Les jours de Salto sont comptés. Alors qu'hier encore "Satellifax" évoquait l'idée d'un "repreneur de dernière minute" pour le service de streaming tricolore, à l'intérieur, plus personne n'y croit. Officiellement, l'entreprise détenue à parts égales par France Télévisions, TF1 et M6 n'a pas encore terminé sa recherche d'un potentiel acheteur.
Mais pléthore d'acteurs ont déjà étudié un rachat (Canal+, Amazon, Agile) sans que les tractations n'aboutissent. Selon nos informations, la vente en bloc n'est plus à l'ordre du jour. "Il n'y a pas de date de fin officielle pour présenter une offre, ça continue jusqu'à ce que Salto, et surtout ses actionnaires en aient marre", résume un bon connaisseur du dossier. Et maintenant ? "Ils en ont marre". Que ce soit d'ici la fin de la semaine ou la fin du mois, tous les acteurs veulent aller vite. "La situation actuelle n'est agréable pour personne", explique-t-on dans l'une des chaînes.
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En préparation à cette fin, les trois actionnaires organisent des réunions pour informer leurs salariés d'une hypothétique dissolution du service. TF1 a réuni ses équipes mercredi, France Télévisions les rencontrera demain, comme l'a révélé puremedias.com lundi.
L'hypothèse d'une revente entière écartée, reste la liquidation suivie d'une vente des actifs de la société : sa base d'abonnés, son catalogue ou simplement la marque "Salto". Les acteurs qui ont manifesté leur intérêt lors du premier tour pourraient bien revenir dans les négociations. De telles ventes permettraient à Salto d'éponger ses dettes, et donc, aux actionnaires de minimiser leurs pertes.
Pourtant, même la vente de ces actifs pourrait bien devenir un casse-tête. "Salto est une marque qui a de la valeur, mais aujourd'hui, elle est associée à un échec", estime un expert du monde audiovisuel. La vente du catalogue risque aussi d'être compliquée, TF1 n'ayant que très peu envie de voir ses productions filer chez la concurrence. Depuis le départ, les différents acteurs refusent que leur savoir faire puisse enrichir un concurrent actuel ou potentiel, soit autant raisons qui ont fait capoter la vente. L'entreprise pourrait donc tout simplement mettre la clé sous la porte, et les actionnaires hériter de ses pertes.
Victime de ces remous, les salariés de Salto se disent globalement inquiets - ou résignés. "On attend de savoir à quelle sauce on va être mangés", ironise un cadre. Le média "Satellifax" a avancé que les actionnaires se seraient engagés à transmettre des offres d'emplois à tous les salariés. Une décision plutôt logique, les rangs de l'entreprise étaient surtout peuplés de personnes issues des trois groupes. Pourtant, selon nos informations, tous n'ont pas véritablement vocation à être repris, mais le but est de limiter la "casse sociale".
Ainsi, une partie des 42 employés pourrait, si elle le souhaite, repartir chez son précédent employeur. Un total déjà bien réduit, plusieurs dizaines de départs ayant eu lieu au cours des derniers mois. Tous ne pourront cependant pas être accueillis. Les groupes n'ont pas la capacité de récupérer des profils déjà très similaires aux leurs, ou trop axés sur le digital.
Parmi ces repêchages, la question de l'atterrissage du directeur de Salto se pose. En effet, Thomas Follin a passé une bonne partie de sa carrière au sein du groupe M6 avant d'être placé à la tête du navire tricolore. Vraisemblablement, le groupe de Nicolas de Tavernost va tenter de récupérer son talent. "La question ne s'est pas encore posée, si l'aventure se termine, il faut encore tout boucler proprement. Même s'il y a des chances que M6 veuille le récupérer, il est libre d'aller tâter le terrain ailleurs", précise une source bien informée. "Depuis son départ de M6, les choses ont bien changé, je ne pense pas qu'il souhaite y retourner. Il a du réseau et est très intelligent, il trouvera sans problème", commente un proche.
Au milieu de tout le bruit qui entoure Salto, c'est bien un silence qui interroge le plus. Où est passé le gouvernement ? La plateforme pensée comme un champion français du divertissement coule, et personne au sein du ministère de la Culture ou de Bercy n'a tendu la main à l'entreprise pourtant à l'agonie. "Ils n'en ont rien à foutre. Quand Netflix arrive en France, l'Élysée tweet 'tudum'. Pour Salto, l'alliance de trois français, ils ne font rien. C'est une vision très bizarre de l'exception française", peste un connaisseur.