Il est urgent d'attendre. Après le plan de déconfinement présenté à l'Assemblée nationale mardi par le Premier ministre, un plan que nombre de professionnels de l'audiovisuel attendaient pour y voir plus clair, l'horizon apparaît encore bien flou. Chez TF1 cependant, on a bon espoir de voir revenir à l'antenne avant la fin de l'été une des valeurs sûres de la chaîne : le feuilleton quotidien "Demain nous appartient". C'est ce qu'a expliqué dans "Le Figaro" Ara Aprikian, le directeur général chargé des contenus du groupe TF1 qui table sur "un retour à l'antenne bien avant septembre".
Et le responsable de préciser : "Nous avons du stock et quand les tournages reprendront, nous aurons la capacité de réalimenter la grille assez vite. Encore faut-il qu'ils puissent reprendre". La fiction produite par Newen a en effet été déprogrammée dès le 23 mars dernier alors que plusieurs semaines d'inédits étaient déjà en stock. Mais les annonces d'Edouard Philippe, très générales, ne permettent pas d'envisager de façon concrète pour le moment comment les tournages vont pouvoir reprendre dans un futur proche selon plusieurs professionnels interrogés par puremedias.com.
Seule certitude : les rassemblements de plus de dix personnes, que ce soit dans les espaces publics ou privés, seront interdits dès le 11 mai jusqu'à nouvel ordre. Avant le confinement, la barre avait été fixée à 100 personnes maximum, rendant déjà difficiles les conditions de tournage pour des productions qui rassemblent près du double de personnes, équipe technique et comédiens confondus.
A cela s'ajoute une autre difficulté : la perspective d'un déconfinement à plusieurs vitesses, qui devrait être acté le 7 mai prochain avec d'un côté des départements qui seront classés verts et bénéficieront d'un déconfinement plus souple, et de l'autre, des départements en rouge, avec des mesures plus strictes, en fonction de l'évolution des cas liés au Covid-19. Des feuilletons comme "Demain nous appartient" ou "Plus belle la vie" ont beau été produits par la même société, en l'occurrence Newen, les tournages se déroulent dans deux départements différents : l'Hérault et les Bouches-du-Rhône, tandis qu'une partie des équipes est basée en région parisienne. Un vrai casse-tête.
Enfin, la question des assurances sera également décisive. Le 20 avril dernier, une vingtaine de producteurs ont écrit au ministre de l'Economie et des Finances pour demander à ce que les tournages soient "impérativement assurés contre les risques d'arrêt ou de suspension liés au Coronavirus", comme l'a rapporté "Le Film Français". Or, pour l'heure, les compagnies se refusent à prendre en charge un tel risque... "La seule piste envisageable serait la création d'un fonds 'Risques sanitaires majeurs', identique au fonds 'Catastrophes naturelles'", indiquent les professionnels, qui estiment les pertes déjà enregistrées par les filières audiovisuelles et cinématographiques de l'ordre de 200 millions d'euros.
Pour "Plus belle la vie", c'est la stratégie inverse à celle de TF1 qui a été adoptée par France 3, à savoir épuiser tous les inédits disponibles. Les téléspectateurs découvriront donc des rediffusions dès le 4 mai prochain, à raison de deux épisodes par jour. "France 3 a choisi de rediffuser des épisodes qui ont marqué la vie des Mistraliens, nous annonce la chaîne. L'occasion également de retrouver des comédiens auxquels le public est attaché".
C'est ainsi l'intrigue autour d'Estelle (Elodie Varlet) et de Noham (Mohamed Icham) qui sera proposée. L'histoire avait occupé l'arche principale au cours de l'été 2015 avec en troisième protagoniste principal le comédien David Baiot, qui a depuis quitté la série. Mais France 3 se prépare déjà à une seconde salve de rediffusions à l'issue, dans la mesure où, dans le meilleur des cas, les tournages ne pourraient reprendre que début juin et que le délai moyen avant la diffusion est de six semaines.
Le cas d'"Un si grand soleil", le feuilleton de France 2, est encore à part puisque c'est celui qui a disparu de l'antenne le plus tôt. La deuxième chaîne a fait le choix de cesser la diffusion le 16 mars pour laisser place à une tranche d'information élargie en cette période de forte actualité. Le producteur Toma de Matteis expliquait le mois dernier dans une interview au quotidien régional "Midi Libre" disposer d'une vingtaine d'épisodes "totalement prêts". Mais là aussi, sans perspective de reprise du tournage, l'information continuera de rester à l'honneur dans la grille de France 2 dans les prochaines semaines, nous apprend-on au sein de la chaîne.
De son côté, Jean-Luc Azoulay ambitionne d'être parmi les premiers producteurs à reprendre le chemin des tournages avec la date du 12 mai en ligne de mire, comme il l'a annoncé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux. Invité du "10h-12h" de Sud Radio ce mardi, soit quelques heures avant les annonces du Premier ministre, celui qui produit "Les Mystères de l'amour" sur TMC a assuré pouvoir prendre toutes les mesures de précaution nécessaires. "Les comédiens n'enlèveront leurs masques que pour tourner les scènes. Je suis en train de prendre des dispositions pour les faire tester avant, de façon à ce qu'ils soient tous en sécurité", a-t-il précisé, tout en ajoutant : "Il ne faut pas que la vie s'arrête".