"Des gros dégâts", "un face à face tendu", "des violences" perpétrées par les manifestants... L'ouverture du "19/20 national" de France 3 sur les manifestations lors de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi 23 mars donne le ton. Mais pas le bon, selon la société des journalistes nationaux de la chaîne.
Dans un communiqué envoyé ce lundi 27 mars, les journalistes dénoncent la couverture éditoriale des manifestations, les choix des sujets trop orientés sur les violences du côté de la rue. Les "aspects pacifiques et même festifs" seraient éclipsés au profit de longs sujets sur les "casseurs". À leurs yeux, "la hiérarchie de l'information s'inverse".
La rédaction de France 3 étrille même la matinale de France 2. "La violence des casseurs prend le pas sur les manifestants. Le lendemain, dans le journal de 8h de 'Télématin', il n'y a même pas un sujet sur les défilés de la veille ! En ouverture, un direct sur les dégâts dans les rues de Paris, puis un sujet sur les violences et on passe à la pénurie de carburants... disparu le cortège de millions de manifestants dans toute la France !", s'agacent les journalistes du service public.
La rédaction de France 3 regrette que la chaîne soit désormais en train de "hurler avec les loups des chaînes d'infos en continu", alors que leurs journaux sont censés être des éditions "premiums". En faisant la part belle aux images de violences, notamment dans la capitale, France Télévisions serait en train de répéter l'erreur des "gilets jaunes". "Déjà à l'époque des 'gilets jaunes', il aura fallu que d'autres médias (se saisissent des violences policières) pour que nous en parlions (...) Une démocratie c'est aussi une police qui sait se tenir... Comme une information digne de ce nom", conclut le communiqué.