Ce matin Médiamétrie a publié la vague de chiffres d'audience des radios pour janvier, février et mars 2016. Des résultats qui ont été très bien accueillis dans les couloirs de la Maison ronde, puisque les radios publiques sont toutes dans leur moyenne haute, comme le confirme Frédéric Schlesinger, le directeur des programmes de l'ensemble des stations du groupe Radio France.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
puremedias.com : Est-ce qu'Arnaud Lagardère a raison de dire que les sondages Médiamétrie, par téléphone, ne sont vraiment pas fiables ?
Frédéric Schlesinger : Arnaud Lagardère est mauvais perdant. Quand on est malade, c'est inutile de s'en prendre au thermomètre. Chaque fois qu'une radio a des résultats catastrophiques, elle s'en prend à Médiamétrie... comme d'habitude ! Bien sûr que la question de l'évolution de l'outil d'audience est pertinente ! A l'heure de la numérisation des médias, effectivement ce serait bien de moderniser la mesure. Prendre en compte les podcasts par exemple ! Mais la mesure est la même pour tous. Nous, à Radio France, quand on a eu de mauvaises audiences, on l'a reconnu.
La vague n'est pas très bonne pour les généralistes...
Il y a une petite érosion oui. Cette vague est comparée à la vague de janvier/mars 2015, marquée par les attentats contre "Charlie hebdo", qui avaient été très suivis sur les radios d'information. Il y a donc un effet défavorable sur les comparaisons à un an. Mais l'enjeu pour l'ensemble des radios ce sont les 13/24 ans. Il y a 15 ans, 90% d'entre eux écoutaient la radio. Désormais ils ne sont qu'entre 70 et 75%. C'est ça le vrai enjeu pour les radios, surtout celles qui s'adressent aux plus jeunes.
Dans ce contexte, France Inter fait plutôt une bonne vague. Vous vous félicitez vous-même des changements apportés dans la grille à la rentrée 2014 ?
En radio, il ne faut jamais se réjouir trop vite de ses succès. Mais oui, France Inter perd un peu d'audience cumulée mais voit sa PDA progresser. Globalement, le groupe est en forme. On enregistre notre meilleure PDA historique avec 24,1% pour l'ensemble de nos stations.
France 2 est en train de remettre à plat son offre en vue de la présidentielle. Et à France Inter ? Les têtes de gondole seront toujours Patrick Cohen, Léa Salamé, Nicolas Demorand, Thomas Legrand, etc ?
Oui ! Nos trois tranches d'info sont en forme, à commencer par Nicolas Demorand qui est en forte progression. On est en tête lors des trois tranches d'info les plus importantes puisqu'on domine de 7h à 8h45, de 12h à 13h45 puis de 18h15 à 21h. A cela s'ajoutent les succès de Nagui ou Charline et de la matinale. Il n'y a aucune raison de changer la grille de France Inter, à part quelques réglages, à la marge.
Malgré une actualité un peu moins chargée, France Info est au-dessus des 8 points. C'est l'objectif que vous lui fixez ?
Oui, tout à fait. Après des années de chute, France Info a bien progressé. Elle a creusé l'écart avec RMC et talonne désormais Europe 1. Je suis très content pour les équipes.
Etes-vous comme Laurent Guimier, le patron de France Info, favorable à ce que la future chaîne info du service public se nomme France Info ?
Je suis favorable à ce que l'on choisisse vite ! (rires) Et je trouve que cela fait tout à fait sens que ces médias soient rassemblés sous la même marque, qu'il y ait une marque globale ! Mais ce ne serait pas dramatique si ce n'était pas le cas. De toutes façons, France Info continuera d'exister à coté de la chaîne info à laquelle elle va activement participer. Il y aura des flashs, qui existent déjà, et qui seront diffusés sur la future chaîne. Tout comme quelques tranches, comme les Infiltrés ou les Infiltrés du sport. Cela ne va rien changer à ses émissions qui seront juste filmées. Je suis convaincu que ça va être une chance pour France Info car cela va élargir son audience.
France Bleu recule une nouvelle fois. Et ce n'est pas la première fois puisqu'on le constate depuis plus de deux saisons.
Oui je le confirme, il y a une légère mais régulière érosion. Sur cette vague, elle s'explique aussi par l'absence d'actualité forte au niveau local. Mais on travaille pour y remédier. Et avec le fonctionnement complexe de France Bleu, qui compte 44 locales, ça nécessite beaucoup de dialogue. Mais il y aura de l'innovation sur France Bleu. On travaille sur quelques renouvellements significatifs.
Sur France Musique, une des priorités de Mathieu Gallet, les effets de la relance éditoriales sont infimes. Déçu ?
Marc Voinchet (le nouveau directeur de la station, ndlr) prépare actuellement des nouveautés pour la rentrée. On peut entendre depuis un mois à l'antenne quelques évolutions, notamment en termes de progammation qui a gagné en fluidité. Après, le potentiel d'évolution de France Musique est limité, la place pour la musique classique sur la FM reste restreinte.
France Culture est durablement au-dessus du million d'auditeurs. Une victoire en ces temps d'actualité stressante et troublée ?
France Culture éclaire le monde par le prisme de la culture. C'est une antenne passionnante, sans cesse en réflexion et en mouvement. Sandrine Treiner et ses équipes travaillent d'arrache-pied pour agiter toute cette antenne, qui prouve la complémentarité de notre offre de radio.
Mouv' est à 0,5% d'AC. Loin de son objectif de faire 1 point d'ici décembre prochain. La fin de votre radio jeune est proche ?
En relançant complètement Mouv' pour passer d'un format rock/électro à un format hip/hop, on a vidé la salle. Là on est à 0,5 point. Il se passe donc quelque chose. Sur les cibles, on a de jolis scores : 1,6 point sur les 18/24 ans, 1 point sur les 13/24. Il y a donc quelques signes de satisfaction. Mais je reste très prudent. On verra déjà si on continue de progresser lors de la vague publiée en juillet. L'objectif est toujours de dépasser le point d'audience fin décembre.
Jacques Vendroux, le directeur de votre service des sports, va-t-il présenter en juin son dernier Euro ?
Jacques Vendroux prendra sa retraite quand il aura 70 ans (en 2018, ndlr). D'ici là, il reste un patron des sports incontesté. Et je suis sûr que, même à la retraite, il restera un consultant de Radio France lors de toutes les grandes compétitions sportives. Vous n'êtes pas près de ne plus entendre Jacques Vendroux sur nos antennes !