puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Etienne Carbonnier, chroniqueur dans "Quotidien" sur TMC, a répondu à notre sollicitation.
Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 6 juin.
puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Etienne Carbonnier : La première Coupe du monde que j'ai suivie, c'est 1998. Forcément, c'est celle-là. J'étais un peu petit en 1994. En 1998, je me rappelle de tous les matchs, tous les buteurs. J'étais comme un dingue. J'avais un petit carnet où je notais tous les résultats. J'avais les posters de Zidane, de Bergkamp, d'Okocha.
"La surprise ? Je dirai Pavard pour son flagrant délit de sosisme. Il ressemble à Vincent Lacoste"
Quel est le plus mauvais souvenir ?
C'est 2010, comme beaucoup de Français. C'était la honte internationale. En plus, on s'était qualifié honteusement avec la main de Thierry Henry contre l'Irlande. On se fait éliminer honteusement en poules. C'était le pire souvenir.
Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
C'est compliqué de ne pas dire Zidane, surtout qu'on est Français et après ce qu'il vient de réaliser en tant qu'entraîneur. Même si sur les dix dernières années, c'est plutôt Ronaldo et Messi.
Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Il y a toujours une petite équipe qui crée la surprise. En 2014, c'était le Costa Rica, qui est arrivé en quarts et qui perd aux tirs au but face aux Pays-Bas. Et sinon, il y a toujours des révélations chez les joueurs. Il y a toujours un petit ailier colombien qu'on ne connaît pas, un gardien égyptien qui sort une grosse Coupe de dingue. Après, j'aimerais bien que ce soit un Français. Peut-être Pavard ! Il ressemble à Vincent Lacoste. Je dirai Pavard pour son flagrant délit de sosisme.
Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
Je pense. C'est toujours compliqué parce qu'il y aura trois équipes au-dessus. A mon avis, il y aura le Brésil, l'Espagne et l'Allemagne. C'est ce qui se fait de mieux. Après, il y a quatre équipes dont la France, qui ne sont pas très loin derrière et qui peuvent faire un truc. Donc, on a carrément une chance de le faire. C'est pour ça que tout le monde est dingue.
"Il y aura mille angles et mille façons de raconter la Coupe du monde"
Comment abordez-vous la Coupe du monde sur TMC ?
Ca va être assez cool. On va avoir tous les jours une partie consacrée à la Coupe du monde. Moi, je vais faire ce que je sais faire. Ce sera des "Transpi" tous les jours. Avec la Coupe du monde, on aura plein de ressources. On fera forcément les Bleus. On regardera les conférences de presse, les entraînements, leurs petites vidéos. Mais on n'aura pas qu'un oeil sur les Bleus. On regardera les autres nations. Il va se passer un milliard de choses. Il y aura tous les jours des choses à dire. On a tous super hâte.
Azzeddine Ahmed-Chaouch et Martin Weill seront en Russie. Quel sera leur rôle dans ce dispositif ?
Ils seront sur place. Ils proposeront des inside. Ils prendront la température de cette Coupe du monde et du pays. Ils iront voir les supporters, les Russes, les villes où l'équipe de France va jouer. Il y aura mille angles et mille façons de raconter la Coupe du monde pour eux. Ils nous enverront des sortes de carte postale de l'ambiance.
Sur le plateau, vous recevrez des invités dédiés à l'événement ?
On aura tous les jours des invités qui aiment le foot ou des spécialistes du foot. Moi, je serai là avec Yann. On débriefera les matchs de la veille. On évoquera l'actualité de l'équipe de France. On aura aussi des humoristes qui viendront nous faire rire autour de la Coupe du monde. Ce sera vraiment une partie totalement dédiée à l'événement où on ne parlera que de ça. La deuxième partie de l'émission restera ordinaire.
"On arrive à un point où on est rincé. Tous les jours, c'est vraiment un rythme hyper dur à tenir sur une saison"
Les planètes semblent alignées pour vous. Vous êtes chroniqueur de sport dans une émission phare du PAF, dans un groupe qui détient de nombreux droits pour cette compétition.
