Un document fort ce soir sur France 5. En ce mois de célébration de la mémoire des victimes des attentats terroristes de janvier 2015, la chaîne publique diffusera dans sa case du "Monde en face" un film de 90 minutes baptisé "Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir". Produit par 10.7 productions, Cathy Palumbo et Victor Robert, avec la participation de France Télévisions, ce documentaire revient sur l'histoire tragique du journal satirique, à travers le procès s'étant tenu de septembre à décembre devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Plusieurs personnalités du journal ayant témoigné à l'audience ont accepté de faire de même devant la caméra d'Hugues Nancy. Parmi eux Riss, patron de l'hebdomadaire, la dessinatrice Coco, l'avocat historique de "Charlie", Richard Malka, sans oublier Simon Fieschi, très grièvement blessé lors de l'attaque. L'occasion pour eux de raconter leurs douloureux souvenirs du 7 janvier, leur difficile reconstruction, mais aussi leur expérience de ce procès filmé pour l'Histoire et ponctué par de nouveaux attentats islamistes en France.
A travers leurs récits, c'est toute l'histoire de l'hebdomadaire satirique qui défile. Sa renaissance en 1992 sous la houlette de Philippe Val, la première polémique autour de la publication des caricatures en 2005, l'incendie des locaux de "Charlie" en 2011, la réprobation quasi-générale ayant frappé la rédaction en 2012 après une nouvelle Une sur Mahomet... Le film s'attache ainsi à décortiquer l'isolement progressif des membres de "Charlie Hebdo" dont les soutiens se font de plus en plus rares, sur fond de difficultés financières et de menaces grandissantes.
"Ce à quoi on a été confronté très tôt, c'est à une nouvelle forme d'intégrisme et d'arbitraire dont les gens ne mesuraient pas bien l'ampleur. Il a fallu malheureusement attendre des années plus tard, avec tout ce qu'il s'est passé ensuite, pour que les gens comprennent qu'il y a un vrai problème d'intolérance religieuse, même si cela concerne une minorité en France", témoigne Riss.
En 2014, "Charlie Hebdo", en grande précarité, s'installe finalement 10 rue Nicolas Appert, dans le 11e arrondissement de Paris. Le film d'Hugues Nancy propose d'ailleurs de voir l'emménagement de la rédaction dans ses nouveaux bureaux, filmé à l'époque par une jeune étudiante en journalisme. Au cours d'une séquence glaçante, on peut ainsi découvrir la première réunion dans la nouvelle salle de rédaction qui deviendra, quelques semaines plus tard, le lieu du massacre perpétré par les frères Kouachi. Sont notamment présents Charb, Cabu, Tignous, Elsa Cayat, Wolinski, Honoré, Bernard Maris...
Au-delà de la tragédie, "Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir" veut aussi montrer que ce phoenix de la presse française qu'est "Charlie" entend bien renaître une nouvelle fois. Il donne ainsi à voir pour la première fois le travail de la rédaction actuelle dans ses locaux ultra-sécurisés et à l'adresse tenue secrète. On peut y observer les survivants de l'attaque transmettre au quotidien à toute une nouvelle génération de dessinateurs, d'Alice à Juin, le flambeau de l'idéal de liberté qui animait ceux qui sont tombés le 07 janvier 2015. "Cette balle ne m'a pas raté mais elle ne m'a pas eu. C'est pareil pour le journal", résume Simon Fieschi.
=> "Le monde en face : Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir" ce soir sur France 5 à partir de 20h55