En demande-t-on trop à Canal+ ? C'est en tout cas l'avis de Maxime Saada, directeur général du groupe, interrogé ce matin dans "Le Figaro". Dans un secteur devenu de plus en plus concurrentiel avec des plateformes comme Netflix, Amazon et Altice Studio, Maxime Saada, directeur général du groupe Canal +, demande un assouplissement de ses obligations envers le 7e art. C'est ce qu'il a exposé aux organisations professionnelles du cinéma, rencontrées hier. "Nous avons mis tous les sujets qui fâchent sur la table", explique le responsable du groupe.
Parmi "les sujets qui fâchent", Canal+ a l'obligation de préfinancer les films français et européens à hauteur de 12,5% de son chiffre d'affaires jusqu'en 2019, contrairement à ses principaux concurrents. L'investissement 2017 s'élèvera à 160 millions d'euros, en baisse de 35 millions d'euros, sur un an, en raison "d'une baisse de l'activité de Canal+ France". "Notre priorité est donc de rétablir une forme d'équité pour pouvoir nous battre à armes égales", souligne Maxime Saada, qui suggère par exemple de "mutualiser (ses) obligations de dépenses envers le cinéma et celles envers la fiction (3,5% du chiffre d'affaires)". Et de préciser : "Nous voulons conserver notre statut de chaîne généraliste, mais nous ne voulons pas être pénalisés".
Maxime Saada affirme au passage que "Canal+ est l'opérateur le plus vertueux du secteur" et évoque le chiffre de 400 millions d'euros d'investissement par an dans le cinéma, en mettant bout à bout les dépenses de Canal+, Ciné+, C8 et Studio Canal.
Outre l'investissement, le groupe de Vincent Bolloré veut aussi faire bouger les lignes sur la chronologie des médias, en avançant à six mois le délai de première diffusion d'un film sur la chaîne cryptée, contre dix actuellement. Le groupe entend enfin obtenir des parts de coproduction sur les films et les séries qu'il finance : "Aujourd'hui, Canal+ dépense environ 2 milliards d'euros par an dans les contenus et il n'est propriétaire de rien".
Si Maxime Saada reconnaît dans l'interview que la situation de son groupe tend à s'améliorer, il estime que "cela n'aura de plein effet que progressivement". Mais il promet que "si la situation financière du groupe se redresse, nous serons prêts à renforcer encore notre contribution unique au cinéma français". Visiblement, le cinéma français devra donc d'abord faire le premier pas. Or, le secteur est légèrement échaudé par la récente affaire des droits d'auteur, que le groupe Canal+ refusait de payer.