Sixième radio nationale française. Sur la vague novembre-décembre 2017, France Bleu se stabilise à 3,8 millions d'auditeurs et gagne 25.000 auditeurs sur un an, selon Médiamétrie. Malgré une baisse de 55.000 paires d'oreilles sur une vague, la station a doublé Europe 1. puremedias.com a demandé à Eric Revel, patron de France Bleu, de commenter ces résultats.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Avec 3,8 millions d'auditeurs en moyenne et 25.000 personnes supplémentaires sur un an, c'est une satisfaction pour France Bleu.
Eric Revel : Tout à fait. D'abord, parce qu'on est dans un univers radiophonique qui recule et la solide stabilité de France Bleu entourée de ses valeurs classiques - la proximité, la culture, la musique - montre qu'il y a un véritable espace pour cette radio. Être à 7 points (de parts de marché, ndlr) aujourd'hui dans cet univers qui recule, c'est une satisfaction. D'autant plus qu'on a mis en place il y a quelques mois des changements dans la matinale et dans l'émission d'accueil de 9h à 11h. Ces changements donnent l'impression qu'ils portent leurs fruits, parce qu'entre 9h45 et 11h15, France Bleu est la deuxième radio de France. Il faut féliciter tous ceux qui travaillent dans les 44 locales et leurs directeurs, pour ce très beau résultat.
"Les 44 radios permettent d'incarner avec énormément de crédibilité et de professionnalisme cette proximité."
La station double Europe 1 et devient sixième radio nationale, c'est historique ! Comment expliquez-vous ce classement ?
On a essayé de faire évoluer par petites touches cette tranche de la matinale et cette grande tranche de 9h-11h, qui traite à la fois de la vie quotidienne, du patrimoine, de la cuisine, du terroir et de la proximité. C'est le fruit du travail des équipes sur place. Bon, évidemment, il y a aussi les problèmes liés à Europe 1 et à sa grille, dont nous bénéficions, c'est vrai. Je pense que pour les équipes, le travail commence à porter ses fruits.
France Bleu, c'est 44 stations locales en France. Est-ce que ce n'est pas aussi ça le moteur de cette radio ?
C'est le principe du réseau de France Bleu. Les 44 radios qui maillent de manière très fine le territoire permettent d'incarner avec énormément de crédibilité et de professionnalisme cette proximité. Ce sont les 44 antennes de France Bleu qui engrangent ce résultat.
"On veut être la plus musicale des généralistes et la plus généraliste des musicales."
Quels sont les objectifs de France Bleu désormais ?
On va continuer de travailler. On fait ce qu'on appelle des "séminaires de reconquête" que l'on fait avec 3 ou 4 locales en même temps. Ils sont faits depuis plusieurs mois sur le terrain. On échange beaucoup, tout en essayant de continuer à rester ce qu'on est. On veut être la plus musicale des généralistes et la plus généraliste des musicales. On va essayer par petites touches de faire évoluer notre offre éditoriale pour permettre précisément de continuer à se développer et à porter haut les couleurs de cette proximité. Dans un monde mondialisé, quand on est pris dans une espèce de délocalisation permanente et de perte de repères, le fait d'avoir une station comme France Bleu, qui incarne jusque dans le détail la proximité et le territoire, c'est une valeur dont les gens s'emparent de plus en plus. Être de quelque part dans un monde mondialisé, c'est avoir l'assurance de ne pas se perdre et de toujours se retrouver autour de patrimoine, de cuisine et de culture.
Sur quels points France Bleu doit-elle encore progresser ?
Il faut qu'on réfléchisse à notre offre éditoriale, pour à la fois répondre aux évolutions de la concurrence et répondre à la question de l'évolution du concept de la proximité avec le développement du numérique. France Bleu a un numérique très puissant et bat des records mois après mois. C'est un travail qu'on a en interne. La notion de proximité avec le numérique permet, même si vous n'êtes pas sur place, de suivre un match de basket qui se déroule dans le sud de la France. Grâce à l'application, si vous avez envie d'écouter ce match alors que vous êtes dans le nord, vous pouvez. La notion de proximité va évoluer puisque l'outil digital qui se développe à France Bleu va modifier la perception de la proximité. C'est sur ce champ éditorial que l'on travaille.
"Une matinale commune entre France Bleu et France 3 ? Ca peut être une piste."
Pourrait-on imaginer un rapprochement, quel qu'il soit, entre les réseaux de France Bleu et France 3, comme cela a pu être évoqué parmi les pistes de réforme de l'audiovisuel public ?
Nous travaillons sur des projets éditoriaux communs avec France 3. L'intersection est que les deux réseaux incarnent la proximité. Nous avons un maillage extrêmement fin du territoire. Nos équipes et nos process sont extrêmement agiles. Pour l'instant, à ce stade, la tutelle nous a demandé de travailler sur une réflexion de projets éditoriaux, ce que je fais avec mes équipes et les homologues de France 3, et notamment Dana Hastier. On verra vers quel projet se dirige cette réflexion collective.
Une matinale commune entre France Bleu et France 3 est envisageable ?
Ca peut être une piste. Il y en a plein d'autres. Rien n'est arrêté. On est en plein travail. Ce serait prématuré de donner des projets éditoriaux arrêtés. Il y a plein de sujets et plein de projets. C'est quand même très enthousiasmant. Même si ça ne se fait pas facilement : nos réseaux sont différents et nos implantations sont différentes. Mais ce travail de proximité est commun à France Bleu et à France 3.