Gros pari pour W9. Ce soir à 20h55, la petite soeur de M6 lance les "W9 d'or de la musique", une cérémonie de récompenses présentée par Erika Moulet et Jérôme Anthony, qui se distingue de ses rivales par son principe-même. Ici, pas de votes du public ou de professionnels : les artistes récompensés sont ceux qui ont rencontré le plus de succès cette année. Tout au long de la soirée, les artistes français se succéderont donc pour découvrir le plus écouté en streaming, le titre le plus shazamé de l'année ou encore les albums les plus vendus. A cette occasion, puremedias.com s'est glissé dans les coulisses de l'enregistrement la semaine dernière et s'est entretenu avec Bruno Fallot, qui produit l'émission pour FremantleMedia.
Propos recueillis par Charles Decant.
D'où vient l'idée de lancer une nouvelle cérémonie de récompenses, les W9 d'or de la musique ?
L'idée vient de Home Productions, qui est co-producteur avec Fremantle et qui fait les Home concerts pour W9. Et la chaîne a tout de suite dit oui parce qu'il y a une vraie différence avec les autres cérémonies. C'était l'enjeu d'ailleurs, avoir un positionnement différent. Faire du copier-coller, ça n'a aucun intérêt d'autant que certains le font très bien. L'idée est donc de tout baser sur les chiffres : pas de vote du public, pas de fans - parce qu'on sait que les communautés de fans peuvent influencer les résultats -, pas de jury de professionnels, juste le choix populaire qui se traduit dans les chiffres de ventes, d'écoutes, etc. C'est comme ça qu'on a à la fois du Renaud et du Jul, d'autant qu'on ne voit jamais Jul en télé alors que c'est l'artiste d'une génération.
Tous les artistes français - mais pas nécessairement francophones - sont éligibles, c'est ça ?
Absolument.
Stromae n'aurait par exemple pas été éligible, pas plus que Céline Dion qui a cartonné cette année avec l'album "Encore un soir"... ?
C'est ça, et vu le succès de l'album, on a décidé d'attribuer à Céline Dion un W9 d'or. Quand on a vendu plus de 500.000 albums, ça aurait paru choquant de passer à côté, même si techniquement elle n'était pas éligible.
Pourquoi enregistrer l'émission et ne pas la proposer en direct ?
Pour une question de disponibilité d'artistes. Le problème du mois de décembre est qu'il y a des émissions de variétés partout, que les artistes sont ultra-sollicités. On s'est rendu compte que cette date était beaucoup plus pratique pour avoir un vrai panel d'artistes. Je préfère qu'on ne soit pas en direct mais qu'on ait vraiment quinze artistes importants qui viennent tous pour proposer un show de qualité.
Mais on perd l'un des piments d'une cérémonie de récompenses en direct, qui est le fait que tout peut arriver...
Là il s'est passé des choses ! Sur scène d'abord, notamment la surprise de Renaud - car c'était une surprise pour nous aussi ! Renaud était en province, on avait son accord de principe sur sa présence, mais seulement si c'était techniquement possible en termes de transport, etc. Quand à 22h je reçois un texto qui me dit qu'il est là dans 10 minutes, on se dit que c'est bon. Et quand il regarde des coulisses Louane qui lui rend hommage, il chante pendant qu'elle chante et il décide de lui faire une surprise, sans rien demander à personne... Et en coulisses, il s'est passé plein de choses aussi qu'on va montrer. On a tourné dans les conditions du direct, tous les artistes ont joué le jeu des backstage où ils se retrouvent, se congratulent, font des boeufs... Il y a un côté Les Enfoirés et c'est hyper spontané.
Quel est le défi principal quand on produit une cérémonie comme les W9 d'or ?
C'est de ne pas tomber dans une sorte de mécanique "vieille télé" de remise de prix, et que ça soit une remise de prix parmi d'autres. Donc on a essayé de faire quelque chose d'un peu moderne. C'est pour ça qu'on n'a pas de remettants, par exemple, à deux exceptions près mais ces deux exceptions sont là parce qu'on raconte une histoire. Et on n'a pas le magnéto des nommés, l'ouverture de l'enveloppe, la petite phrase écrite par un auteur au prompteur qui ne tombe pas toujours juste. Là, on a les magnétos qui sont bien faits, qui annoncent le troisième et le deuxième avant le gagnant - ça aussi, c'est nouveau, on n'a pas que le gagnant.
Comment ont été choisis les animateurs ?
C'est un choix de la chaîne, on m'a appelé en me disant qu'Erika Moulet et Jérôme Anthony animeraient la cérémonie - avec Tal.
C'est aussi W9 qui a suggéré Tal ?
Absolument. Et comme on avait prévu de jouer sur les backstage, ça avait un sens d'y avoir une artiste plutôt qu'une animatrice, qui puisse parler musique et faire de la musique avec les artistes. C'était une très bonne surprise.
Au-delà du concept différent, les NRJ Music Awards sont une cérémonie importante pour TF1, c'est un énorme budget. Est-ce qu'il y avait une crainte de faire cheap en proposant une cérémonie pour une chaîne de la TNT.
Jamais on ne s'est comparé aux NMA, vraiment. Dès le départ, on partait sur une idée différente. Le seul point commun, c'est la remise de prix. Mais c'est une émission de variété complètement différente. Si on avait eu peur de faire cheap, on ne l'aurait pas fait. Là, on a eu la chance d'avoir un plateau magnifique, on a des tableaux de fou, des équipes chez Fremantle habituées aux gros barnums, et tout le monde s'est jeté à corps perdu dans cette émission parce que ça nous a plu à tous. Le but était qu'on en mette plein la vue, et ça passe à l'image par le plateau et la programmation.