

Il n'y a pas que les ministres du gouvernement qui voyagent sur « Air Kadhafi ». Les journalistes y ont aussi droit. Comme le reporter du JDD Laurent Valdiguié avec son photographe, qui sont allés interroger le dictateur lybien grâce à un vol affrêté par le dictateur libyen himself.
Après le scoop, publié dimanche dans Le Journal du Dimanche ce week-end, vient donc le temps de la polémique. Un journaliste doit-il accepter n'importe quelle condition pour réaliser une interview exclusive ? A la rédaction du journal, le malaise enfle depuis lundi. Surtout depuis que la Police aux Frontières a révélé les conditions de leur retour en France. Accompagnés du sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine - lié à des contrats d'armement entre la France et la Libye entre autres -, ils ont été fouillés samedi à l'aéroport du Bourget. Si les journalistes ne sont pas inquiétés, le sac de Ziad Takieddine révèlera une petite surprise : il contient 1,5 million d'euros en cash. Des fonds qui seront saisis immédiatement par la douane.
D'où vient cet argent ? A qui était-il adressé ? « Cet intermédiaire s'est peut-être fait payer pour l'article de deux pages dans un journal français » suggère un haut fonctionnaire interrogé par Libération ce matin. Le JDD assure de son côté n'avoir rien payé pour cette exclusivité. Mais la rédaction attend des réponses à de nombreuses questions qui ont été posées hier lors d'une AG. La société des journalistes « déplore un manque de prudence et de vigilance de la direction du journal quant aux circonstances de la réalisation de cet interview ».