Aux Etats-Unis, Meta montre les crocs. Le groupe détenant les réseaux sociaux Facebook et Instagram a agité lundi 5 décembre une nouvelle menace : l'interdiction des contenus d'actualité. Le mastodonte se sent menacé par un projet de loi discuté par le Congrès américain. Le "Journalism Competition and Preservation Act" permettrait aux médias de faire une entorse aux règlements sur les pratiques anticoncurrentielles.
Les éditeurs seraient autorisés à s'allier pour négocier contre Meta et Google afin d'obtenir une meilleure part des revenus publicitaires. Une loi qui fait office de mesure de soutiens pour une presse américaine - surtout locale - laissée exsangue par la crise sanitaire et la récente fonte du marché publicitaire.
Le porte-parole de Meta, Andy Stone, a rapidement clarifié la position du groupe dans un communiqué. La société annonce qu'elle pourrait supprimer les informations si la loi était adoptée "plutôt que de se soumettre à des négociations mandatées par le gouvernement qui négligent injustement toute valeur que nous fournissons aux organes de presse en augmentant le trafic et les abonnements". Il rappelle que les médias publient de leur propre chef certains contenus, et à ce titre, ne devraient pas demander de rémunération.
Les Etats-Unis ne sont pas les premiers à plancher sur une législation de ce type. En Europe et plus particulièrement en France, la directive sur les droits voisins permet déjà aux éditeurs de presse de négocier avec les entreprises du web afin d'obtenir une rémunération. Dans l'Hexagone, Facebook a signé avec la presse d'information en octobre 2021.
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Si en France les discussions se sont déroulées sans que Facebook ne brandisse de menace de cette nature, ce n'a pas toujours été le cas ailleurs. L'accroc le plus emblématique est celui de l'Australie. Pendant quelques jours au début de l'année 2022, les utilisateurs australiens ne pouvaient plus partager de contenus provenant de sites d'actualité. Une dispute réglée en une semaine après une clarification du texte de loi adopté. Contrairement à ce que craignait Meta, il ne les contraignait pas à payer, mais bien à négocier avec les sites.
Plus récemment, Facebook a entamé un bras de fer avec la presse belge. Plutôt qu'une interdiction pure des contenus d'actualité, la visibilité de ceux-ci était drastiquement réduite : plus d'image, lien moins visible, etc. Globalement, Meta cherche à réduire au maximum ses dépenses dans le secteur des médias pour réorienter ces fonds vers son projet de Métavers.