La culture au quotidien change de forme mais pas de visage sur France 5. Ce soir, à 20h20, Claire Chazal prendra les commandes de "Passage des arts". Ce nouveau rendez-vous culturel quotidien, produit par France Télévisions et tourné sur le plateau de "Télématin" et du "20 Heures" de France 2, prend la place d'"Entrée libre". L'émission produite en externe par Tetra Media, a été sacrifiée pour des raisons budgétaires. Claire Chazal, elle, a sauvé sa place. puremedias.com s'est entretenu avec la journaliste.
Propos recueillis par Pierre Dezeraud.
puremedias.com : Nous vous avions en quitté en mai à la tête d'"Entrée libre". Nous vous retrouvons en septembre aux commandes de "Passage des arts". Qu'est-ce qui différencie ces deux programmes ?
Claire Chazal : Le principal changement, c'est que nous recevons un invité par jour. Nous en aurons donc désormais cinq par semaine et non plus un comme dans "Entrée libre". Nous aurons ainsi une plus grande liberté de balayer tous les univers et nous pourrons ainsi ne pas simplement recevoir des acteurs très connus mais par exemple des auteurs de premier roman, des chanteurs, des jeunes plasticiens, des couturiers.
Cette place plus importante accordée à l'échange avec l'artiste, ça va vous permettre de mettre plus de vous-même dans le programme ?
Oui, ce qui est nouveau pour moi, c'est qu'au lieu de transmettre et de passer des sujets, de manière assez passive, comme je le faisais déjà dans les journaux, j'ai désormais un rôle très actif. Je suis dans l'appréciable contrainte d'explorer un univers, de mettre en confiance, de faire dire quelque chose à quelqu'un chaque jour. Evidemment, c'est plus de travail mais c'est plus gratifiant.
Les invités que vous recevez sont de votre choix ?
Ce sont des invités que nous choisissons au sein de la petite équipe de "Passage des arts". Chacun donne son avis et en général nous tombons assez rapidement d'accord. Nous définissons la programmation trois semaines à l'avance. Nous voulons que l'éventail soit très large. Dans les premières, ça ira de Guillaume Gallienne à Mika en passant par Oxmo Puccino, Julie Fuchs et Amélie Nothomb.
Vous êtes combien dans cette petite équipe dont vous parlez ?
Nous sommes une petite dizaine. Avec deux rédacteurs en chef, trois journalistes et deux documentalistes.
Rien à voir avec les 70 personnes qui travaillaient sur "Entrée libre", donc !
Nous étions bien plus nombreux mais c'est normal, il y avait beaucoup plus de sujets tournés. Là, il n'y en aura que deux par émission : le portrait et un sujet de presque trois minutes sur l'actualité culturelle. Sur "Entrée libre", il y avait quatre ou cinq sujets tournés par émission, ça nécessitait évidemment la mobilisation de toute une rédaction.
"Je ne représente plus un enjeu"
L'année dernière, quand vous avez appris l'arrêt d'"Entrée libre", vous-êtes vous mobilisée pour que cette émission se poursuive ?
J'ai appris l'arrêt de cette émission très tôt. Nous avons été prévenus au mois de décembre. Je remercie d'ailleurs Nathalie Darrigrand (directrice des programmes de France Télévisions, ndlr) d'avoir eu cette franchise. À ce moment-là, j'ai entrepris des discussions acharnées avec France Télévisions. Je voulais les convaincre de l'importance d'un rendez-vous culturel quotidien sur le service public. Ils avaient des contraintes budgétaires. J'ai compris cela. Et au bout du compte, à force de discussions, j'y suis arrivée. Pour vous répondre très clairement, ma priorité, c'était de garder "Entrée Libre" et que toute l'équipe soit conservée. Je sais d'expérience qu'une marque est très difficile et très long à installer sur une antenne. Je trouvais qu'"Entrée Libre" était à ce titre un actif très précieux. Jusqu'au bout, j'ai donc défendu l'équipe de cette émission. Après, on m'a expliqué que, pour des raisons économiques, qui s'appliquent d'ailleurs à tous, ce n'était pas possible puisqu'il était prévu d'internaliser la production de l'émission à France Télévisions.
Dans un papier du "Parisien", daté du printemps dernier, il est écrit que vous avez intrigué pour sauver votre place au détriment des équipes de l'émission. Que répondez-vous à cela ?
Je ne sais pas très bien ce que veut dire "intriguer" si ce n'est que ce pas un joli mot. Je ne représente plus un enjeu. Il n'y a pas d'enjeux politiques sur moi. Je n'anime pas un journal puissant, il n'y a pas 10 millions de gens qui me regardent. Je ne vois pas quel moyen j'aurais d'intriguer. J'ai juste exprimé une passion et une envie de continuer.
Cette baisse des moyens alloués entre "Entrée Libre" et "Passage des arts", comment faire pour qu'elle ne se ressente pas sur le contenu ?
J'espère qu'elle ne se ressentira pas, ce sont les téléspectateurs qui jugeront. Il est vrai qu'il y aura moins de culture dans l'image mais, en revanche, il y aura plus de présence humaine et d'artistes présents à l'antenne.
Personnellement, vous avez accepté de baisser votre salaire entre ces deux programmes ?
Il sera globalement inférieur à celui de la saison dernière.
Il y a un objectif d'audience qui a été fixé ? L'année dernière, "Entrée Libre" rassemblait chaque soir une moyenne de 330.000 personnes (1,4% de PDA).
Ce serait bien de se maintenir à ce niveau. Mais il faut être très modeste. Une nouvelle émission, à fortiori culturelle, met beaucoup de temps à s'installer.