Jour J. Cinq ans après son arrivée à la tête de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel quitte la chaîne info ce lundi 30 septembre 2024. Il sera remplacé dès ce mercredi 2 octobre 2024 par Fabien Namias. L'ancien directeur général adjoint de LCI ouvrira une nouvelle ère pour la chaîne info possédée désormais par le milliardaire Rodolphe Saadé (CMA CGM). Avant de mettre un point final à ce quinquennat agité, le patron de 55 ans a "le sentiment du devoir accompli", a-t-il confié ce dimanche 29 septembre 2024 au "Figaro".
Avec Hervé Béroud, son co-pilote ces cinq dernières années remplacé ce 23 septembre par Jean-Philippe Baille, il revendique en effet avoir "fait changer de dimension BFMTV, qui est devenue une grande chaîne généraliste d'information avec une grille renouvelée, des audiences en constante progression, une génération de journalistes reconnus et un écosystème info totalement à 360 degrés : linéaire et digital." À ce sujet, BFMTV lance, ce lundi 30 septembre 2024, BFM2, une nouvelle chaîne digitale proposant des événements en direct en plus de ceux retransmis sur BFMTV.
Selon Marc-Olivier Fogiel, "la marque BFMTV est beaucoup plus puissante qu'il y a cinq ans". "Quand je suis arrivé en 2019, l'audience de BFMTV était de 2,6% de part d'audience. Elle est aujourd'hui autour de 3% dans un univers qui s'est considérablement renforcé avec un bassin d'audience plus grand. Plus de 12 millions de personnes s'informent sur BFMTV. Aux deux tiers de l'année, fin septembre, nous sommes leader et la rentrée nous donne satisfaction. Notre socle d'audience est solide, plus jeune que nos principaux concurrents. Notre site fait partie des premiers de France avec 18,3 millions de visiteurs. 1,7 million de personnes nous suivent sur TikTok. Voilà l'avenir ! Nous sommes la première chaîne d'information de France et nous le resterons", prédit-il.
Le bateau BFMTV tangue néanmoins sur le front des audiences depuis que CNews a pris le pouvoir en mai et juin 2024. La chaîne du groupe Canal+ devrait également dominer son adversaire en septembre 2024. À cela, Marc-Olivier Fogiel rétorque que "CNews a choisi un format différent, très identifiable mais marqué politiquement", se défend-il. "À BFMTV, nous privilégions l'information à l'opinion, les faits aux commentaires, le terrain au plateau, tous les terrains. Nous voulons parler à tous les Français, quel que soit leur âge, leur milieu ou leur opinion politique (...) Dans un pays plus fracturé qu'avant, nous cherchons à rassembler. C'est plus difficile, mais c'est ainsi que nous voyons notre rôle."
Le départ de Marc-Olivier Fogiel, mis en cause par "Mediapart" pour "manipulation médiatique" en faveur de Nicolas Sarkozy, est-il lié à l'arrivée du nouvel actionnariat ? Négatif, selon le principal intéressé. "Je plaisais à l'actionnaire et l'actionnaire me plaisait pour reprendre votre formule (le journaliste a présenté 'On ne peut pas plaire à tout le monde' entre 2000 et 2006 sur France 3, ndlr). Dans ma vie, j'ai fait plusieurs choses. Cinq ans à BFMTV, c'est intense, permanent, passionnant et parfois ça empêche de dormir, pour reprendre le nom d'une autre de mes émissions ("T'empêches tout le monde de dormir" sur M6, ndlr). Rodolphe Saadé souhaitait que je continue mais il a compris mon état d'esprit", assure celui qui aspire à "passer à autre chose".
Mais à quoi précisément ? Marc-Olivier Fogiel reste flou : "Je ne m'interdis rien : à l'antenne, hors antenne, dans cet univers ou dans d'autres", répond-il au moment où s'ouvre, pour lui, une "période de réflexion". "J'ai besoin d'une parenthèse dans ma vie, après trente-cinq ans d'un parcours professionnel bien rempli. J'ai hâte de profiter de cette période plus calme pour prendre le temps de réfléchir et avoir des projets personnels, que je veux garder pour moi."
Se rappellera-t-il au bon souvenir du PAF au moment de la campagne pour la présidence de France Télévisions en 2025 ? "Je n'y ai pas du tout réfléchi", promet-il. "La seule chose qui est certaine, c'est que si l'actuelle présidente, Delphine Ernotte, se représentait, la question ne se posera même pas."