L'acte de décès de la chaîne "Téléfoot" est signé. Selon une information de "Capital", le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé, le 20 octobre, la liquidation judiciaire immédiate de Mediapro Sport France SARL, la société éditant la chaîne.
La veille, le 19 octobre lors de son audition devant le tribunal, Julien Bergeaud, directeur général de l'éphémère diffuseur de la Ligue 1 en France, a réparti les responsabilités devant un tel fiasco, rapporte le site d'actualité économique. Il n'a notamment pas épargné Canal+, qui aurait abusé, selon lui, de sa position dominante et à qui la chaîne réclame pour cela plus de 500 millions d'euros de dommages devant le tribunal de commerce de Paris, mais aussi le gouvernement à qui il reproche son manque d'actions contre le piratage des retransmissions des matches de football. Jaume Roures, dirigeant de Mediapro, avait usé des mêmes arguments lors d'une entrevue avec le "New York Times" début octobre, taclant au passage les clubs de Ligue 1 ainsi que la LFP, qui n'a pas souhaité renégocier avec lui le montant du contrat. Il proposait alors 580 millions d'euros.
Toujours est-il que les résultats économiques de la chaîne n'étaient pas à la hauteur au vu du montant des droits à verser à la Ligue de football professionnel (LFP). Alors que le groupe sino-espagnol avait obtenu le droit de diffuser sur "Téléfoot" 80% des matches de Ligue 1 pour un montant de 814 millions d'euros par an, la chaîne n'a réalisé, en quatre mois et demi d'activités en 2020, qu'un chiffre d'affaires de 104 millions d'euros. Un montant bien trop faible pour couvrir ses échéances.
Le montant de la dette n'est pas plus élevé, rappellent par ailleurs nos confrères, car elle a été bloquée lors de la signature, en décembre 2020, d'un accord pour solde de tout compte entre la chaîne et son principal créancier, la LFP. Le passif de la chaîne s'élève, quant à lui, à 1,4 million d'euros, soit le double de ses actifs (734.562 euros).
"Téléfoot" a cessé la diffusion de ces émissions le dimanche 7 février 2021. On se souvient de l'émotion d'Anne-Laure Bonnet, aux commandes du "Vrai mag", au moment de rendre l'antenne. Ce soir-là, 57 salariés ont ainsi été remerciés via un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) d'un budget estimé à 6 millions d'euros.