Partie de poker menteur en cours entre TF1 et les fournisseurs d'accès à internet (FAI). Lors de la présentation de ses résultats 2016 ce matin, le groupe de Gilles Pélisson a tenu à réaffirmer sa détermination à faire payer Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom* en échange de la distribution de ses chaînes sur leurs box.
En juillet 2016, BFM Business révélait que le nouveau PDG de TF1 avait lancé un ultimatum aux opérateurs français, exigeant qu'ils payent dès 2017 près de 100 millions d'euros par an pour distribuer les chaînes TF1 et leurs services associés (comme le replay), contre 10 millions d'euros actuellement. Cette initiative avait naturellement provoqué une levée de boucliers collective des FAI, qui ont pour l'instant refusé de se soumettre à la volonté de TF1.
Alors que les négociations n'ont toujours pas abouti six mois plus tard, Gilles Pélisson et ses équipes ont décidé de mettre publiquement la pression sur les opérateurs telecom. "Il y a vraiment un problème de partage de valeur à rééquilibrer. Nous sommes très déterminés", a ainsi affirmé ce matin Régis Ravanas, directeur général adjoint de TF1 chargé de la publicité. "Les discussions ne sont pas simples naturellement parce que c'est un changement de modèle", a-t-il ajouté. Avant de menacer : "Mais nous voulons aller jusqu'au bout et si cela devenait nécessaire - ce que nous n'espérons pas - aller jusqu'à se passer de diffusion du signal TF1 sur certaines plateformes".
Dans cette affaire, TF1 essaye d'importer en France une pratique courante en Europe et aux Etats-Unis, mais totalement inconnue dans l'Hexagone. Lors de sa prise de parole, Régis Ravanas a d'ailleurs cité l'exemple de la Belgique, pays dans lequel le signal TF1 est payé par les opérateurs Orange et SFR, via leurs filiales dans le pays. Ces "carriage fees" sont également une source de revenus non-négligeable des câblo-opérateurs américains. Outre-Atlantique, ils peuvent ainsi représenter jusqu'à 30% du chiffre d'affaires des chaînes de télévision, soit parfois davantage que la publicité.
Reste maintenant à savoir si TF1 ira réellement jusqu'au bout dans ce dossier. Alors que près de 40% des foyers français reçoivent la télévision uniquement par câble, satellite ou ADSL, priver de signal les opérateurs récalcitrants reviendrait pour le groupe audiovisuel à se priver d'une audience considérable. Le groupe de Gilles Pélisson est-il véritablement prêt à courir ce risque ? Réponse dans les mois à venir. Selon BFM Business, les contrats de distribution liant TF1 aux FAI français courent jusqu'à avril prochain.
*Filiale du groupe Bouygues, maison-mère de TF1