L'ambiance semble fraîche entre Laurent Ruquier et Philippe Bouvard. L'animateur depuis 37 ans des "Grosses Têtes" doit passer la main au transfuge d'Europe 1 dès la rentrée prochaine. Une décision qui semble avoir laissé Philippe Bouvard très amer. Invité du "Buzz TV-Orange-TV Mag", l'animateur a ainsi refusé de prononcer le nom de son successeur pendant toute l'interview.
Interrogé sur l'arrêt des "Grosses Têtes", Philippe Bouvard a tenu à rappeler d'emblée : "Ce n'est pas moi qui ai pris la décision. Je l'ai acceptée parce que j'ai fait confiance à celui qui l'a prise. Et il y a un argument qui m'a fait réfléchir : celui de l'année de trop (...)" a-t-il expliqué. Avant de confier : "L'annonce de cet abandon - car c'est un peu un abandon - est un petit déchirement. Mais comme on m'a proposé une autre émission, j'ai pensé qu'un nouveau défi à l'âge de 84 ans et demi, ça avait quand même un peu de panache !" a expliqué l'animateur résigné, même si la pilule a visiblement du mal à passer.
Une impression confirmée quelques instants plus tard à l'évocation de son successeur. Lorsque le journaliste lui a demandé les conseils qu'il donnerait à Laurent Ruquier, Philippe Bouvard a sorti une première fois les griffes. "Aucun. Je n'ai pas de successeur. J'arrête une émission que je faisais depuis 37 ans et demi. Après, ce qu'on va faire et avec qui on va le faire, ne m'intéresse pas. Ce n'est pas de mon ressort" a-t-il éludé une première fois. Relancé sur la transmission de son "bébé", Philippe Bouvard a une nouvelle fois botté en touche. "Non, je n'ai rien à transmettre. J'imagine que celui qui va me succéder aura assez d'idées originales et personnelles pour ne pas reprendre les miennes".
Lorsqu'on lui a ensuite demandé quel choix il aurait fait pour sa propre succession, Philippe Bouvard a de nouveau esquivé, agacé : "Je ne peux pas choisir puisque c'est une fonction directoriale et je ne suis pas directeur (...) Pourquoi voulez-vous que ce soit l'intéressé qui choisisse son successeur. Je ne suis pas le roi d'Espagne, moi !". Questionné de nouveau sur le choix de Laurent Ruquier, l'animateur a refusé de répondre : "Puisque je ne choisis pas, je ne juge pas davantage ce choix. Finalement, le jugement qu'on peut porter sur un choix, c'est le directeur des programmes qui le fera. Et le directeur des programmes, c'est le public !" a-t-il expliqué.
Lorsque le journaliste a évoqué une citation de Laurent Ruquier affirmant : "on est tous des enfants de Bouvard", le principal intéressé n'a pas semblé plus touché que cela par cette marque de respect. "Il dit ce qu'il veut, qu'est-ce que vous voulez ? Je ne suis pas impliqué par des phrases que je n'ai pas prononcées..." a-t-il sèchement commenté.
"Vous ne voulez pas parler de lui ?" a fini par lancer le journaliste. Philippe Bouvard a alors préféré rester silencieux, le regard dans le vague. Avant d'expliquer : "Je tourne une page, avec un peu de nostalgie mais avec la satisfaction de continuer un métier que j'aime passionnément. Pourquoi voulez-vous que je m'intéresse à d'autres pages qu'il ne m'appartient pas d'écrire".
Interrogé enfin sur une éventuelle amertume, Bouvard a lancé ironique : "J'ai vraiment l'air d'être amer ?". Et l'animateur qui sera aux commandes d'une nouvelle émission sur RTL à la rentrée de conclure : "Je suis dans une situation bizarre : on m'enterre vivant et je vous remercie d'être venu à l'enterrement. Mais avec l'assurance d'une résurrection au mois de septembre. Donc je ne peux pas me plaindre".