Au cours de sa longue interview donnée cette semaine aux Inrocks, Bertrand Cantat a largement critiqué l'attitude des médias à son égard depuis le drame de Vilnius en 2003. Parlant à plusieurs reprises de "cirque" ou de "feuilleton", il a dénoncé leur recherche permanente du "spectaculaire" au détriment d'une vérité souvent plus complexe.
Bertrand Cantat a ainsi expliqué avoir très rapidement cherché, après la mort de Marie Trintignant, à se protéger de la presse. "Dès la première seconde, j'ai été dépossédé de l'histoire, du drame lui-même, a-t-il affirmé. J'ai très vite compris que mon histoire allait m'être volée. Ma vision, mon témoignage n'ont pas eu le droit de cité : on est immédiatement dans le médiatique, le spectaculaire, on ne veut ma parole que pour alimenter le cirque". "Et dans ces conditions, pas question, j'ai essayé de garder de la décence. J'ai su très vite que je ne pourrais pas m'expliquer" a-t-il aussi confié. Au cours de l'entretien, l'ex-leader de Noir Désir a choisi de charger particulièrement Paris Match. Evoquant les toutes premières heures suivant son crime, il a raconté avoir tenté de se suicider. Quant il s'est reveillé à l'hôpital 48h après sa tentative avortée, "Paris Match était déjà là pour des photos. Le début d'une aubaine fabuleuse pour ce genre de gens..." a-t-il raconté avec mépris.
Mais au-delà de ce journal, c'est tout un système réducteur, déshumanisant et destructeur qu'a condamné le chanteur dans son interview. Un maelstrom médiatique qui, au-lieu de relater des faits complexes, privilégierait, selon lui, une réalité caricaturale qui l'arrange. "Très vite, le traitement de ce drame a été orchestré : tout a débordé. Pour feuilletonner, il fallait que tout soit en noir et blanc, avec des angles bien droits" a-t-il expliqué. "Mes remords, ma souffrance, ma sensibilité, ça ne marchait pas dans cette histoire. Je suis alors devenu une caricature. Le fait que j'aime tant Marie, on l'a gommé de mon histoire. Il ne fallait que du sordide, tout ce qui était beau a été occulté", a confié le chanteur. Avant d'ajouter, un peu après : "J'ai été dépossédé de moi-même, je ne m'appartiens pas, je suis devenu une chose. Le cirque a pris le pouvoir, en ignorant l'amour, en négligeant la complexité..."
Revenant enfin sur son image actuelle, une nouvelle fois attaquée par certains après le suicide de son ex-épouse, Krisztina Rady, Bertrand Cantat a de nouveau blâmé le système médiatique. "C'est affreux, abject d'être devenu le symbole de la violence contre les femmes. Des gens que je ne connais pas existent désormais grâce à ça, avec un rapport très malsain aux médias, à la célébrité", a expliqué le chanteur de 49 ans. "On leur a donné un rôle dans le feuilleton et ils salissent la mémoire de notre amour : là encore, tout est fait pour qu'il n'en reste rien de bien".