Il n'a pas la langue dans sa poche. Dans les colonnes de "Paris match" ce mercredi, l'animateur Philippe Bouvard se confie auprès de Mireille Dumas sur sa longue carrière dans les médias. Au cours de cet entretien, le présentateur est revenu sur ses années à la présentation des "Grosses têtes" sur RTL et plus globalement sur l'univers de la télévision d'aujourd'hui.
Interrogé sur son ton "caustique" et "impertinent" dans ses émissions des années 1960, Philippe Bouvard explique n'avoir pas eu "envie de faire partie des animateurs béni-oui-oui". "A partir du moment où les artistes que j'invitais donnaient leur accord, je pouvais aller plus loin. Non pas, comme il est devenu fréquent de le faire, avec la mine contractée du bourreau avant l'exécution, mais avec un sourire d'autant plus gentil que les questions ne l'étaient pas", raconte la voix de RTL, ajoutant : "J'étais très content du personnage que je m'étais inventé. Et j'ai aimé le petit statut social que cet exercice m'a offert."
Toutefois, selon le journaliste, il ne pourrait "pas du tout" faire la même chose aujourd'hui à la télévision : "Il n'y a plus aucune liberté. On ne peut pas dire ce qu'on pense. J'ai connu une époque bénie où toutes les outrances étaient permises, à condition qu'elles demeurent de bonne compagnie". Philippe Bouvard confie être aujourd'hui "ennuyé de son âge", 90 ans, mais être "très content d'avoir vécu cette période-là".
D'ailleurs, il revient sur son départ de l'animation des "Grosses têtes" sur RTL qu'il ne souhaitait pas à l'âge de 84 ans. "C'était une grande détresse, un gros chagrin. En même temps, une rupture douloureuse dans mes habitudes (...) Je dois (à l'émission, ndlr) une partie de ma culture", poursuit le présentateur, martelant que son passage de relais avec Laurent Ruquier "était une surprise" pour lui. "D'abord, parce que je me croyais intouchable ! Ensuite, parce qu'on m'a avisé que je serais remplacé par l'animateur qui était mon concurrent depuis dix ans, mais qui faisait toujours moins que moi en audience...", lâche Philippe Bouvard, avant de blaguer : "Il faut savoir s'arrêter lorsqu'il s'agit des autres et continuer jusqu'au bout quand il s'agit de soi."