Parfois la négligence est pire que le crime. Telle est la phrase d'accroche et le point de départ de "La Faute", mini-série en quatre épisodes que M6 diffuse à partir de ce soir à 21h à raison de deux épisodes ce jeudi et le 29 novembre. Tournée dans la région d'Annecy, "La Faute" est l'adaptation du best-seller anglais de Paula Daly, "Just What Kind of Mother Are You?" ("Quelle sorte de mère es-tu ?"). Dans les rôles principaux, Valérie Karsenti et Natacha Lindinger campent deux mères de famille très proches l'une de l'autre, qu'un événement grave va subitement séparer. Cet événement n'est autre que la disparition soudaine de Lucie (Delphine Lacheteau), la fille de Claire (Natacha Lindinger).
Lucie était censée dormir chez son amie Chloé (Lucie Fagedet), la fille de Lisa (Valérie Karsenti), mais cette dernière a oublié la veille de la récupérer à la sortie du lycée sans prévenir Claire, sa mère et, depuis, l'adolescente ne donne plus signe de vie. Une disparition d'autant plus inquiétante qu'un prédateur sexuel rôde dans la région et a déjà fait une jeune victime, qui a pu s'enfuir in extremis en état de choc. L'enquête est menée par la commandant Johanne Buttigier (Jina Djemba) et le lieutenant Charles Rudet (Paul Lefèvre), placé sous ses ordres, qui doit son poste à son père, un haut gradé, ce qui créé des tensions au sein du binôme.
Sur le papier, cette nouvelle fiction a tous les atouts pour réussir : un scénario prometteur, un cast connu du grand public (Valérie Karsenti est l'inénarrable interprète de Liliane dans "Scènes de ménages" sur M6, Natacha Lindinger est la star de "Sam" sur TF1 tandis que Lucie Fagedet jouait dans "Parents mode d'emploi" sur France 2 et le comédien Philippe Lelièvre a été trois saisons durant un des profs de la "Star Academy") de même qu'un producteur (Sydney Gallonde) et un réalisateur (Nils Tavernier) aux solides références. Sydney Gallonde a par exemple signé l'adaptation de deux livres à succès de Harlan Coben, "Une chance de trop" et "Juste un regard", pour TF1.
Mais ces atouts sur le papier se confirment seulement en partie dans la fiction. La volonté affichée par la production de "dresser un portrait de mères d'aujourd'hui" est ambitieuse mais, malgré la performance très juste de Valérie Karsenti et de Natacha Lindinger, le traitement en surface de la psychologie des personnages ne permet pas d'aller au bout de cette démarche. A titre d'exemple, le flashback évoquant la première rencontre entre les deux futures amies donne des indications sur la nature de leur relation - deux catégories sociales diamétralement opposées - sans pour autant parvenir à convaincre.
Sur le plan esthétique, c'est un sans-faute avec de superbes images des paysages montagneux d'Annecy et de Rumilly. On découvrira au fur et à mesure des épisodes que si la montagne est à ce point omniprésente, ce n'est pas un hasard... Les rares moments de comédie, issus principalement du duo de flics - très caricatural - tombent malheureusement à plat. Même si cela n'est pas au coeur de l'intrigue, on se demande par exemple pourquoi les auteurs ont jugé utile d'évoquer sur le ton de l'humour les rondeurs que le personnage joué par Jina Djemba (vue dans "Les Bleus : premiers pas dans la police"), complexé, veut perdre à tout prix.
Certes, on se prend au jeu de l'intrigue pour tenter de savoir qui est à l'origine de l'enlèvement de Lucie et les scénaristes ne ménagent pas leur peine pour tenter de brouiller les pistes, quitte à proposer trop de rebondissements, mais arrivé au dénouement final, on ne peut s'empêcher de penser : "Tout ça pour ça"... De fait, un unitaire de 90 minutes plutôt que quatre épisodes de 52 minutes chacun aurait été suffisant pour trouver le ou les responsables de cette "Faute".