France Télévisions, contraint à un plan drastique d'économies par sa tutelle, devrait peut-être faire le ménage dans ses prestataires pour réduire ses dépenses. Dans son dernier numéro, "Le Canard Enchaîné" épingle Bastien Millot, ex-numéro 3 de France Télévisions, désormais communicant de Jean-François Copé, lobbyiste, mais aussi connu du grand public pour sa participation à de nombreuses émissions sur Europe 1 et i-Télé en tant qu'expert médias.
Outre une enquête ouverte par le parquet de Créteil sur les malversations dans l'attribution d'un marché public de la municipalité de Saint-Maur-des-Fossés où sa société, l'agence Bygmalion, est pointée du doigt, Le Canard révèle comme Bastien Millot a profité, malgré son départ en 2008, de plusieurs budgets importants de la part de France Télévisions. Le jour de son départ, il aurait ainsi signé, grâce à sa société Bygmalion créée trois jours avant, plusieurs contrats avec le groupe public. Des contrats pour la "surveillance de la réputation de France Télévisions et de ses principaux dirigeants sur internet", la "rédaction de mails aux téléspectateurs", la "réalisation de maquettes de sites intranet" ou encore le "conseil stratégique sur la communication sensible". Le tout facturé la bagatelle de 143.902 euros ! Mais ce n'est pas tout...
"Les missions se multiplient les années suivantes", écrit notre confrère, qui calcule 454.097 euros de factures en 2009 et 415.227 euros en 2010. Le Canard donne les détails de quelques prestations saugrenues payées rubis sur l'ongle par la télévision publique : 6.778 euros pour "la préparation de dossiers" et la "rédaction d'éléments de langage à destination du secrétariat général", 5.980 euros pour la rédaction d'une "lettre aux parlementaires", 30.000 euros pour "la mise en place d'un comité sur la diversité" ou 43.000 euros pour une étude sur l'image de France Télévisions ! Autre prestation hallucinante facturée à prix d'or, le discours des voeux de Patrick de Carolis aux salariés pour... 7.000 euros !
Pendant quatre ans, sa société empoche ainsi 1,2 million "sans la moindre mise en concurrence" révèle Le Canard. France Télévisions n'aurait ainsi fait aucun appel d'offre pour ces prestations alors que la loi l'y oblige. "Ses services sont dispatchés en petits marchés, commandés sur simple échange de courriers avec les copains de la direction et du secrétariat général", assure notre confrère.
Pourquoi Patrick de Carolis, patron du groupe public à cette époque, n'a-t-il jamais mis son veto à de telles pratiques ? Quand la tutelle va-t-elle enfin mettre son nez dans les comptes pour débarrasser France Télévisions de ces prestataires coûteux et souvent inutiles ? Rémy Pflimlin, nouveau patron du groupe public, continuerait à bénéficier des chers conseils de Bastien Millot aujourd'hui. Qui assure au Canard pour sa défense qu'il n'a fait que "répondre à un besoin".
Ces besoins devraient, "ces jours-ci", être examinés et décortiqués par un juge suite à la plainte déposée en janvier dernier par le syndicat CGC des cadres de France Télévisions. La deuxième en deux ans ! Car en 2011-2012, elle avait été classée "au terme d'une drôle d'enquête préliminaire"... en pleine campagne présidentielle.