"On a la même excitation que lorsque nous avons lancé 'Capital'". C'est en ces termes évocateurs que Nicolas de Tavernost, le grand patron de M6, a présenté hier à la presse le nouveau programme que sa chaîne s'apprête à diffuser en prime time au début de l'année prochaine. Baptisé "Qui veut être mon associé ?" et produit par Sony, il s'agit là d'une adaptation d'un format britannique à succès intitulé "Dragons' Den". Le concept est simple : des entrepreneurs en herbe viennent tenter de convaincre des investisseurs de mettre leur argent dans leur projet, le tout sous l'oeil des caméras.
Pour "Qui veut être mon associé ?", M6 a réuni un plateau varié avec des figures du monde des affaires connues du grand public comme Marc Simoncini, fondateur du site de rencontres Meetic, ou Frérédic Mazzella, le créateur de BlaBlaCar. A leurs côtés, d'autres entrepreneurs moins connues mais ayant tout autant réussi dans les affaires, comme Delphine André, patronne d'une entreprise internationale de transport et de logistique de près de 10.000 salariés, ou Marc Vanhove, patron autodidacte de Bistro Régent, une chaîne comptant environ 150 restaurants.
Ces derniers vont voir défiler devant eux plusieurs dizaines d'entrepreneurs venus de tous les horizons. "Ce n'est pas du tout la 'start-up nation !'", prévient ainsi Julien Courbet, l'animateur du programme. "Il y a de tout : des jeunes, des vieux, des citadins, des ruraux des gens stressés, des préparés, des maladroits, des séducteurs", égrène celui qui accueille les candidats avant leur passage devant les investisseurs, et recueille leurs impressions une fois sortis de la salle, un entrepôt d'une zone industrielle au nord de Paris.
Et il est vrai que les quatre premiers candidats montrés à la presse témoignent d'une véritable diversité des profils et des projets entrepreneuriaux. Les téléspectateurs pourront ainsi découvrir le projet de Medhi, le "Steve Jobs de la valise", jeune père de famille autodidacte et tchatcheur, patron de "SOS bagages", une entreprise de réparation de valises à roulettes. Suivront Christophe et Benjamin, un duo qui propose une brosse à dent révolutionnaire devant permettre de se laver les quenottes en seulement dix secondes; Sarah, qui propose une gamme de vêtement destinée aux personnes à mobilité réduite, ou encore Bakari, un jeune entrepreneur normand proposant des protège-tibias connectés pour les clubs de foot amateurs.
"Ce n'est pas une émissions d'argent", prévient Julien Courbet, qui préfère insister sur les parcours et les projets des candidats. De l'argent, il en est quand même question puisqu'à l'issue de l'heure de présentation et de questions-réponses, les investisseurs décident de mettre ou non leur argent dans le projet présenté, en échange d'un certain pourcentage d'actions dans l'entreprise. Des négociations sont d'ailleurs parfois nécessaires pour se mettre d'accord, notamment entre investisseurs intéressés par la même boîte.
"On ne sait pas du tout si cela va marcher", a prévenu Nicolas de Tavernost hier, alors que sa chaîne a par le passé labouré en vain ce sillon de l'entreprenariat, avec notamment "The Apprentice" ou "Mon invention vaut de l'or". "C'est un programme risqué" a abondé Guillaume Charles, le directeur des programmes de M6, rappelant le rapport parfois complexe que les Français entretiennent avec le monde de l'entreprise.
Forte de l'adaptation du programme dans 40 pays, dont un carton au Royaume-Uni, M6 mise cependant beaucoup sur "Qui veut être mon associé ?". "On va voir s'il y a une exception française", a ironisé Guillaume Charles devant les journalistes, tandis que Nicolas de Tavernost rappelait, comme pour conjurer le sort, que "la première de 'Capital' n'avait pas du tout marché". Le magazine économique est maintenant à l'antenne depuis 31 ans sur la Six. C'est tout le mal qu'on souhaite à "Qui veut être mon associé ?".