Emmanuel Macron a-t-il joué un rôle dans la banalisation de l'extrême-droite en France ? À la sortie de son meeting de dimanche à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, le candidat à un second mandat présidentiel a réfuté toute responsabilité à ce sujet. "(Ce sera la faute) des Françaises et des Français", a-t-il répliqué à Azzedine Ahmed-Chaouch, journaliste à "Quotidien", qui imaginait devant lui l'élection de Marine Le Pen dimanche 24 avril. "Enfin, vous me faîtes rire, c'est la démocratie".
"Il y a un jour où j'avais été étonné. En regardant les kiosques, j'avais découvert que vous aviez parlé à 'Valeurs actuelles'", a rebondi le journaliste. En octobre 2019 en effet, Emmanuel Macron a accordé un entretien de douze pages à l'hebdomadaire classé à l'extrême-droite sur le thème de l'immigration, du communautarisme et du voile. Ce qui avait provoqué un tollé. Deux ans et demi plus tard, le président-candidat assume sa décision. "Je pense qu'il faut aller chercher les gens, y compris (ceux) qui ne sont pas d'accord avec vous". "Mais ce n'est pas servir leurs idées que de défendre mes idées dans leurs colonnes", s'est-il défendu.
"Cela ne participe-t-il pas à la normalisation (des idées d'extrême-droite) ?", a réagi Azzedine Ahmed-Chaouch. "Vous avez aussi des ministres qui débattent avec Jean Messiha (soutien d'Éric Zemmour passé par le Rassemblement national, ndlr) sur CNews. Quand vous vous affichez avec Philippe de Villiers (fondateur du Puy-du-Fou et ancien candidat à la présidentielle pour le Mouvement pour la France, ndlr), c'est quand même une certaine normalisation", a illustré Azzedine Ahmed-Chaouch.
Sans répondre précisément sur ces faits, Emmanuel Macron a rétorqué que contrairement à Marine Le Pen, lui "ne choisit pas les journalistes". "Marine Le Pen dit qu'elle ne veut pas quelqu'un comme vous parce que vous êtes de 'Quotidien'. Moi président, comme dirait mon prédécesseur, j'ai fait une interview avec 'Valeurs actuelles'. Ce ne sont pas des journalistes qui pensent comme moi, ils ont fait toutes leurs unes pendant leur quinquennat contre moi, mais je ne choisis pas mes journalistes. Je parle à tout le monde. Un responsable politique, c'est son devoir. Cela ne veut pas dire que l'on sert la soupe aux idées que le journaliste défend."
Emmanuel Macron a concédé, en revanche, avoir "refusé des organes de propagande payés par l'étranger, Russia Today et Sputnik, parce que vraiment c'étaient des organes de propagande et le sont toujours. Mais même des journalistes qui ne défendent pas mes idées, qui sont radicalement contre ce que je fais et qui défendent des idées que je combats de toutes mes forces, ce sont des journalistes."