Le "Château" (Borgen en danois) est sur le point d'ouvrir ses portes en France. Un an et demi après sa diffusion au Danemark, la série débarque enfin chez nous, après avoir raflé le prix de la meilleure série au FIPA 2011, le Festival international des programmes audiovisuels . Sous-titrée sur notre territoire "Une femme au pouvoir", la série suit le quotidien d'une femme politique qui va contre toute attente devenir Premier ministre. Composée de six épisodes, la courte première saison a captivé ce pays froid peuplé par quelques 5 millions de personnes. Avec plus d'un téléspectateur sur trois tout au long de sa diffusion, la série a su s'imposer très largement, bien aidée par des critiques dithyrambiques.
Si France 2 avait tenté le feuilleton politique portée par une femme dans "L'état de Grace", elle n'avait malheureusement pas proposé aux téléspectateurs une intrigue digne de ce nom. Avec "Borgen", c'est tout le contraire. Grâce à des retournements de situation imprévisibles, une intrigue parfaitement maîtrisée et un casting 5 étoiles, la série arrive à nous appâter épisode après épisode, n'hésitant pas à faire découvrir les coulisses d'un pouvoir bien plus noir qu'il ne le laisse alors paraître. Complots, trahisons, tout est bon afin d'affirmer son pouvoir à la tête du gouvernement.
Borgen dépeint également la relation qu'à Birgitte Nyborg (incarnée à l'écran par Sidse Babett Knudsen) avec les médias : de nombreuses situations qui ne sont pas sans rappeler plusieurs événements d'actualité qui se sont déroulés lors du quinquennat du Président français sortant. Réaliste, le thriller politique danois n'est donc pas sans conséquence et permettra sans doute de faire évoluer les mentalités quant à la légitimité de voir arriver une femme à la tête d'un pays.
Adam Price, le créateur de Borgen, ne s'en est jamais caché, il s'agit de proposer ici une vision différente du pouvoir, tout en s'approchant au plus près de l'excellence de "A la Maison Blanche", série qu'il chérit tout particulièrement. Pour justifier son choix d'avoir propulsé une femme au coeur de son intrigue, Price préfère parler de bon sens, tout en analysant qu'aujourd'hui, "ce qui fait la force d'une femme politique, c'est sa mauvaise conscience qui peut apparaître au fil d'évènements dont elle est responsable", une mauvaise conscience que les hommes n'ont pas et qui semble faire la différence pour le public danois qui a acclamé la série. La seconde saison, diffusée l'an dernier, a également fait des vagues, tant et si bien qu'une troisième est en cours d'écriture pour une programmation à l'automne.
Pour sûr, Arte a trouvé en "Borgen" son hit de l'hiver. Et à quelques mois de la présidentielle, la série pourrait bien changer une bonne fois pour toute le regard que nous avons sur le monde de la politique, et sur le pouvoir tout entier. La série fait des émules : NBC en a racheté les droits pour un pilote en cours de production par le créateur de "Friday Night Lights".
>> Arte propose les 25 premières minutes en avant-première. Pour le reste, il faudra patienter jusqu'à ce soir, 20h35.