Il dément. Le patron de Facebook en France, Laurent Solly, a battu en brèche les accusations de l'ancienne salariée, Frances Haugen, sur l'impact qu'auraient les réseaux sociaux du groupe californien sur la santé mentale de ses utilisateurs. Après avoir consulté Instagram, une adolescente sur trois porterait une image négative de leur propre corps.
Une étude, commandée par le groupe et dont les conclusions ont été publiées par le "Wall Street Journal", démontrerait pourtant ce lien de cause à effet. C'est en toute connaissance de cause, selon la lanceuse d'alerte, que le groupe Facebook aurait choisi de la dissimuler. "Je reviens sur ces accusations, elles sont fausses, a réagi Laurent Solly, ce matin au micro de Marc Fauvelle sur franceinfo: . La conclusion de cette étude est fausse, je suis d'ailleurs venu ce matin avec la synthèse de cette étude" qui ne dit "absolument pas" qu'Instagram mine la santé mentale des adolescents.
Cette étude, encadrée par "des experts indépendants et des universités indépendantes", précise Laurent Solly, aurait en fait "été faite sur de jeunes femmes qui éprouvaient une sorte de mal-être. 40 personnes ont été interrogées sur douze critères : l'anxiété, la tristesse, la solitude. Onze des points montrent qu'Instagram, selon elles, améliorent leur vie sociale, a un impact positif". Et si cette étude n'a pas été publiée, "c'est parce qu'elle était en train d'être analysée".
L'écho rencontré par le témoignage de Frances Haugen, reçue par le Sénat américain, a contraint Facebook à renoncer provisoirement à la création d'un Instagram pour les moins de 13 ans. "Le projet est suspendu", a confirmé Laurent Solly. "On prend le temps de la réflexion. La conclusion de cette étude n'est pas vraie, elle est fausse et elle a introduit certainement une réflexion là-dessus".
L'interview de Laurent Solly a été grandement commentée ce matin. Le journaliste de "Télérama", Olivier Tesquet, qui a décrypté les résultats de l'étude publiée par la presse américaine, conclut sur Twitter : "Plutôt que de tordre la réalité à des fins de communication de crise, le boss de Facebook France aurait pu avoir l'honnêteté de citer mot pour mot les conclusions de cette étude interne : pour les ados qui ne vont pas bien, Instagram est un facteur aggravant".
Quant à l'ancienne employée de Facebook, Frances Haugen, elle résumait ainsi la politique de Facebook au cours d'un entretien accordé à CBS : "Il y a un conflit d'intérêts entre ce qui est bon pour le public et ce qui est bon pour Facebook, explique-t-elle. Le groupe choisit de privilégier son intérêt à lui, c'est-à-dire faire plus d'argent."
Ces accusations viennent ternir l'image de Facebook, déjà dans la tourmente après la panne géante qui a touché les réseaux sociaux du groupe au début du mois et la chute du titre en Bourse qui a suivi. Le groupe de Mark Zuckerberg tente de rebondir aujourd'hui avec une communication positive. Il a annoncé la création de 10.000 emplois d'ici à cinq ans dans l'Union européenne pour travailler sur le "métavers", sorte de doublure numérique du monde physique, accessible via Internet. Grâce notamment à la réalité virtuelle et augmentée, il devrait permettre de démultiplier les interactions humaines, en les libérant des contraintes physiques, via Internet.