"Quelle est, selon vous, la marque de référence sur l'information ?" Selon les résultats d'un sondage Harris Interactive, publié ce jeudi 20 avril 2023, BFMTV et ses déclinaisons numériques - BFMTV.com, réseaux sociaux, podcasts natifs - arrivent en tête des réponses des 18-35 ans avec 23%.
La chaîne info du groupe Altice devance en la matière TF1 (17%) et surtout les médias sociaux, dont ils sont pourtant plus en adéquation avec les codes. Brut et la chaîne Youtube Hugo décrypte sont chacun cités comme la "marque de référence sur l'information" par seulement 9% des 18-35 ans sondés. Pour puremedias.com, Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, évoque la stratégie tous azimuts de la chaîne info pour capter le jeune public, et réagit aux critiques sur la couverture éditoriale de la longue séquence de manifestations contre la réforme des retraites.
Propos recueillis par Ludovic Galtier
puremedias.com : Que retenez-vous du résultat de ce sondage révélé ce jeudi 20 avril ?
Marc-Olivier Fogiel : Lorsque l'on demande aux moins de 35 ans quelle est la marque d'information de référence selon eux, ils citent BFMTV largement devant les autres marques. Ils disent aussi, pour 78% d'entre eux, s'informer d'abord sur les plateformes, et en premier lieu sur celles de BFMTV. Cela salue le travail d'une rédaction qui se donne pour mission de s'adresser à tous les publics en traitant toute l'actualité. Ce sondage bat enfin en brèche les idées reçues : les 18-35 ans ne vont pas s'informer sur les plateformes, comme Brut ou Hugo décrypte, qui leur sont plus spécifiquement destinées. Pour eux, ces médias sociaux, très bien produits, sont en fait complémentaires.
Comment cela s'explique-t-il selon vous ?
Aujourd'hui, tous nos formats sont réfléchis à 360°. Par exemple, lundi (demain, le 24 avril, ndlr), à travers le digital et l'antenne linéaire, nous allons mettre à disposition un calculateur, maintenant que la loi contenant la réforme des retraites est promulguée et que l'on en connaît les grandes lignes. L'objectif est que chacun, en fonction de ses critères, puisse savoir à quel âge il pourra partir à la retraite. Pour ce sujet comme pour d'autres, nous nous demandons comment raconter l'information de BFMTV à ce public jeune qui aujourd'hui plébiscite la marque BFMTV en utilisant tous nos canaux qui travaillent en synergie.
Le travail des rédactions télé, web, podcasts est donc entremêlé ?
Nous produisons la même information sur le linéaire, le site, sur YouTube, Tik Tok et Instagram mais à chaque fois avec des formats différents et à destination de publics différents qui sont complémentaires. La rédaction digitale, dirigée par Julien Mielcarek, est extrêmement performante grâce au travail des près de 150 journalistes du portail BFMTV.com*. Et même sur le linéaire, nous utilisons dans nos grandes émissions des codes modernes d'information qui ne parlent pas qu'aux plus de 50 ans. Le public de BFMTV, aujourd'hui, est équilibré. Aussi bien en termes d'âge, de catégorie socio-professionnelle ou de sexe. Ce qui est une gageure quand on voit que la moyenne d'âge de la télé linéaire a tendance à augmenter.
"BFMTV disposera à la rentrée d'un nouveau plateau"
Quelle est la part d'audience de BFMTV sur les jeunes ?
Quand on regarde la part d'audience des 25-49 ans, il n'y a pas de match du tout avec les autres chaînes info : là où BFMTV est autour de 3,5% de part de marché, CNews est à 1,2%, à LCI à 0,9% et franceinfo: à 0,6%. Ma grande satisfaction, c'est que les émissions spéciales, à l'image de celle de lundi dernier après l'allocution d'Emmanuel Macron, touchent toutes les cibles et notamment les jeunes. Cela avait fait sourire quand je l'avais évoqué en interne à l'époque, mais lors du premier numéro de "La France dans les yeux" (émission politique présentée par Jean-Jacques Bourdin puis Bruce Toussaint pendant la campagne présidentielle 2022, ndlr), il y avait plus de 18-35 ans en valeur absolue devant BFMTV que devant "Les Marseillais" (émission de télé-réalité de W9, ndlr). Intéresser les jeunes à la politique, c'est une mission civique.
Quels sont les codes modernes auxquels vous faites allusion ?
