Limitless : Bradley Cooper n'a plus de limite

Écrivain en panne sèche dans son appartement miteux de Chinatown à Manhattan, Eddy Morra n'a plus goût à rien depuis que sa vie sentimentale est partie en vrille. Jusqu'au jour où il tombe sur son ex-beau frère, dealer, et qui lui propose de servir de cobaye en testant une nouvelle drogue qui lui permettrait de devenir le golden boy qu'il a toujours rêvé d'être. Devenant addict et inversant les rôles suite au meurtre de ce dernier, il se retrouve traqué par la mafia russe qui, jusqu'alors, se fournissait auprès de lui.



Décidément, Bradley Cooper est maso. Ce garçon a une fâcheuse tendance à prendre un malin plaisir à se retrouver dans des états de lendemain d'ivresse... Liquéfié, le teint pourri, les yeux rouges... Bref une épave, mais toujours avec classe ! Tel est son leitmotiv. Cette fois, dans Limitless de Neil Burger, responsable de L'Illusionniste, Brad ne se retrouve pas drogué a l'insu de son plein gré, mais par une pilule au mystérieux nom de NTZ ingérée en son âme et conscience et censée décupler ses capacités intellectuelles. Hyper productif, il écrit à nouveau, est sponsorisé par Hugo Boss et apprend, entre autre, le piano à la vitesse de la lumière avant de devenir un missile a tête chercheuse de la finance.

Sous ses faux airs de 99 Francs et de Wall Street (1987), Limitless est un produit qui tient son rythme mais moins ses promesses. A l'image du personnage d'Eddy, le film ne souffre d'aucun temps mort, toujours en mouvement, puisque sans limite... Formellement intéressant, le film multiplie les petits effets de style, comme lorsque le spectateur devient les yeux du héros sur 180 degrés dès qu'il ingurgite sa potion magique, ou lorsque la photo devient très colorée, traduisant le pétillement de son cerveau.



Et si cette réalisation ne manque pas d'intérêt avec ses mises en abîme, on regrettera en revanche l'intrigue et sous-intrigue, plaçant le personnage d'Eddy en homme traqué par, semble-t-il, aussi bien la mafia russe que par un ennemi inconnu dont on aura très peu de piste jusqu'au dénouement final, bien entendu. Toutes deux se confondant, Limitless devient finalement un film pas aussi costaud que ce qu'on pouvait espérer puisqu'on ne sait plus qui talonne qui.

D'autant plus que le face-à-face qui s'annonçait détonnant entre Bradley Cooper et Robert De Niro est finalement assez plat, et qu'il faut attendre le dernier tiers du film pour que son personnage de Carl Van Loon en copie non conforme de Gordon Gekko prenne toute son "ampleur". A noter également la maigre incursion d'Abbie Cornish, encore en phase d'apprentissage, dans le rôle de Lindy l'intéressée, dont on retiendra une scène sortie de nulle part où il ne manque que le générique de Wonder Woman en fond.

En somme, Limitless est un film pas du tout déplaisant, accrocheur mais qui manque un poil de punch. En tout cas, il a le mérite de mettre sur la bonne voie tout le talent de Bradley Cooper, qui varie sa palette avec ce premier grand rôle face au maître. On espère seulement qu'il ne sera pas simplement qu'une belle gueule sur laquelle les producteurs miseront afin d'attirer le plus grand nombre dans les salles obscures.