Sortie de route pour "La Voie d'Hénin". Cette page Facebook de "réinformation (sic) sur l'actualité d'Hénin-Beaumont" avait été créée en décembre 2015. La ville est dirigée depuis les dernières municipales par le maire Front national Steeve Briois, un proche de Marine Le Pen. Les administrateurs de cette page se montraient particulièrement acerbes à l'égard de l'opposition municipale et des journalistes de l'agence héninoise de "La Voix du Nord", avec des propos diffamatoires. À tel point que le quotidien régional avait porté plainte contre X en février 2016, deux mois seulement après la création de la page. Et, comme le rapportent nos confrères d'Europe 1, son administrateur aurait été récemment démasqué. Il s'agirait de l'adjoint au maire de Steeve Briois, Christopher Szczurek, élu à la culture.
Au cours de l'enquête, un lien a été découvert entre les adresses IP du créateur de la page et celles de Christopher Szczurek. L'élu a été mis en examen le 3 octobre dernier par un juge d'instruction du tribunal de Lille. Le chef de cabinet du maire, Anthony Garénaux, a été placé sous le statut de témoin assisté. Steeve Briois n'a pas réagi à la mise en examen de son adjoint. Hasard du calendrier, jeudi, le maire d'Hénin-Beaumont se réjouissait dans un tweet de la condamnation d'une élue d'opposition, Marine Tondelier, à verser 1.000 euros à la commune dans une autre affaire, tout en la qualifiant de "candidate des journalistes". Dans un communiqué, celle-ci a estimé que la page Facebook "La Voie d'Hénin" était "gérée en ligne directe par la mairie frontiste", tout en la qualifiant de "machine à insultes et à propos diffamatoires".
Comme le rappelle le quotidien "La Voix du Nord", Steeve Briois avait salué la création de "La Voie d'Hénin" à l'époque. "Enfin un site d'info libre qui ne soit pas à la botte de l'opposition...", avait-il écrit, avant d'inviter ses amis Facebook à la partager. La page Facebook est inactive depuis près d'un an. Les tensions entre le quotidien régional "La Voix du Nord" et le parti frontiste s'expliquent en grande partie par cette une du journal parue en décembre 2015 en pleines élections régionales : "Pourquoi une victoire du FN nous inquiète". Marine Le Pen était alors candidate à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais - rebaptisée depuis Hauts-de-France - et avait menacé en réaction de supprimer les subventions de "La Voix du Nord" si elle était élue.