La fontaine de boyards coule pour Francis Lalanne. L'ancien interprète de Narcisse Lalanne, ce "poète troubadour autocentré se considérant comme le plus grand admirateur de Francis Lalanne" dans l'émission culte de France 2, "Fort Boyard", a obtenu gain de cause, ce jeudi, dans l'affaire qui l'opposait à Adventure Line Productions, la société qui produit le jeu estival. Celle-ci l'avait évincé de "Fort Boyard" en 2020.
Selon le délibéré rendu public, la juridiction de Rochefort a décidé la requalification du "contrat de travail d'usage à durée déterminée" de Francis Lalanne "en contrat de travail à durée indéterminée". Elle a en conséquence condamné ALP à verser les sommes de 3.247 euros d'indemnités de préavis, 1.200 euros au titre de l'indemnité de licenciement et 5.000 euros de dommages et intérêts. ALP est aussi dans l'obligation de rendre à l'artiste le chapeau de son personnage du fort. Le chanteur avait saisi la juridiction de Charente-Maritime en février, estimant notamment que son soutien aux Gilets jaunes lui avait coûté sa place dans le programme, ne récupérera pas en revanche sa pipe en bois.
Deux versions s'affrontaient dans ce dossier. L'avocat de Francis Lalanne, présent dans le programme de 2016 à 2019, déclarait en février que les positions de son client en faveur du mouvement des Gilets jaunes avaient "déplu à France Télévisions", ce qui avait entraîné sa mise à l'écart. La boîte de production, elle, affirmait que la fin du contrat avait été actée au début du confinement, le personnage interprété par Francis Lalanne n'ayant pas vocation à s'inscrire dans le temps. ALP n'avait recensé que 17 apparitions sur 42 émissions avant la suppression de ce personnage.
"La jurisprudence moralise le travail des artistes sur ces lieux de tournage, comme 'Fort Boyard' ou 'Koh Lanta', où ils sont traités un peu comme des esclaves en leur faisant signer des contrats sans trop respecter le code du travail", a réagi auprès de l'AFP Me Emmanuel Ludot, qui défendait Francis Lalanne, absent lors du délibéré. Cet avocat avait également obtenu la requalification des contrats de Mister Boo, le personnage de "Monsieur muscle" de Fort Boyard, et obtenu 17.000 euros d'indemnités pour licenciement abusif. L'affaire est actuellement portée en appel devant la cour de Poitiers.