Pour être honnête, je n'y avais pas pensé lorsque j'ai débuté ma chronique dans "Quotidien" il y a un peu moins de deux ans. J'y ai pensé l'été dernier, parce que je me disais que ce serait super de couvrir cette Coupe du monde. Mais il y a trois ans, je ne savais pas ce que j'allais faire. Lors de la dernière Coupe du monde, j'étais au "Petit journal", c'était déjà super. Ce qu'on fera aujourd'hui sera beaucoup plus important. On aura plus de moyens et plus de temps pour en parler. En plus de ça, TF1 disposera de nombreux droits, on va pouvoir diffuser beaucoup d'images ! Parce que la dernière fois, les droits étaient tellement chers qu'on ne pouvait pas diffuser les images. Sur Canal+, je me rappelle qu'Eric et Quentin rejouaient les matchs uniquement avec le son. C'était tout pourri (rires). Forcément, ça sentait le petit budget.
Quel bilan tirez-vous de cette saison dans "Quotidien" où vous avez hérité d'une deuxième chronique ?
C'était encore plus un marathon que l'an dernier. Une quotidienne, c'est ultra épuisant. Quand tu dois faire une chronique censée être drôle, il faut trouver des idées et arriver à se renouveler. Il faut trouver des angles nouveaux pour que ce ne soit pas trop redondant. Tous les jours, on doit préparer une chronique pour le soir même. On ne peut pas anticiper. Donc, cette saison, j'ai vraiment senti le rythme soutenu. L'an dernier, je ne sais pas si c'était l'excitation de la première saison. Mais là, je commence un peu à fatiguer. Heureusement, il y a la Coupe du monde qui va me mettre un petit coup de boost pour finir l'année. C'est vrai que c'est épuisant. On arrive à un point où on est rincé. Tous les jours, c'est vraiment un rythme hyper dur à tenir sur une saison. Après, je suis content parce que les retours sont plutôt bons. Moi, je m'amuse à le faire. Tant qu'il y a l'amusement, je peux tenir.
"J'aimerais bien aborder de nouvelles choses"
Comment préparez-vous ces chroniques ?
On essaye un peu de prévoir. Quand il y a un match de l'équipe de France, on sait que le lendemain, on aura un peu de matière pour faire un truc sur eux. On essaye de voir à l'avance, mais généralement, on travaille au jour le jour. On part de l'actu, mais aussi des images disponibles. On doit jongler entre les droits et les réglementations du sport. Ensuite, c'est une course contre la montre. On prend aussi des risques en suivant des compétitions un peu bizarres et finalement, on abandonne parce que c'est trop dur à traiter ou qu'il ne se passe pas grand chose. Parfois, il y a du déchet, on commence des trucs et on se rend compte que ça ne marche pas. Alors, en cours de journée, on doit tout changer et réécrire un truc. Par exemple, quand on regarde le Roland-Garros, ça demande un temps fou et il ne se passe pas un milliard de trucs très drôles. Quand on voit le résultat, on se dit : "Le mec, il l'a fait en cinq minutes. Il a pris trois trucs drôles". Mais c'est beaucoup plus compliqué que ça.
Outre votre chronique de sport, vous avez aussi un billet sur l'univers de la télévision.
Avant d'être à "Quotidien", j'ai passé cinq ans au "Petit journal". Tous ces trucs-là, je les ai toujours traités. Par exemple, "Top chef", on le traite depuis des années. L'an dernier, on s'est rendu compte que cette matière, on la traitait de moins en moins. C'était dommage parce que c'est souvent assez drôle. Dans une émission de divertissement, il y a toujours des trucs à dire. Avec Adrien Le Nir, qui travaille avec moi sur cette rubrique, on s'est dit qu'il fallait qu'on le refasse. Aujourd'hui, je me dis qu'il y a encore plein d'autres choses à exploiter et que j'adorerais faire. Je ne sais pas comment on sera organisé l'année prochaine. J'aimerais bien aborder de nouvelles choses. Le sport, ça me fait marrer, mais autant que la télé ou les mecs à l'Assemblée. Ce qu'il se passe à l'Assemblée, c'est presque aussi drôle que "L'amour est dans le pré".
A travers ces chroniques, ne vous sentez-vous pas parfois plus humoriste que journaliste ?
