France Télévisions va profondément renforcer la place des femmes au sein de son entreprise et de ses programmes. Voilà le grand message qu'a tenu à faire passer hier Rémy Pflimlin lors d'un grand colloque sur la parité intitulé "En avant toutes !".
Pour les femmes évoluant au sein de l'entreprise France Télévisions, le PDG, Rémy Pflimlin, a ainsi promis des actions volontaristes. Il a notamment annoncé qu'il "sera rendu obligatoire de considérer au minimum une candidature féminine pour tous les postes de cadres à pourvoir, sans aucune exception". Par ailleurs, dans les rédactions des chaînes publiques, le nombre de femmes rédactrices en chef devra rapidement augmenter. Rémy Pflimlin a ainsi fait part de son intention "de passer la proportion des femmes dans l'encadrement des journalistes d'un quart en 2012 à un tiers en 2015".
Deuxième gros chantier, les programmes du service public. Le président de France Télévisions s'est ainsi engagé à ce qu'ils donnent "une plus juste représentation des femmes" en luttant contre les stéréotypes sexués. L'entreprise souhaite ainsi mettre à l'antenne un plus grand nombre "d'expertes". Un rapport récent de Brigitte Gresy a en effet relevé un "taux d'expertes" sur le service public de seulement 18% dans les journaux télévisés et les principales émissions de débat comme "C dans l'air", "Complément d'enquête"ou "Pièce à Conviction". Insuffisant selon Rémy Pflimlin qui a pris hier l'engagement de faire passer cette part à 30% "au plus tard à la fin de l'année 2014", en précisant que cet objectif s'appliquera aussi aux émissions "Envoyé Spécial", "Mots Croisés" et "Ce Soir ou jamais" présenté par Frédéric Taddeï.
Outre un nombre grandissant d'expertes, la lutte contre les stéréotypes passera également par une modification du contenu des programmes. Rémy Pflimlin a ainsi annoncé qu'une attention particulière allait être portée dans les programmes jeunesses au nombre de personnages masculins et féminins ainsi qu'au poids de ces personnages dans les intrigues. Par ailleurs, les équipes de France Télévisions "instruiront" désormais tous les projets à l'aide de nouveaux indicateurs dits de "binarité", déjà utilisés sur certains programmes.
Ces indicateurs de binarité permettront de mesurer les représentations données des femmes dans un programme. Dans le cas d'une fiction par exemple, il s'agira de se demander si "les personnages féminins proposés sont actifs ou passifs, comment ils sont traités du point de vue de l'apparence et de l'intellect", ou encore si ces personnages féminins sont majoritairement placés dans un environnement domestique ou, au contraire, projetés vers l'extérieur, dans le monde du travail par exemple.
Le but n'est n'est pas de censurer mais d'éviter une forme de représentation unique et stéréotypée des femmes dans les programmes. De son côté, Rémy Plimlin a lui aussi tenu, hier, à rassurer les créateurs : "Il ne s'agit pas de gommer l'écriture des auteurs, mais de veiller à ne pas reproduire des stéréotypes lorsqu'ils ne sont pas spécifiquement justifiés dans les intentions d'écriture".