Les choses se compliquent pour le groupe Altice. Comme l'ont constaté nos confrères de "Satellifax", Orange a coupé ce matin vers 9h20 le signal de BFMTV, RMC Story et RMC Découverte. Le 2 septembre dernier, l'opérateur télécom avait averti ses clients d'une telle possibilité, après une première mise en garde exprimée publiquement le 29 août sur France 2 par Stéphane Richard, le patron d'Orange. Ce jour-là, ce dernier avait déclaré "évidemment possible" la coupure du signal des chaînes gratuites d'Altice (BFMTV, RMC Découverte et RMC Story) sur ses box, tout en assurant qu'il "n'aimerait pas en arriver là".
Avec sa décision d'aujourd'hui, Orange emboîte le pas à Free qui a coupé l'accès aux chaînes gratuites d'Altice sur ses box depuis le 27 août. En cause, la volonté du groupe de Patrick Drahi de voir ses chaînes gratuites et leurs services associés davantage rémunérés par les distributeurs, au premier rang desquels les fournisseurs d'accès à internet. "Nous considérons qu'il y avait historiquement un équilibre entre les éditeurs de chaînes et les opérateurs que nous sommes : en diffusant ces chaînes sur nos box gratuitement, en transportant le signal, nous proposons aux éditeurs une audience très importante - plusieurs millions de foyers - sans jamais demander d'argent en échange pour assurer cette prestation. Certains éditeurs veulent aujourd'hui rompre cet équilibre (...) et nous le refusons catégoriquement", avait estimé Stéphane Richard sur France 2 le 29 août. Avant de mettre en garde Altice : "Nous payerons s'il y a un service supplémentaire apporté au consommateur, sinon nous ne payerons pas".
Cette coupure par Orange risque évidemment d'avoir des conséquences désastreuses pour les audiences de BFMTV et de ses petites soeurs, et en conséquence pour leurs recettes publicitaires. Avec plus de 11 millions de clients, Orange pèse en effet près de 40% du marché des box, contre un quart pour Free. Alors que 60% des téléspectateurs de BFMTV consomment la chaîne via une box, près des deux tiers d'entre-eux n'y ont donc plus accès désormais. Une situation difficilement tenable sur le long terme pour le navire amiral d'Altice médias.
L'actuel feuilleton autour d'Altice en rappelle en tout cas un autre. En 2017 et 2018, TF1 avait ainsi croisé le fer avec une bonne partie des distributeurs français pour obtenir une meilleure rémunération de ses chaînes. A l'époque, Orange avait d'ailleurs déjà menacé de couper le signal des chaînes TF1, avant de finalement parvenir à un accord avec le groupe de Gilles Pélisson. Canal+ avait fait de même, mettant pour sa part sa menace à exécution. Après une semaine de coupure, la firme de Maxime Saada avait accepté de rétablir le signal, avant de réussir à signer un nouveau contrat avec TF1, après plusieurs mois d'intenses négociations. La lutte de pouvoir entre éditeurs et distributeurs connaît aujourd'hui une nouvelle étape d'envergure.