Altice a plié. Dans un spectaculaire retournement de situation - et de discours -, Alain Weill, patron d'Altice France, a changé de ton et fait savoir ce midi, à l'occasion de la conférence de presse de rentrée de BFMTV, que le groupe Altice renonce à réclamer une rémunération pour la reprise du signal de ses chaînes. Une décision qui intervient alors qu'Orange a cessé de diffuser ce matin, via ses box, les trois chaînes gratuites du groupe Altice. Le dirigeant, qui s'est dit "surpris" par la coupure opérée par Orange, a annoncé qu'il doit rencontrer les responsables de l'opérateur cet après-midi et espère que "BFMTV, RMC Découverte et RMC Story seront rendues aux téléspectateurs dans les prochaines heures".
Au cours de sa rencontre avec les responsables d'Orange, Alain Weill leur fera officiellement savoir qu'Altice réclame désormais simplement une rémunération pour ses services associés, comme le replay ou le start-over. "S'il n'y a pas d'accord sur les services associés, ils ne pourront pas utiliser nos services associés" a détaillé Alain Weill, qui prend donc soin de ne pas faire des services associés une condition sine qua none à accord. En clair, il n'est donc plus du tout question de réclamer à Orange et Free de payer pour pouvoir proposer BFMTV, RMC Découverte et RMC Story à leurs abonnés. En revanche, si les deux opérateurs souhaitent mettre le replay de ces trois chaînes à disposition de leurs abonnés, ils devront payer un montant qui reste à déterminer.
Il s'agit d'une vraie reculade pour Altice qui n'obtiendra pas un accord aligné sur ceux signés l'an dernier par TF1 et M6. Mais il faut dire que sa position dans le bras de fer avec les opérateurs était devenue intenable, à moins de sacrifier BFMTV. Car, si la coupure des chaînes auprès des abonnés de Free depuis le 27 août n'a qu'un impact limité sur les audiences de BFMTV et de ses soeurs, les conséquences d'une coupure prolongée auprès des abonnés d'Orange seraient désastreuses. Avec pas loin de 12 millions de clients, Orange pèse en effet près de 40% du marché des box, contre un quart pour Free. Et alors que 60% des téléspectateurs de BFMTV consomment la chaîne via une box, près des deux tiers d'entre-eux n'y ont donc plus accès depuis ce matin. Et qui dit effondrement de l'audience, dit écroulement des recettes publicitaires et dangereuse fragilisation de la chaîne...
Prônant désormais le "pragmatisme", Alain Weill a d'ailleurs reconnu ce midi que "les enjeux financiers minimes (eu égard aux revenus globaux des principaux acteurs du secteur des télécoms) ne justifient pas d'entrer dans une crise longue et de mettre en danger les audiences des chaînes du groupe". Disant vouloir "clore la polémique", Alain Weill s'est dit "convaincu" que des accords seront conclus autour des services associés, pour lesquels les opérateurs semblent plus enclins à payer. "Nous paierons s'il y a un service supplémentaire apporté au consommateur, pas dans le cas contraire" avait ainsi prévenu Stéphane Richard, le patron d'Orange, sur France 2, tout en pointant l'absence de services supplémentaires proposés par Altice.
Pour Alain Weill, la seule question qui demeure est celle du montant financier des accords à signer autour des services associés de ses chaînes. "Les services associés sont la clé du sujet. Dans quelques années, les opérateurs se rendront compte de la valeur de ces services" a-t-il déclaré. En attendant, il a promis que le groupe Altice allait faire la promotion de ces services associés sur les antennes "toute la journée" et que ceux-ci, y compris le très limité replay de BFMTV, allaient être enrichis et améliorés. La partie n'est pas complètement finie et elle pourrait désormais s'étaler dans le temps... le temps, croit Altice, que les services associées de ses chaînes prennent de la valeur.