Les tractations entre Orange et Canal+ se poursuivent. Selon Les Echos, Stéphane Richard, le PDG d'Orange et Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, la maison-mère de Canal+, se sont entretenus à plusieurs reprises ces derniers mois. Alors que SFR ne cesse d'afficher ses ambitions dans les contenus, l'approche de la remise en jeu des droits de la Ligue des Champions et de la F1 pousse plus que jamais Canal+ et Orange à s'unir pour contrer leur rival commun.
Selon Les Echos et Le Figaro, ces discussions ont récemment pivoté. Alors qu'on évoquait un possible rachat de Canal+ France par Orange, puis une alliance entre Orange et Canal pour l'achat des droits sportifs, les deux groupes se dirigeraient finalement vers un important accord de distribution. Dans ce cadre, Canal+ se verrait immédiatement verser un minimum garanti par Orange, d'une valeur de "plusieurs centaines de millions d'euros" selon Les Echos. Cette manne permettrait au groupe audiovisuel de concourir en position de force face à SFR pour le prochain renouvellement des droits de la Ligue des champions pour les saisons 2018-2021.
En échange, Orange, 16 millions d'abonnés internet et fixe, se verrait autoriser à commercialiser Canal+ et ses chaînes directement auprès de ses abonnés. L'opérateur empocherait ainsi l'ensemble du chiffre d'affaires généré. Cet accord impliquerait cependant l'abandon par Canal de l'autodistribution, autrement dit de la gestion de ses relations clients et du marketing. La filiale de Vivendi avait déjà en partie renoncé à ce pilier historique de sa stratégie lors du lancement, récemment, de mini-bouquets CanalSat distribués par Orange et Free.
Si cet accord venait à se conclure, Vincent Bolloré resterait ainsi fidèle à sa vision des "accords sur mesure", différente de celle, pleinement intégrée, de SFR. En juin 2016, il la résumait ainsi devant les sénateurs après une question sur la stratégie de Patrick Drahi : "Il est évident que le lien entre les contenus et les tuyaux est en train de se faire partout dans le monde (...) En ce qui me concerne, je pense qu'il n'est pas souhaitable de faire à la fois le téléphone et les contenus parce que je crois que c'est quasiment impossible".
"Il vaut mieux faire les contenus avec des accords sur mesure dans le téléphone plutôt que d'essayer de faire d'abord le téléphone puis les contenus. Je pense que c'est très difficile et très coûteux et que c'est plus simple de faire ce qu'on fait". L'avenir dira qui de l'homme d'affaires breton ou de Patrick Drahi avait raison.