Ces codes ont trait aussi bien à l'habillage, la façon de filmer ou de lancer les sujets, les incarnations modernes. La narration de l'information nous importe également beaucoup. Pour donner de la résonance à tous ces codes, BFMTV, c'est une information que je vous livre, disposera à la rentrée d'un nouveau plateau. Comme vous le savez, nous en avons lancé un pour la matinale cette saison. L'année prochaine, le plateau 2** sera refait intégralement dans le souci de progresser dans la façon de raconter l'information, de recourir à des infographies et de l'immersion mais surtout de parler à tout le monde.
Proposera-t-il de la réalité augmentée, à l'image du nouveau plateau de M6 qui vient d'être inauguré ?
Il y en aura un peu, nous continuerons à produire de la réalité augmentée pour les éditions spéciales, mais ce ne sera pas l'essentiel. Le plateau actuel sera cassé à partir du mois de mai pour être prêt la première semaine de septembre. Entre-temps, les émissions diffusées entre 9h et minuit seront produites depuis le plateau de "Première édition".
"Le terme 'violences policières' est connoté politiquement"
Le travail de fond que vous menez sur la narration de l'information a donné lieu à l'apparition de nouveaux formats à l'antenne. Comprenez-vous que l'immersion de l'une de vos équipes au sein de la BRAV-M, cette unité de police sous le feu des critiques, durant les manifestations contre la réforme des retraites, puisse être contestée ? Certains médias, comme "Arrêt sur images", y ont vu du "journalisme de préfecture"...
Pas une seconde ! Ces critiques relèvent soit de la malhonnêteté intellectuelle soit de l'incompétence. Les procès d'intention sont faciles, surtout par des sites qui ne regardent pas notre antenne, mais les faits sont têtus et irréfutables : nous avons fait plus de 50 sujets sur les bavures policières depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites. Sur BFMTV, nous montrons ce que nous voyons : si la BRAV-M dérape, c'est de l'intérieur que l'on montrera les choses. C'est ne pas regarder BFMTV que de prétendre qu'elle est la porte-parole de la police. Ma vocation est de m'adresser à tout le monde, pas à une niche à qui l'on donne ce qu'elle a envie d'entendre. Nous ne faisons pas du militantisme mais du journalisme.
Le terme "violences policières" a-t-il été banni de la bouche et des écrits des journalistes de BFMTV, comme "Médiapart" l'a écrit ?
Aujourd'hui, le terme "violences policières" est connoté politiquement puisqu'il est devenu un objet de polémiques politiques. Le terme en lui-même n'est pas choquant mais il est instrumentalisé de façon politique. Si nous souhaitons pouvoir faire notre travail de façon correcte, documenter la violence de la police quand il y en a, il ne faut pas que l'on puisse être suspectés de défendre une idéologie. C'est la raison pour laquelle dans nos sujets ou nos articles, on n'écrit jamais le terme "violences policières". En revanche, nous faisons notre métier de journaliste en illustrant, enquêtant, contextualisant ces violences quand elles existent.
"La place de Dominique Rizet n'était pas à un congrès d'un syndicat policier"
Autre question d'actualité : Dominique Rizet a animé le congrès d'un syndicat de policiers alors que dans le même temps, il était amené à commenter l'action des forces de l'ordre pendant les manifestations contre la réforme des retraites. On ne l'y reprendra plus ?
Il nous a expliqués à Hervé Béroud (directeur de l'information et des sports à Altice médias, ndlr) et moi qu'il n'avait pas été rémunéré par le syndicat et qu'il ne s'agissait, par conséquent, pas d'un ménage. Il m'a aussi précisé qu'il avait posé des questions de journaliste sans servir la soupe à la police. Je lui ai répondu que je n'avais aucun doute sur sa façon irréprochable de faire son travail mais il n'en demeure pas moins que ces images sont utilisées, instrumentalisées et que nous ne devons pas donner de la matière à ça. Ce n'était pas sa place, il l'a très bien compris.
Le traitement de la réforme des retraites a été contesté dans certaines rédactions, comme France Télévisions et "Le Parisien". N'y a-t-il pas eu ce genre de remontées chez vous à BFMTV ?
BFMTV est un média d'information généraliste, qui ne défend pas d'idéologie politique. À travers cette réforme des retraites, on a interrogé avec la même perspicacité, la même vivacité, la même rigueur et le même professionnalisme les opposants et les défenseurs de la réforme. Il n'y a donc pas eu ce genre de débats internes à BFMTV.
*BFMTV a recruté 30 journalistes rien que sur le digital en 2022 et prévoit de créer une dizaine de postes en 2023.
**Le plateau 2 est occupé successivement par Bruce Toussaint, Pascale de La Tour du Pin, Alain Marshall et Olivier Truchot, Yves Calvi, Aurélie Casse et Maxime Switek.