Interview
Marc-Olivier Fogiel : "BFMTV a franchi un cap en audience cette année"
Publié le 28 décembre 2022 à 14:50
Par Ludovic Galtier Lloret | Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Le directeur général de BFMTV a accordé un long entretien bilan de l'année 2022 à puremedias.com. Une année politique au cours de laquelle le canal 15 a aussi misé sur la série documentaire pour se distinguer.
La bande annonce de l'interview d'Apolline de Malherbe sur BFMTV © Abaca
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Feu d'artifice. BFMTV s'apprête à refermer 2022 avec une émission spéciale autour du spectacle pyrotechnique diffusée en direct de l'avenue des Champs-Élysées ce samedi 31 décembre dès 23h. Une année dominée une fois encore par une actualité forte, entre les échéances électorales et la guerre en Ukraine, sur laquelle Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, a accepté de revenir pour puremedias.com. Dans cette première des trois parties de l'entretien qu'il nous a accordés, Marc-Olivier Fogiel commente les chiffres d'audience record réalisés par le canal 15 cette année et explique comment la rédaction a couvert les élections présidentielle et législatives du printemps dernier.

Propos recueillis par Ludovic Galtier

puremedias.com : Avec un record historique fixé à 4,5% d'audience moyenne en mars et près de 4 points d'audience en moyenne en avril, BFMTV a-t-elle franchi un cap en 2022 ?
Marc-Olivier Fogiel : Un cap en audience, oui ! Nous allons finir l'année sur un record à 3,3%. Mais l'audience ne vient que couronner un boulot du quotidien. Selon un sondage Harris Interactive publié ce mois-ci, BFMTV est non seulement la chaîne info et la chaîne TNT préférée des Français mais aussi celle en qui ils ont le plus confiance. Ce succès conclut une année très forte en actualité avec la guerre en Ukraine, la pandémie et puis la politique. Au-delà de l'actualité, BFMTV a acquis un statut de chaîne généraliste d'information, ce qui était un peu mon ambition en arrivant en 2019. A savoir, garder les fondamentaux : une rédaction de 250 personnes dont la spécificité est de pouvoir se déployer tout le temps, partout. Et mettre en place des rendez-vous très identifiés, des formats qui nous ont différencié pendant la campagne présidentielle mais aussi plus événementiels. Aujourd'hui, BFMTV n'est plus seulement une chaîne d'information. Elle est capable de développer des séries documentaires comme peut le faire Netflix.

Ces séries documentaires sont diffusées dans l'émission "Ligne rouge", proposée en prime chaque lundi, et dont le budget va augmenter de l'ordre de 30% en 2023 (et non 60% comme cela avait été annoncé dans un premier temps). Que va permettre cette augmentation de budget ?
Nous allons produire plus d'heures d'antenne. Nous proposerons notamment en janvier une série hyper bien réalisée sur la bac nord. Nous avons démarré par des petits formats, puis des 26 minutes puis des 52 minutes, des séries et aujourd'hui des émissions d'anticipation. C'est encore une fois un élément différenciant de BFMTV.

Le 14 novembre en prime time, Bruce Toussaint et Aurélie Casse ont co-animé sur BFMTV l'émission d'anticipation "2050 : Ouvrons les yeux". D'autres émissions du genre sont-elles prévues ?
Oui, mais c'est encore un peu tôt pour en parler.

"Je ne pense pas qu'il faille s'enfermer dans des rendez-vous qui nous obligent" Marc-Olivier Fogiel

Quel bilan faites-vous de la couverture par BFMTV de l'élection présidentielle ?
Sans faire le fier-à-bras et être tout le temps satisfait, nous avons créé des rendez-vous d'information et des concepts qui ont marqué la campagne et ont été identifiés par les politiques. D'un côté avec "Face à BFM", qui a inspiré France Télévisions et C8 ("Elysée 2022 : Face à France Télévisions", "Face à Baba"). Et avec "La France dans les yeux", de l'autre, dans un autre genre. Il y a toujours eu des Français qui posaient des questions aux politiques mais cela n'a jamais été le concept.

