Lancement en fanfare ce soir sur France 2. La chaîne publique diffuse en prime time le premier numéro d'une toute nouvelle formule d'"Envoyé spécial". Désormais incarné par Elise Lucet, le magazine créé en 1990 a subi un profond lifting sur le fond. "On veut refaire d''Envoyé spécial' un évènement en inventant de nouveaux formats, remettre de l'enquête. On veut aussi redonner ses lettres de noblesse aux grands reportages, même s'ils ont globalement toujours eu leurs lettres de noblesses en dans l'émission", a résumé sa nouvelle présentatrice en marge d'une rencontre avec des journalistes.
Pour incarner ce virage, un premier reportage ayant déjà fait grand bruit autour de l'affaire Bygmalion. Après deux ans de sollicitations et à l'issue de l'enquête judiciaire, l'un des témoins clés de l'affaire, Franck Attal, a accepté de répondre aux questions du journaliste Tristan Waleckx. Devant ce dernier, le patron d'Event, la filiale de Bygmalion chargée d'organiser les meetings de Nicolas Sarkozy durant la campagne de 2012, revient dans le détail sur le système de double comptabilité mis en place par l'UMP et son entreprise afin de masquer l'explosion du plafond des dépenses.
Dans son reportage, France 2 présente ainsi les factures détaillées de chaque prestation lors des meetings de Nicolas Sarkozy dont le nombre aura presque doublé durant la campagne par rapport à la prévision initiale. "Envoyé Spécial" part aussi à la rencontre des différents sous-traitants ayant travaillé pour cette campagne présidentielle aux faux-airs de production hollywoodienne. Côté responsabilité, la plupart des protagonistes ayant accepté de répondre aux questions de "Envoyé Spécial" se renvoient la balle. Quant à Nicolas Sarkozy, il a refusé de répondre.
L'ex-chef de l'Etat ne manquera sans doute pas de dénoncer un reportage diffusé quelques jours seulement après le lancement de la primaire de la droite dont il est l'un des favoris. "Je ne connais pas un journaliste en France qui a un accès à Franck Attal et qui garderait son témoignage trois mois au frigo", s'est justifié Elise Lucet devant les journalistes. Et d'ajouter : "Nous avons suffisamment l'esprit de responsabilité. Nous n'aurions pas diffusé ce reportage trois jours avant le vote de la primaire ou le jour du débat. Mais là, on est très longtemps avant. Et il nous semble à tous très important que les électeurs, de quelque bord qu'ils soient, soient informés. A eux ensuite de prendre leur décision", a-t-elle expliqué. "L'agenda politique ne peut pas dicter l'agenda journalistique", a résumé Jean-Pierre Canet, le nouveau rédacteur en chef d'"Envoyé Spécial", un ex de Capa et de "Cash Investigation".
Outre ce reportage, cet "Envoyé Spécial" à la sauce Lucet comportera aussi de nouveaux rendez-vous. Parmi eux, un module qui pourrait s'appeler "Sérieusement ?" et qui prendra la forme de sujets décalés sur des situations "stupéfiantes" rencontrées lors de reportages. Un autre module, de "data" cette fois, résonnera et éclairera les reportages diffusés dans l'émission. Pour ce premier numéro, il s'agira par exemple d'une séquence sur les règles en matière de financement des campagnes politiques.
L'émission mettra enfin à l'honneur le reportage photo. Dans une séquence, un ou une photographe commentera ainsi une de ses photographies d'actualité. Pour la première, Elise Lucet et ses équipes ont choisi Aris Messinis, un photographe primé pour son travail sur les réfugiés de l'île de Lesbos en Grèce. Reste à savoir si les téléspectateurs adhéreront à cette nouvelle formule. Réponse dès ce soir.
l "Envoyé spécial", ce soir à 21h sur France 2