Critique. Le rap reprend ses marques sur la chaîne cryptée. Ce soir, en prime time, Canal+ met à l'antenne la saison 2 de sa série phénomène "Validé". La fiction confectionnée par Franck Gastambide avait marqué les esprits lors de la sortie de la première saison en mars 2020, période de la première vague de l'épidémie. Une aubaine pour la série qui a pu s'adresser à un public jeune, confiné et désireux de contenus frais.
Franck Gastambide a-t-il réussi à surprendre avec cette saison 2 ? La réponse tend globalement vers un oui. Après l'effet de surprise de la saison 1, la marche était haute pour le réalisateur. Mais d'entrée, cette suite fait oublier l'arc narratif d'Apash et réussit à imposer de nouveaux enjeux autour de sa nouvelle héroïne, Sara, alias L'Alpha. Convaincante et charismatique, loin de la caricature d'une neo-Diam's, la rappeuse doit faire face à de nouveaux obstacles de l'impitoyable "rap game" : être une femme, être une mère, le "revenge porn", un passé douloureux... Autant d'enjeux que Franck Gastambide parvient à rendre crédibles sans tomber dans un féminisme bruyant.
Aux démons de Sara, s'ajoutent ceux de la bande d'Apash de la première saison. Le retour de l'effrayant Karnage. La revanche de l'ex-patron de label et des lascars de cité. La déchéance de Mastar - dont la présence est bien moins intéressante en cette saison 2. Sans compter l'apparition de Saïd Taghmaoui dans le rôle de Nasser, un mafieux de Marseille. Des intrigues riches et entraînantes mais qui réclament parfois au téléspectateur une parfaite attention. Au risque de parfois s'y perdre.
Le récit reste tout de même dans le registre de la fiction et ne se veut pas un reflet de la réalité. De nombreuses scènes laissent parfois perplexe. Comme dans la saison 1, le sort semble souvent s'acharner sur les héros, sans que ça n'ait parfois ni queue, ni tête. La présence d'un "Deus Ex Machina" - un personnage inattendu venant opportunément dénouer une situation dramatique - à plusieurs reprises laisser entrevoir plusieurs facilités scénaristiques.
Mais pourtant, on se laisse attendrir par la belle photographie de la réalisation, un final époustouflant et des personnages dont l'évolution a été peaufinée épisode par épisode. Et l'humour reste très présent, notamment à travers Brahim, le cousin d'Apash, en clown "bledard" toujours aussi désopilant. Il apporte de la légèreté dans cette saison 2, aussi sombre - voire plus - que la première, et dont certaines scènes offrent leur lot de poils hérissés.