La première victime d'Hadopi, c'est lui. Jérôme Bourreau-Guggenheim, responsable du pôle innovation web de TF1, avait été licencié en 2009 pour avoir critiqué dans une correspondance privée la loi Hadopi. Il avait porté l'affaire devant le Conseil de Prud'hommes de Boulogne Billancourt qui vient de lui donner raison : son ex-employeur a été condamné à 27.000 euros pour "licenciement sans cause réelle et sérieuse", révèle PC INPact.
En 2009, Jérôme Bourreau-Guggenheim adresse un courriel privé à Françoise de Panafieudans lequel il s'oppose au projet de loi "Création et internet", qui a pour objectif de sanctionner le téléchargement illégal d'oeuvres sur internet. Jérôme Bourreau y décline son identité et notamment son poste à TF1. Quelques jours plus tard, il est convoqué par Arnaud Bosom, président de TF1 en charge des activités numériques, pour entretien prélalable au licenciement. Car son courriel est arrivé entre temps sur le bureau de son employeur !
La député UMP, Françoise de Panafieu, a fait part de cette correspondance à la ministre de la Culture, Christine Albanel. Christophe Tardieu, un de ses collaborateurs, transmet alors le courrier à Jean-Michel Counillon, secrétaire général de TF1 accompagné de ce commentaire : "Bonjour Jean-Michel, vous avez des salariés qui, manifestement, aiment tirer contre leur camp. Cordialement". Christine Albanel condamne publiquement l'attitude de son collaborateur, il présente sa démission qu'elle refuse mais est suspendu pendant un mois.
Le 16 avril, Jérôme Bourreau-Guggenheim reçoit sa lettre de licenciement pour "divergence forte avec la stratégie de TF1". Incompréhension et surtout malentendu, selon Françoise de Panafieu qui affirme avoir transmis ce mail au ministère afin d'obtenir un argumentaire. "En écrivant ce courriel, je n'ai pas voulu nuire à TF1 expliquait Jérôme Bourreau-Guggenheim à l'époque. La position de la chaîne à propos de la loi Hadopi n'était pas du tout officielle le 19 février dernier. Mon objectif était d'éclairer ma députée, de lui faire part de mes arguments techniques et de lui dire que cette loi était une très mauvaise réponse à une très bonne question, qui est comment financer la création sur internet."