier flic de France sur le rapport entre l'instruction à domicile et le séparatisme. Pour rappel, début octobre, le président Emmanuel Macron avait annoncé de nombreuses mesures contre le séparatisme islamiste, dont notamment le fait de mettre un terme à l'instruction à domicile. Une mesure à laquelle Matthieu Belliard s'est opposé le 6 octobre dernier à travers une tribune dans "Le Figaro".
"D'un mot, monsieur Darmanin. C'est un secret pour personne. Je vais être de parti pris sur la question de l'instruction à domicile. Est-ce que vous avez un chiffre ? Ce serait l'idéal. Un lien documenté, établi ? Sur la radicalisation et le séparatisme. Entre les enfants qui sont instruits en famille. La radicalisation. Le séparatisme (sic). En un mot, quel est le rapport ?", a demandé Matthieu Belliard, mélangeant quelque peu ses mots. "Ce rapport, il est important. Quand j'étais maire de Tourcoing, dans certaines écoles de ma commune - moi je ne connaissais pas tous les enfants de ma commune -, ils n'étaient pas tous inscrits à l'école de la République. Il y avait plus de petits garçons que de petites filles dans certaines écoles", a répondu le ministre de l'Intérieur.
Le journaliste de la station du groupe Lagardère a alors interrompu Gérald Darmanin : "Je me permets, mais ça n'a rien à voir...". "Attendez, attendez, je vais terminer ! En plus, vous dites que vous êtes touché personnellement, c'est un beau travail de journaliste que de parler de son cas personnel", a-t-il lâché, cinglant. "Mais simplement, les enfants instruits à domicile sont déclarés en préfecture et à l'Education nationale, ils ne sont pas perdus", a répliqué Matthieu Belliard.
"Ce sont parfois des petits fantômes de la République. Il faut être extrêmement courageux pour dire ça aux gens. Il y a des trous noirs aujourd'hui dans l'inscription scolaire. Quand je fais fermer des écoles clandestines ou utilisant l'instruction à domicile, où les parents ont mis des petites filles de deux à trois ans dans le voile intégral, je suis très fier de ce texte", a déclaré l'ancien proche de Nicolas Sarkozy. "Ce n'est pas le sujet... On n'est pas d'accord... Merci d'avoir répondu à ma question", a glissé le matinalier d'Europe 1.
Mais le ministre de l'Intérieur n'en a pas démordu : "L'école n'est pas une punition !". "Oui, mais c'est une liberté d'enseignement", a rétorqué le journaliste. Et d'ajouter : "Je suis désolé, je me suis permis en fin d'interview de Sonia Mabrouk". "Il n'y a aucun problème... Mais l'école n'est pas une punition. C'est une belle promesse de la République", a enchaîné Gérald Darmanin. Et de balancer : "Je ne savais pas qu'Europe 1 était l'endroit où les journalistes parlent de leur vie personnelle". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.