Avec Patrick Le Lay, il formait la paire. Étienne Mougeotte, ancien numéro deux de TF1 et président de LCI, est mort ce jeudi des suites d'un cancer à l'âge de 81 ans. "Étienne Mougeotte a façonné l'histoire de notre chaîne, avec lui, elle s'est installée dans les foyers des français", écrit ce soir TF1 dans un communiqué.
Étienne Mougeotte a donné le tempo à la télévision, pendant vingt ans. Il a largement contribué à l'écriture d'un pan de son histoire. En 1987, au moment de la privatisation de TF1, il est nommé par Francis Bouygues vice-président et directeur d'antenne de la chaîne, un poste qu'il occupera le temps d'une génération toute entière, jusqu'en 2007.
Reconnu pour son flair par ses pairs, Étienne Mougeotte débusque de nombreux présentateurs pourtant partis à la concurrence lors de sa nomination. Les téléspectateurs lui doivent la programmation à la télévision des plus gros succès d'émissions de variétés à l'image de "Sacrée Soirée" (1987-1994) avec Jean-Pierre Foucault, première des nombreuses personnalités stars à être programmées par la chaîne.
Incontestable leader des audiences avec des moyennes inimaginables aujourd'hui à 40 % de part d'audience, TF1 vit son âge d'or. Étienne Mougeotte connaît le succès dans tous les registres, du sport au divertissement en passant par l'information : "Ciel, mon mardi !" avec Christophe Dechavanne, "Club Dorothée", "Ushuaïa Nature" avec Nicolas Hulot, les JT avec le trio Jean-Pierre Pernaut, Patrick Poivre d'Arvor et Claire Chazal... C'est lui qui lance LCI, payante à l'origine, en 1994.
Le leadership de la chaîne vacille toutefois au début du 21e siècle, avec l'arrivée de la télé-réalité sur M6 ("Loft Story"). TF1 prend le train en retard, avant de rectifier le tir avec des émissions devenues des marques comme "Star Academy", "Les Aventuriers de Koh-Lanta" ("Koh-Lanta" depuis 2002) ou "Nice People" (2003). Comme dans les années 1990 avec l'émission "Tout est possible" de Jean-Marc Morandini, Étienne Mougeotte s'affranchit bien volontiers de la critique et des accusations de sensationnalisme en programmant "La Ferme Célébrités" ou "L'Île de la Tentation".
"Il a fait TF1", a réagi ce soir sur C8 Valérie Bénaïm, présentatrice notamment des "100 plus grands..." en 2003 avec Christophe Dechavanne. Ému, Benjamin Castaldi, lui aussi présent sur le plateau de "Touche pas à mon poste", se souvient avoir été l'un des derniers transferts supervisés par Étienne Mougeotte. L'animateur avait subitement quitté M6 - chaîne sur laquelle il avait les commandes de "Loft Story" puis de "Nouvelle Star" - pour présenter "Secret Story" sur TF1 en 2007. Président du directoire du groupe M6, Nicolas de Tavernost a salué ce soir sur Twitter une "figure exemplaire du patron de chaîne". "Professionnel remarquable, il a toujours entretenu des relations amicales avec ses confrères. Merci de nous avoir beaucoup appris".
Avant de devenir l'homme de télévision que l'on connaît, Étienne Mougeotte a aiguisé sa plume comme journaliste dans la presse. Dans les colonnes de "Paris-Normandie" d'abord, où il débute, au "JDD", qu'il dirige dans les années 1980 ensuite, et au "Figaro", où il occupera le poste de directeur des rédactions entre 2007 et 2012.
Étienne Mougeotte était également président depuis 2015 du groupe de presse Valmonde, propriétaire de l'hebdomadaire "Valeurs actuelles", qu'il avait racheté en association avec l'homme d'affaires franco-libanais Iskandar Safa et un autre ancien dirigeant du groupe TF1, Charles Villeneuve.
Décidément multi-supports, le journaliste, qui a présenté le JT de 23h et de 20h dans le service public de l'audiovisuel (ORTF) au début des années 70, a enfin été une figure de la radio : d'Europe 1, où il a officié comme directeur de l'information, à Radio Classique en fin de carrière (2012-2018). Sur le terrain, il a été correspondant à Beyrouth (Liban) pour France Inter dans les années 1960.