Après le coup de gueule d'Audrey Pulvar contre le magazine Elle, le débat ne s'apaise pas. Aujourd'hui dans Le Monde de nombreuses personnalités posent cette question : "À quand une femme noire en couverture du magazine "Elle" ?" Parmi elles, Sonia Rolland, Audrey Pulvar, China Moses, Clémentine Autain ou encore Mokobé.
Une question en forme de provocation, Elle ayant bien sûr déjà mis des femmes noires à sa Une, mais pas suffisamment selon les signataires qui interpellent le magazine : "Deux millions de femmes noires en France, qui dépensent sept fois plus d'argent dans les cosmétiques que leurs congénères blanches, et dont le pouvoir d'achat grandissant constitue un marché en expansion pour les produits de beauté et de mode, est-ce si négligeable ?"
"Il serait temps que les rédactrices de Elle s'aventurent hors de leurs bureaux vitrés du quartier d'affaires de Levallois-Perret afin de se mêler à la population, ce qui leur permettrait de voir à quoi ressemblent les Noirs et comment ils s'habillent en vrai" peut-on lire dans cette tribune assassine. Visiblement, les excuses présentées par la direction n'ont pas été entendues : "Tout cela aurait pu n'être qu'une banale affaire d'inculture et d'ignorance vite oubliée, si le magazine avait daigné répondre aux nombreuses protestations de lectrices et lecteurs choqués par l'article."
Pourtant, invitée du Grand Journal de Canal + jeudi dernier, la rédactrice en chef du journal Valérie Toranian avait fait amende honorable : "Je m'excuse auprès de tous ceux qui ont pu être peinés, offensés. Il y avait des maladresses, mais cet article a été fait pour être bienveillant." Un article de la journaliste Nathalie Dolivo qui s'intéressait aux "nouvelles égéries noires" et évoquait leurs racines vestimentaires comme "un boubou en wax, un collier coquillage" ou encore "une créole de rappeur". A sa parution, il provoque de vives réactions sur la toile, et le site Afrosomething dénonce des "relents racistes". Le buzz négatif enfle et pousse Elle à retirer le papier incriminé de son site internet et à présenter ses excuses.
Dans son édito sur France Inter, Audrey Pulvar avait dénoncé un article "dont la bêtise et l'inanité ne tarderont pas à servir de modèle du genre 'papier de merde' dans les écoles de journalisme." Elle a aussi ironisé sur l'analyse de Elle, qui parle d'une Amérique où "le chic est devenu une option plausible pour une communauté noire jusque-là arrimée à ses codes streetwear" depuis qu'elle est dirigée "par un noir". "Voilà qui fera plaisir (...) à des cohortes de noirs, femmes, et hommes (...) Ont-ils attendu le couple Obama pour mettre au placard la ceinture de banane et les soutiens-gorge en noix de coco ?" souligne alors Audrey Pulvar.
Pulvar pointait ensuite la "stupidité" de l'article, qui prétend que la communauté noire a "intégré les codes blancs" sans avoir oublié ses "racines". "De quelles racines parle-t-on exactement pour des noirs présents depuis quatre siècles sur le continent nord-américain ?" avant de s'interroger une nouvelle fois : "Des excuses sont-elles une option plausible pour ce journal ? Affaire à suivre."