Le plus dur reste à faire pour le groupe TF1. Depuis plusieurs mois, la filiale de Bouygues tente, à l'instar du groupe M6, de convaincre les opérateurs de payer pour distribuer ses chaînes et les services associés à travers l'offre "TF1 Premium". Le groupe audiovisuel dirigé par Gilles Pélisson est parvenu à trouver un accord avec Bouygues, sa maison mère, mais aussi avec SFR, après un bras de fer de plusieurs mois avec ce dernier. De son côté, le groupe M6 s'est accordé sans hausser le ton avec SFR, Bouygues et Orange.
Du côté de TF1, la manoeuvre est plus délicate. Le groupe audiovisuel n'est pas parvenu à trouver un nouvel accord avec Orange, qui refuse de passer à la caisse, alors que le précédent contrat a expiré cette semaine. Résultat, engagée dans une partie de poker menteur qui dure depuis plus d'un an, la Une a coupé hier l'accès à son replay pour les abonnés Orange. Le groupe TF1 réclame également à l'opérateur qu'il cesse l'exploitation de ses chaînes auprès de ses abonnés sur les box, menaçant ce dernier d'utiliser "tous les moyens juridiques à sa disposition" pour faire valoir ses droits.
La réponse du berger à la bergère n'a évidemment pas tardé. Hier, dans un communiqué, l'entreprise dirigée par Stéphane Richard a fustigé l'attitude "déplorable" du groupe TF1, regrettant que ce dernier prenne "ses clients en otage". Invitée ce matin de RTL, Fabienne Dulac, directrice exécutive d'Orange France, a expliqué que les services proposés par TF1 "n'étaient pas à la hauteur". La dirigeante a toutefois appelé au dialogue, disant espérer parvenir à un accord avec Gilles Pélisson "dans les prochains jours".
Alors que le conflit entre TF1 et Orange fait les gros titres, c'est au tour de Free, qui est resté plus discret que son concurrent ces derniers mois, - même si sa position est connue depuis le printemps - de faire entendre sa voix. Interrogé par nos confrères du "Figaro", Maxime Lombardini, DG de Free, annonce que l'opérateur refuse d'accéder aux demandes de TF1, d'ailleurs qualifiées "d'extravagantes". "Les discussions sont au point mort. Je suis pessimiste sur la suite", déclare également le directeur général de la filiale du groupe Iliad.
Selon "Le Figaro", les discussions seraient également au point mort avec Canal+, qui a déjà signé avec M6. Ce front commun qui fait face à TF1 et la perspective d'un blocage mortifère pour le secteur pourraient forcer les pouvoirs publics à se saisir de l'affaire. Pour l'heure, le groupe audiovisuel privé campe sur ses positions, se servant de l'accord qu'il a conclu avec SFR en guise de jurisprudence. TF1 souhaite ainsi que Free et Orange déboursent "le même prix par abonné" que celui qui a été convenu avec l'opérateur d'Altice, soit des sommes respectivement évaluées au global à 20 et 25 millions d'euros.
Mis à jour 02/02/2018 à 17h55 : Interrogé par nos confrères du "JDD", Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, déclare n'avoir "aucunement l'intention de céder au chantage inadmissible" de TF1, précisant que ce dernier réclame "une dizaine de millions d'euros" à Canal+. Le groupe, filiale de Vivendi, se dit prêt à "envisager assez vite une coupure du signal des chaînes gratuites du groupe TF1 sur (ses) différents supports". Maxime Saada, qui s'insurge contre la volonté de TF1 de "faire payer le consommateur et Canal pour des chaînes diffusées gratuitement" assure que "Canal représente entre 15 et 20% de l'audience des chaînes gratuites du groupe TF1".