Comment avez-vous réfléchi et fini par cibler ces formats-là ?
"La France dans les yeux" est à l'initiative de Philippe Corbé. Quand je l'ai engagé pour diriger le service politique, à l'époque il m'a dit : 'Tu devrais regarder les "Town hall"', des émissions américaines dans lesquelles les politiques sont confrontés à des Américains. Toutes les chaînes en font et même plusieurs pendant la campagne. Nous nous sommes inspirés de ça. Après, nous avons mis des moyens afin que cela ne soit pas "cheap". Cette émission, pour laquelle je me suis entouré d'un réalisateur habitué des chaînes généralistes, a eu un budget élevé mais je suis content du résultat.

Un rendez-vous politique régulier en prime, comme le fait France 2 avec "L'événement", pourrait-il voir le jour sur BFMTV ?
Nous avons déjà une émission politique régulière le dimanche avec "BFM politique". Je ne pense pas qu'il faille s'enfermer dans des rendez-vous qui nous obligent. Ce qui fait la force de BFMTV, et c'est ce qui rend ce boulot marrant et chronophage, c'est de réagir à l'actualité. C'est parce qu'il se passe quelque chose que l'on doit pouvoir monter une émission spéciale, fabriquer éventuellement une "France dans les yeux" autour de Macron un jour... Une bonne émission est une bonne émission à l'instant T.

"La place qu'ont les éditorialistes politiques sur BFMTV est à la bonne dimension" Marc-Olivier Fogiel

Vous avez lancé le podcast "Le service politique" pour emmener les Français dans les coulisses des déplacements politiques pendant la campagne présidentielle. À l'heure où la communication est ultra-verrouillée, n'est-pas une caisse de résonance supplémentaire pour permettre aux politiques de diffuser leurs éléments de langage ?
Je ne crois pas. Pour les avoir tous écoutés, je trouve que justement, l'enjeu c'était pour les reporters du service politique, de faire le récit, avec plus de temps et une plus grande liberté de ton qu'à l'antenne, de ce qu'ils ont vu en reportage. Je trouve que cela permettait davantage de décrypter la communication politique.

Considérez-vous que les éditorialistes de plateau contribuent à la défiance généralisée envers les journalistes ?
Il y a peu de cases de débat sur BFMTV. Et quand il y en a, ce sont des rendez-vous très précis comme "Face à Duhamel". Nous n'avons pas des plateaux d'éditorialistes qui commentent toute la journée l'actualité. Ce n'est pas ce que nous souhaitons faire. La place qu'ont les éditorialistes politiques sur BFMTV, me semble t-il, est très cadrée, à la bonne dimension, et apporte quelque chose à la réflexion. Ils sont très équilibrés sur l'échiquier politique aussi. Et à côté de cela, il y a une grande présence de journalistes politiques, qui ne sont pas éditorialistes, pour remettre l'Église au milieu du village, donner des faits et pas autre chose. Nous ne cherchons pas à faire du spectacle de l'information.

N'est-ce pas un mélange des genres de demander à Amandine Atalaya, qui donne son avis d'éditorialiste sur les plateaux de la chaîne, de mener des interviews politiques ? RTL a fait le même choix quelques saisons avec Alba Ventura...
Non, je pense que cela a toujours été le cas en fait. Ruth Elkrief l'a fait chez nous, Olivier Bost présente "Le grand jury" sur RTL et LCI, il a fait "L'édito" dans la matinale de RTL... Je ne pense pas que cela soit un mélange des genres. Ce sont des journalistes spécialisés qui connaissent leur matière. Les gens dont on parle sont journalistes, spécialisés dans la politique, et peuvent être dans différents exercices.

