Le temps des excuses. Vendredi dernier, dans "Par Jupiter !" sur France Inter, Frédéric Fromet a interprété une chanson composée par ses soins sur l'air de "Jésus revient" célèbre morceau issu de la bande originale du film "La vie est un long fleuve tranquille". L'idée de l'humoriste ? Tourner en dérision la décision d'un juge brésilien qui a interdit la diffusion sur Netflix de la comédie "La première tentation du Christ" au prétexte que celui-ci semble entretenir une relation homosexuelle. Une décision finalement cassée par la Cour suprême brésilienne. Dans son morceau pour France Inter, Frédéric Fromet avait utilisé un langage pour le moins direct. Morceaux choisis : "Jésus est pédé, membre de la LGBT. Du haut de la croix, pourquoi l'avoir cloué, pourquoi l'avoir pas enculé ?" ou encore "Jésus est pédé. Y'a pas que l'hostie qu'il faut sucer. Du haut de la croix, Jésus aime son prochain, surtout s'il est masculin".
"Je vais prendre un peu de temps pour le courrier la semaine prochaine. Rappelons que le droit au blasphème est un droit et que si on ne l'utilise pas, il s'use. Et qu'on est Charlie", avait lancé Charline Vanhoenacker à la fin de cette chronique, sentant venir la polémique. Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été nombreuses et la chanson a également indigné des responsables politiques tels que l'eurodéputée Nadine Morano ou des représentants du Rassemblement national. Cyril Hanouna s'en est également ému sur C8 dans "Touche pas à mon poste" en se disant "extrêmement choqué".
Ce mercredi, par l'intermédiaire de la médiatrice des antennes de Radio France, Frédéric Fromet a donc présenté ses excuses, "tout en revendiquant (son) droit à l'erreur dans un exercice qui reste très périlleux". Si le chansonnier qui se prête à l'exercice chaque vendredi sur la station a convenu que sa chronique était "ratée", il a rappelé qu'elle avait pour seul but de "dénoncer l'homophobie". Dans un plus long message, la patronne de France Inter Laurence Bloch a réagi à son tour pour estimer : "la crudité de certaines expressions ne me semble pas appropriée, quelles que soient les intentions de l'auteur que je connais bien et dont j'estime le travail par ailleurs".
Et la responsable de rappeler que Frédéric Fromet a de nombreuses chroniques à son actif : "Il couvre à sa façon depuis 5 ans l'horreur des attentats, la violence de nos sociétés, l'indifférence aux malheurs du monde sur un mode humoristique et paroxystique. C'est un exercice extrêmement difficile, risqué et donc quelquefois raté". Mais pour Laurence Bloch, au-delà des mots crus employés par l'intéressé, l'important est de pouvoir continuer à défendre la liberté d'expression sur France Inter. "Je voudrais donc à mon tour présenter aux auditeurs et auditrices que cette chronique a pu choquer tous mes regrets les plus sincères. Je voudrais aussi redire combien il est important que nous continuions toutes et tous à défendre le principe de la liberté d'expression, le droit à l'outrance, à la caricature, à la satire. Nous le devons aux victimes de 'Charlie Hebdo'. Nous le devons à toutes celles et ceux qui dans les pays totalitaires risquent leur vie pour cette liberté", conclut ainsi la patronne de la station.