Interview
Christophe Dugarry : "Je n'ai pas envie d'être le Bourdin du football"
Publié le 15 mai 2018 à 17:56
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie, l'animateur de "Team Duga" sur RMC s'est confié auprès de puremedias.com.
Christophe Dugarry Christophe Dugarry© Abaca
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puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la prochaine Coupe du monde de football, qui se déroulera en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Christophe Dugarry, membre phare de la Dream Team RMC et présentateur de "Team Duga" a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

Partie Coupe du monde

puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Mon meilleur souvenir d'une Coupe du monde... Y'en a plein ! Y'en a des histoires incroyables... Mon meilleur souvenir, ça restera mon premier but lors du match de la France contre l'Afrique du sud en 1998. Pour moi, ça a été un tournant important dans ma carrière. Ca a été décisif. C'est le moment le plus fort.

"J'étais juste effondré et je crois que je ne m'en suis toujours pas remis" Christophe Dugarry

Quel est votre plus mauvais souvenir ?
Le plus mauvais, c'est France/Allemagne en 1982. J'avais 10 ans, j'étais devant la télévision chez mes grands-parents et c'étaient mes premiers pleurs. On se fait éliminer par les Allemands. On mène 3-1, ils égalisent 3-3. On perd aux pénalties. C'est juste horrible. J'étais passé par toutes les émotions possibles et inimaginables. C'est la première fois que je pleurais devant un match de football. J'étais juste effondré et je crois que je ne m'en suis toujours pas remis.

Qui sera la surprise de cette Coupe du monde en Russie ?
Est-ce qu'il y en aura une ? Il y en a toujours une. Est-ce que si je dis la Belgique, ça en sera véritablement une, une surprise ? Ils font partie des outsiders crédibles. Je pense que la Belgique va être une équipe très ouverte à jouer.

La France peut-elle aller jusqu'au bout ?
Ils peuvent. Sincèrement, tout est possible dans le football. Les matchs face à la Russie et face à la Colombie, ils m'ont un peu inquiété. Cette équipe n'a pas encore une âme. Elle arrive à créer cette âme quand elle est dos au mur, lorsqu'elle est en difficulté. Est-ce qu'on sera capable dans la difficulté de se retrouver ? Je l'espère et je le souhaite. Je reste optimiste. Ce qui m'inquiète, c'est que j'ai vu les adversaires et ils sont sacrément forts.

Partie médias
"Je prenais un peu trop les choses à coeur" Christophe Dugarry

En tant que consultant sur RMC, comment abordez-vous cette Coupe du monde ?
Très tranquille, très serein. J'aime le foot, c'est ma passion. C'est ma vie. Avec beaucoup d'enthousiasme et d'envie. C'est une compétition magnifique.

Dans le dispositif de RMC et BFMTV, quelle sera votre place ?
Grosso modo, je ne vais travailler que les 15 premiers jours. Je m'arrête le 30 juin. Ils nous ont demandé si on voulait aller jusqu'au 15 juillet. J'ai dit non, parce que je voulais partir en vacances et parce qu'on reprend la saison le 10 août pour une année complète. Je sais que j'ai besoin de récupérer. On n'a pas beaucoup de vacances par an. On a deux semaines de septembre à juin. En dix mois, c'est quand même assez hard. Je n'ai pas voulu aller jusqu'au bout. Sur les quinze jours, je ferai quatre heures d'antenne par jour, réparties sur les différentes antennes.

Vous êtes consultant, mais aussi chef de bande dans "Team Duga". Lequel des deux postes préférez-vous ?
Consultant, ça me va très bien. Je n'ai pas d'égo. Je n'ai pas d'ambition particulière. Je n'ai pas envie d'être le Bourdin du football. Je fais mon émission. J'essaye de le faire du mieux possible. Les gens qui veulent débattre et donner leur avis sont les bienvenus dans mon émission. On a une bonne équipe, avec des avis et des caractères différents. Par moment, ça chauffe un peu. C'est aussi ça qui est agréable.

Qu'est-ce qui a été le plus compliqué au début ?
D'avoir du recul sur les choses. Peut-être que je prenais les choses un peu trop à coeur. Il faut qu'il y ait aussi de l'humour, du chambrage et de la moquerie. Je vois Eric Di Meco (consultant, ndlr), même s'il ne pense pas certaines choses, il le dit pour me chauffer. Il veut me faire monter dans les tours. Il y a aussi ce jeu-là que je n'appréhendais pas forcément au début. Je prenais un peu trop les choses à coeur. Ca m'arrive encore un peu aujourd'hui.

"Est-ce que les journalistes aiment le foot ? Est-ce qu'ils aiment les joueurs ? Est-ce que c'est des salopards ? Est-ce qu'ils veulent te la faire à l'envers ? Toutes ces questions, tu te les poses quand tu es joueur" Christophe Dugarry

Lorsque vous étiez joueur, vous imaginiez un jour travailler pour un média ?
Ce que j'ai pris par les journalistes, je ne te cache pas que... J'ai eu une carrière très difficile, où j'ai été beaucoup chahuté par la presse. Donc, non, je ne m'y attendais pas du tout. Je voulais terminer ma carrière et faire le tour du monde.