"Nous avons eu des moments de tension avec tous les partis pendant la campagne présidentielle" Marc-Olivier Fogiel

Amandine Atalaya et Laure Closier, visage régulier de BFM Business, ont ferraillé cette année avec Alexis Corbière et François Ruffin. Entretenez-vous des relations particulièrement compliquées avec les élus de La France insoumise ?
Ce qui est bien, c'est que pendant la campagne présidentielle, il y a eu des moments de tension avec tout le monde. Il y a des moments où cela a été la lune de miel avec certains et la détestation avec les autres. La semaine d'après, c'était l'inverse. Si je vous montrais les textos que je reçois, l'un m'écrit exactement ce que me reprochait l'autre une semaine plus tôt. Aujourd'hui, on a une relation normale avec les uns et les autres. C'est plus compliqué avec Jean-Luc Mélenchon, qui n'est pas venu depuis la rentrée parce qu'il compte ses interventions médiatiques et l'affaire Quatennens est passée par là. Mais on n'est pas en mauvais termes.

Plus globalement, comment gérez-vous l'interventionnisme des politiques sur la ligne de BFMTV ?
Je suis un réceptacle à tous les commentaires, toutes les colères. De temps en temps, cela peut arriver qu'il y ait des réactions de personnalités politiques qui soient justifiées, je regarde. Je ne prends pas les coups de fil des politiques comme une intervention déplacée. J'écoute ce qu'ils ont à me dire, je regarde, j'ai mon avis et je sais répondre.

Le 11 décembre, BFMTV a fait le choix d'inviter Éric Zemmour à trois jours de la demi-finale du Mondial France/Maroc. Interrogé à ce sujet, il a déclaré que ce match constituait "une grande frayeur pour la police". Ce choix de programmation ne contribue-t-il pas à agiter les peurs ?
En voyant l'émission, je trouvais que les questions posées étaient légitimes, quand on reçoit Eric Zemmour et que l'on est dans cette actualité-là. Après, il est libre de ses propos et il y avait en face, je trouve, la réaction à la hauteur.

"Les journalistes de BFMTV qui incarnent la politique à l'antenne sont des journalistes d'aujourd'hui" Marc-Olivier Fogiel

Vous avez testé à l'interview politique de 8h30 Amandine Atalaya et Benjamin Duhamel, en plus de Philippe Corbé, le joker officiel d'Apolline de Malherbe... Est ce que vous allez miser sur d'autres intervieweurs ?
Les journalistes qui incarnent aujourd'hui la politique à l'antenne sont des quadras, ce sont des journalistes d'aujourd'hui, pas des journalistes d'hier. Avec Hervé Béroud (directeur de l'information du groupe Altice, ndlr), nous avons mené un travail de longue haleine pour faire monter cette nouvelle génération, pour imposer, par exemple, Maxime Switek, présentateur de "22 Heures Max". Nous avons construit cela avec lui, on est allé faire des interviews du Premier ministre etc. A 8h30, Apolline de Malherbe a succédé à Jean-Jacques Bourdin et c'est un pari réussi. On a maintenant la deuxième garde avec Philippe Corbé. Ce n'est donc pas là que l'on va faire de nouveaux paris, ces paris-là on va les consolider.

Sur le plan éditorial, quel bilan faites-vous de la rallonge d'une demi-heure de la tranche d'Yves Calvi à 19 heures ?
Ce que l'on a voulu faire avec Yves Calvi et ce qui était un peu un danger pour la chaîne, c'était de calmer le tempo avec du décryptage. Je trouvais que ce temps de décryptage était serré en une heure. La demi-heure supplémentaire lui laisse le temps d'aller plus en profondeur des choses.

Quel était le "danger" dont vous parlez ?
Le danger se trouvait dans le fait que l'on pouvait passer complètement dans une autre offre, trop tranquille en quelque sorte. On a trouvé le bon équilibre.

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