7 bonnes raisons de regarder "Secret Story"

Non, menteurs, vous n'avez rien de mieux à faire le vendredi soir. Respirez et préparez-vous à affronter la terrible vérité : "Secret Story" est la meilleure émission de télé de ces 15 dernières années (après "Pyramide").

Il est des mots lumineux qui irradient votre coeur de bonheur : "Je suis fier de toi", "Je t'aime", "Bonsoir et bienvenue dans Secret Story". Voici 7 bonnes raisons de vous laisser aller, d'écouter la Voix... de la sagesse et d'embrasser votre beauf intérieur.

Angela Lorente, feuilletant le catalogue Maisons du Monde : "on va prendrrré za, za, za, za, za, za é poui za". Oui, enfin tout, quoi, Angela. De l'or avec de l'argenté, du fuchsia zébré et du fluo orangé : le tour est joué, les candidats habitent dans un bordel dans lequel même Berlusconi ne mettrait pas les pieds. Un mauvais goût pareil, quand même, il fallait oser. Tout est bariolé dans ce vide-grenier qui est à n'en pas douter une des maisons les moins feng shui de la planète. Petit rappel, pour les hommes hétérosexuels qui lisent cette chronique (s'il y en a) : le feng shui est un art taoïste millénaire vous permettant de faire circuler l'énergie vitale - le chi - dans votre habitation. En gros, si vous voulez avoir une maison où il fait bon vivre, jetez tout ce qui ne vous servira jamais : votre minitel, votre théière en forme de chat et absolument tout ce que vous collectionnez (sachez-le : tout collectionneur est potentiellement un serial killer). Conseil d'ami : ce qui vous fait dire "on sait jamais... ça pourrait toujours servir" est à dégager direct : non, vous n'utiliserez jamais ce Sport Elec. Donnez-le au Secours Populaire ou, encore mieux, à Loana. Plus vous accumulez, plus vous êtes acculés. Demandez à Steevy. La déco "Léonard de Vinci a pris de l'ecstasy" nous rappelle à quel point il est capital de soigner l'apparence de notre lieu de vie. Car notre intérieur n'est que le reflet de notre for intérieur. Voilà pourquoi les candidats, que l'enfermement rend cinglés, finissent par habiter dans une maison dérangée où ils n'arrêtent pas de feng shuiner.

Si "Secret Story" passait à la télé allemande, l'émission s'appellerait certainement "Schadenfreude Story". Schadenfreude signifie "la joie provoquée par le malheur de l'autre". Un joli mot pour dire "Viens vite voir chéri(e) ! Ils sont en train de se foutre sur la gueule c'est énorme !". "Secret Story", c'est Secret Sadique. Dernier exemple en date : le pauvre Geoff. Il est mignon, pourtant. Le grand échalas se gratouille le visage dès qu'il prend la parole mais il est mignon. Il s'est fait cocufier devant la France entière (enfin, les 8-14 ans) mais n'avait pas le droit de moufter parce qu'il devait faire semblant de sortir avec une pleurnicharde aux seins refaits qui mange ses crottes de nez. Dur dur d'être un benêt. Et Samantha et Nathalie, les deux lesbiennes amoureuses qui se détestaient, vous vous en souvenez ? "Tu as couché avec Marylin !" "Non, je n'ai pas couché avec Marylin !" "Si, tu as couché avec Marilyn pour la bonne et simple raison que tu as couché avec Marylin !". CQFD. Quant à Daniela, l'ex de Ronaldo (mais qui n'est pas l'ex de Ronaldo, honnêtement ?), elle s'est fait larguer en bonne et due forme par un Jonathan ultra intelligent qui, après leurs noces de Typex (1 semaine), a décidé qu'il était finalement fou amoureux d'une manouche. Oh, il y en a eu des moments de pur sadisme dans le sas : on n'est pas prêt de dire sas...uffit !

Le ridicule ne tue pas. Heureusement, sinon Carole Rousseau serait au Père Lachaise depuis bien longtemps. Ce brave Benjamin Castaldi l'a bien compris. Le pauvre fait tellement toujours les mêmes plaisanteries et les mêmes jeux de mots pourris qu'on dirait qu'il est professeur d'histoire-géographie. Pour Benjy, les blagues les plus longues sont clairement les meilleures. L'ex de Flavie Flament (qui lui a proposé un "Vis ma vie de divorcé" il y a quelques années) rabâche, jour après jour, "Secret Story c'est fini" alors que son staff, caché et mort de honte, crie "Ohhhhhhhhhh". Il ajoute alors un "Mais on revient demain", ponctué d'un "Ahhhhhhhhhhh" de soulagement collectif. On appelle ça un gimmick, ou bien une lobotomie. Benjamin se déguise, aussi. Mal. Mais au diable le snobisme. Il cultive l'autodérision et il a bien raison. Prends-en de la graine, Marie Drucker. Il a compris qu'il ne serait jamais Yves Mourousi - il lorgne plutôt aujourd'hui du côté d'Arturo Brachetti - et il rit, quitte à être incompris. Merci, donc, Benjy, pour toutes tes pitreries et tes petites espiègleries.