Il y a 20 ans, vous tiriez la langue à la presse et aux journalistes. Aujourd'hui, vous êtes critique avec les joueurs. Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction ?
Je ne sais pas s'il y a une contradiction. Je dis ce que je pense. Après, j'ai été l'un des joueurs les plus critiqués. Jamais je ne me suis permis d'appeler un journaliste, pour lui dire : "Sincèrement, ce que tu as dit sur moi, ce n'est pas bien". Ca ne m'est jamais arrivé. J'ai accepté la critique parce que je sais que ça fait partie du jeu. Je devais certainement avoir un peu de responsabilité, dans mon attitude, dans mes performances. Ce n'est pas toujours la faute des journalistes. C'est pour ça que quand je suis arrivé à Canal, on a voulu me faire signer d'entrée 3 ou 4 ans. J'ai dit "non". Je voulais voir ce que c'est que le monde du journalisme, comment ça se passe dans une rédac' et ce que sont réellement les journalistes. Est-ce qu'ils aiment le foot ? Est-ce qu'ils aiment les joueurs ? Est-ce que c'est des salopards ? Est-ce qu'ils veulent te la faire à l'envers ? Toutes ces questions, tu te les poses quand tu es joueur. Aujourd'hui, le journaliste, c'est un peu l'ennemi. Il y en a beaucoup en qui tu ne peux pas faire confiance et tu en as certains qui travaillent bien. Certains veulent juste faire du buzz. Peut-être plus aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Il faut se méfier et voir où tu mets les pieds. J'avais dit à Alexandre Bompard (ancien directeur des sports de Canal+, ndlr) que je voulais faire 8 mois pour voir comment ça se passe. Je me suis rendu compte qu'à Canal, les mecs adoraient le football. Ce sont des vrais passionnés. Ils n'étaient pas aigris, sympas, simples. Ils avaient parfois des infos qui ne sortaient pas pour ne pas mettre en porte-à-faux les joueurs. L'image que j'avais des journalistes n'était pas du tout la bonne. Ce n'est pas parce que j'ai été critiqué, que je dois me taire. Surtout, je suis le premier à me critiquer. La critique, elle existe et elle doit exister. Après, il ne faut pas qu'il n'y ait de l'acharnement.

Dans votre émission, vous avez une liberté de ton. Vous êtes passé par plusieurs médias. Est-ce que c'est propre à la ligne de RMC ?
J'ai l'impression. Mais à Canal, j'avais la même liberté de ton. Je travaillais avec Pierre Ménès pendant beaucoup d'années. On ne nous a jamais dit : "Il ne faut pas faire ça, il ne faut pas dire ça". Après, bien évidemment, il y a des présidents qui se plaignent et qui appellent la direction. Ce n'est jamais revenu jusqu'à moi que ce soit à Canal ou à RMC. Je sais, par les patrons, que certains présidents appellent : "Ouais, Duga, il a été dur". Mais on ne m'a jamais demandé de me calmer.

"Je n'ai pas d'égo. Je n'ai pas envie d'être numéro 1. Je ne me regarde pratiquement jamais à la télé" Christophe Dugarry

Vous êtes toujours en contact avec les équipes du "Canal Football Club" ?
Je vois souvent Dominique Armand, Habib Beye, Pierre Ménès. Je regarde encore l'émission. C'est une émission phare, qui résume bien le football.

Vous pourriez un jour y retourner ?
Je ne crois pas. J'ai fait 10 ans à Canal. Je vais faire 4 ans à RMC. Ca va me faire 14, 15 ans. Je n'ai pas envie de passer ma vie dans les médias. Ce n'est pas la vie que j'ai envie d'avoir. Aujourd'hui, j'ai 46 ans. Ma passion, c'est le golf. J'ai envie de faire le tour du monde des golfs. Je n'ai pas envie de passer ma vie dans les médias, à juger, parler football. C'est un peu redondant aussi. Ce n'est pas la vie que j'ai envie d'avoir. On m'a proposé de devenir entraîneur d'un club de football. J'ai envie d'avoir une vie très cool, très peinarde. Je veux profiter, faire le tour du monde, rester avec mes enfants. Après ma carrière de footballeur, j'ai travaillé très tôt dans les médias. Donc je ne serai pas le prochain Jean-Michel Larqué.

Il est alors impossible de vous imaginer à la télévision dans un autre domaine que le football, comme l'a fait David Ginola dans le divertissement sur M6 ?
Non. Je ne ferai jamais ça. (rires) Ce n'est pas pour moi. Je n'ai pas d'égo. Je n'ai pas envie d'être numéro 1. Je ne me regarde pratiquement jamais à la télé. Là, je fais de la télé parce que ça m'occupe, ça me plaît, ça me permet de rester dans ma vie, dans le football.

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