Un reportage suivi d'effets ? La ministre déléguée Bérangère Couillard et la secrétaire d'État Sonia Backès, chargées de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, pour la première, et de la Citoyenneté, pour la seconde, ont saisi la justice après la diffusion, ce mercredi 30 août 2023 dans "Ligne rouge", d'une enquête édifiante de BFMTV.
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Celle-ci fait état des thérapies de conversion pratiquées en toute illégalité par l'association évangélique protestante "Torrent de vie". Les thérapies de conversion, rappelle BFMTV, consistent à convaincre les participants que l'homosexualité, la bisexualité et la transidentité seraient des maladies qu'il conviendrait de "guérir". Elles sont passibles de deux ans de prison et de 30.000 euros d'amende depuis l'entrée en vigueur de la loi du 31 janvier 2022 interdisant les pratiques visant à modifier l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne.
Morgane Dumont, journaliste de la chaîne info, a ainsi pu "infiltrer en caméra cachée" un des séminaires proposés par l'association cet été. "Au programme, prières et échanges en petits groupes pour 'renoncer au feu du désir'", résume le canal 15. "Je pense qu'une attirance homosexuelle, c'est une façon de remplir quelque chose que je n'ai pas eu, de l'amour que je n'ai pas eu, et que je vais chercher chez un semblable", peut-on notamment entendre de la bouche de l'un des organisateurs. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
"Il faut qu'une enquête ait lieu et que l'association Torrents de vie soit sanctionnée, jugée et punie pour des faits qui sont extrêmement graves", a réclamé, ce jeudi 31 août 2023 sur France Inter, Joël Deumier, co-président de SOS Homophobie. "On espère que la loi de 2022, qui interdit les thérapies de conversion, soit appliquée pour la première fois, pour créer un précédent et envoyer un signal fort aux victimes", ajoute le responsable associatif.
L'enquête a donc donné lieu à plusieurs réactions au gouvernement. Bérangère Couillard a donné pour mission à la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) de "saisir la justice pour enquêter sur les agissements de 'Torrent de vie'".
"Les thérapies de conversion sont des méthodes abjectes que je condamne fermement", a réagi, pour sa part, Sonia Backès, qui a demandé à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) "d'étudier toutes les voies d'action possibles pour sanctionner l'association Torrents de vie et ses responsables".
Dans son communiqué, la secrétaire d'État rappelle que la Miviludes précisait déjà dans son dernier rapport qu'elle avait traité, en 2021, "293 saisines concernant la mouvance chrétienne au sens large, dont 153 sur la mouvance évangélique protestante". "La Miviludes", conclut-elle, "indique que les phénomènes sectaires concernant la mouvance évangélique protestante sont en pleine recrudescence. Les témoignages qui lui sont rapportés mettent en évidence des comportements discriminatoires et dangereux envers les femmes, les personnes en situation de handicap mais également envers de la communauté LGBTQIA+".