C'est le virage qu'on a pris. Avec le sport, ça s'est imposé. On est toujours en J+1. Quand il y a un match, on en parle 24 heures après. Il n'y a pas de sens de résumer le match. Aujourd'hui, dans la minute après la fin du match, il y a déjà des résumés super bien faits sur Internet avec tous les buts et toutes les actions. On apporterait rien le lendemain. Donc, on le traite différemment. Parfois, on traite un match sans même donner le résultat. Les gens s'en foutent, parce que le résultat, tout le monde l'a. Il y a déjà quatre notifications qui t'ont donné le résultat. Petit à petit, on s'est orienté vers une chronique rigolote. Mais il y a un côté journalistique, quand on va traiter des compétitions que personne ne traite. Même si on le traite sous le trait de l'humour, on va quand même expliquer ce que c'est, les règles, comment ça se passe, qui sont les personnes qui pratiquent ce sport. Ca fait des petits reportages qu'on peut retrouver dans la presse locale.
"J'ai vu les chiffres d'audience, j'ai trouvé que ce n'était pas incroyable"
Vous avez également passé un cap cette année. Vous avez présenté deux primes sur TMC. Comment avez-vous vécu cette expérience inédite ?
C'est un peu bizarre. C'est surtout le travail en amont. J'avais très peu de temps. J'étais pris tous les jours par la quotidienne. Je devais dégager un peu de temps pour bosser sur le prime. C'est un exercice d'écriture différent, surtout pour le premier. Il y avait un vrai plateau avec des invités. Autant "Canap Party", même si c'était très long, c'était surtout une version XL de ma chronique. C'était à peu près les mêmes rythmiques. Ce n'était que des retours en plateau avec moi. Alors que "Transpi Party", j'étais en plateau avec quatre ou cinq invités devant moi. C'était un truc que je n'avais jamais fait. J'étais terrorisé. J'ai cru que ça allait être un enfer. Finalement, ça s'est plutôt bien passé. J'ai eu peur deux secondes. Une fois que t'es dedans, t'es dedans. Puis, je me suis dit que si je me plante, ce n'est pas très grave. J'avais essayé de le faire le mieux possible.
Savez-vous si les audiences ont été jugées satisfaisantes pour TF1 ?
Je ne suis vraiment pas spécialiste des audiences. Mais ils m'ont dit qu'il y a une histoire de cibles et de jour. Je pense qu'ils sont très gentils avec moi. Ils me disent : "C'est super Etienne !" Mais encore une fois, je n'y connais rien. J'ai vu les chiffres d'audience, j'ai trouvé que ce n'était pas incroyable. Mais après, TF1 a été super cool. Ils m'ont dit que c'était super. Donc, je m'en suis satisfait. De mon côté, j'étais content d'avoir fait cette émission. Je ne sais pas combien de temps je ferai de la télé. Il y aura certainement des moments de galère où je me planterai royalement. Ce sont des choses qui arrivent. L'importance, c'est d'essayer de proposer de nouvelles choses dont tu es content, dont tu es fier. Si déjà TMC me propose des primes comme ceux-là, ça veut dire qu'au départ ils sont prêts à prendre des risques. Puis, mine de rien, je ne suis personne ! On peut voir ma gueule à la télé depuis à peine un an et demi. Je pense que les gens ne savent pas bien qui je suis. Un inconnu à 21h à la télé, je ne suis pas sûr que moi, je m'arrêterais (rires).
D'autres primes sont prévus pour vous la saison prochaine ?
Je n'en ai aucune idée. Pour l'instant, on est que sur la Coupe du monde. On n'a même pas parlé de la rentrée prochaine. Je ne sais rien. Je ne sais même pas comment sera l'émission.
En janvier 2018, vous êtes apparu à l'antenne de L'Equipe lors d'un match commenté sans images par Yoann Riou. Dans une interview qu'il nous a accordée récemment, il a assuré qu'il vous devait beaucoup. Êtes-vous d'accord avec lui ?
(rires). C'est ce qu'il m'a toujours dit ! Je ne me rends pas du tout compte de l'impact des choses. Une chose est sûre. Beaucoup de gens qui ne devaient pas connaître l'émission de Yoann l'ont découverte en regardant "Quotidien". Après, je pense que les gens ont découvert le format. Si les gens ont commencé à regarder ses soirées, c'est que les gens ont adhéré à l'émission de L'Equipe. Ils ont dû trouver Yoann cool. Sa manière de parler doit sûrement leur plaire. Je pense que c'est ça qui a fait que ça fonctionnait.