Leurs noms sont à jamais gravés dans notre cervelet. John David le Don Juan DJ (Ce n'était pas la peine de participer à Sexy or Not sur Europe 2 TV, il suffisait de nous demander, tu sais...), Angie le gentil extra-terrestre de la planète Botox, Romain le faux David Charvet, Alexandre le vampire neurasthénique, Cindy l'amazone enflammée, Bastien le mentaliste qui ne ferait pas beaucoup d'audience en prime time, Martin le millionnaire devenu blogueur nudiste, Léo le réalisateur de sex tape machiavélique, Xavier et Tatiana devenus les VUP (Very Unimportant People) des soirées cannoises, Laly la policière star du porno, Emily la coiffun (la coiffeuse ultra fun), Maija la crudivore québécoise ou bien Rosa Rachel la Miss France qui ne sait même pas comment elle s'appelle. Cette année, on a découvert Zarlko - le monstre bicéphale rigolo qui vit dans les tuyaux -, Juliette - la soeur cachée d'Avril Lavigne -, Ayem - une capricieuse beaucoup trop maquillée -, Geoffrey - ??? -, ou encore Daniel, un petit Suisse sosie officiel de Johnny Depp. Et s'ils ont des problèmes de toiture, ils pourront toujours faire appel à Jonathan le franc-maçon.

Et si "Secret Story" était en réalité une émission politique ? Elle pourrait presque être présentée par Arlette Chabot car il y est question d'intégration et de lutte contre l'exclusion. Il n'y a qu'à La Plaine St. Denis que l'on voit des garçons pom-pom girls et que l'on dit fièrement "mon père s'appelle Brigitte". "Secret Story" est un programme révolutionnaire qui renverse la dictature du genre, cette tyrannie qui nous fait croire que les garçons aiment le bleu et les filles le rose. Ce ne sont que des constructions sociales : vous le croyez parce qu'on vous l'a rabâché pendant des années. Mais rien n'est moins vrai. Carl Gustav Jung, un psychanalyste beaucoup plus fun que Freud, l'a bien montré : la psyché humaine est bisexuée. Non, pas bisexuelle comme Cindy. Juste bisexuée. Pour être un homme, un vrai, il faut savoir assumer sa part de féminité. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut forcément mettre des talons hauts et des perruques comme Thomas l'hermaphrodite, je vous rassure. Être aimant, bienveillant et prendre les gens dans vos bras, ça suffira, les garçons. "Secret Story" est un cours magistral de Gender Studies : l'émission nous montre, pour ceux qui veulent bien le voir, que l'identité sexuelle est plurielle. Erwan, de la saison 1, était aussi touchant que fascinant. Et posez-vous des questions si la vue de ces "drag queens" et autres "sales follasses" vous débecte : la haine de l'autre n'est jamais qu'une haine de soi. Pensez-y la prochaine fois que vous voudrez insulter Benoît.

Parfois, la prod' se trompe carrément d'intitulé dans l'énoncé des secrets. Non, celui de Cyril de la saison 2 n'était pas "Mon secret est tatoué sur mon dos". C'était en réalité : "je suis le mec le plus beau, le plus cool, le plus malin et le plus sexy de France". On imagine que des laborantins livides de L'Oréal Paris, enchaînés dans une cave à Aulnay-sous-Bois, planchent encore aujourd'hui sur un fond de teint top secret basé sur la peau de pêche du street danseur délicieusement mordoré. Nom de code : Brun Chaud Virevoltant.

L'écrivain américain William Faulkner a fait du Sud des Etats-Unis un portrait monstrueux où régnaient la bâtardise, l'animalité et la perversion la plus effroyable (si vous êtes fan de viols avec un épi de maïs, lisez vite Sanctuaire !). "Secret Story" fait la même chose tous les soirs avec la Belgique. Mathias, de la saison 2, avait dit à tout le monde qu'il pensait qu'Alice était un transsexuel à cause de sa moustache, avant de la trouver sublime et de lui demander d'emménager avec lui. Normal, non ? Aurélie, la miss Nutella de cette année, s'est amourachée d'un chauffeur de taxi mythomane qui a un nom de cochon. Nicolas, de la saison 3, était en communication avec Dalida (Peux-tu lui demander l'adresse de son coiffeur, s'il te plaît ? C'est pour une copine). Amélie, il y a un an, disait "Ça va" toutes les deux minutes alors que ça n'allait jamais. Mademoiselle Paradoxe nous en a mis plein la vue : "Dégage Senna mais reste là putain!", "Je ne veux plus t'entendre : explique moi merde !" ou encore "Alors là c'est fini, j'en ai ras le cul, je me barre du jeu et je reste dans la maison". Un vrai feu d'artifice... comme lorsqu'elle a décidé, en direct, de s'unir par les liens sacrés du mariage à son punching ball préféré. Ca n'a pas marché alors, en exclusivité pour Closer, elle a avorté pour essayer de le récupérer. Pas de doute : à Liège, on n'a jamais peur de pousser le bouchon un peu loin. William Faulkner a eu le Prix Nobel de littérature, "Secret Story" mérite bien un peu d'audience, non ?

La semaine prochaine, dans l'Eddyto, vous découvrirez que la nouvelle version du Grand Journal est absolument lamentable.

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