Mais quelle mouche a donc piqué Free ? Jeudi, le fournisseur d'accès a décidé, par une mise à jour de sa Freebox, de bloquer toutes les publicités affichées sur les sites internet visités par ses utilisateurs. Un nouveau "service" qui met en rogne bon nombre d'éditeurs de services, dont le modèle économique est entièrement basé sur la publicité en ligne.
"Free est totalement irresponsable et menace de porter un coup violent à tout un pan de l'économie numérique ! Sans parler des risques juridiques qu'il prend pour lui-même", dénonce Numerama.com. Car Free ne demande pas à ses abonnés leur avis, les publicités sont bloquées dès la mise à jour effectuée sur tous les périphériques connectés à la box. S'ils veulent la retrouver, les utilisateurs doivent effectuer une opération sur l'interface de gestion de leur compte.
Cette décision pose une autre question, celle de la neutralité d'internet. Car la filiale d'Iliad peut choisir de bloquer seulement certaines régies publicitaires. "Free pourra décider demain de bloquer l'accès aux sites pornographiques, aux sites qui proposent des jeux vidéo violents, aux sites "terroristes", aux sites e-commerce étrangers qui ne respecteraient pas la législation française, aux sites qu'il considère diffamatoire, etc., Il pourra non seulement bloquer ces sites, mais aussi modifier ou bloquer une partie de leur contenu, sans que l'internaute le sache", note Numerama.
Avec plus de 5,2 millions d'abonnés à ses offres, la décision unilatérale de Free ne sera pas sans conséquence pour les éditeurs et... Google, principale régie publicitaire du web. "Une arme de destruction massive", note Les Echos, qui croit savoir que cette nouvelle fonctionnalité a été activée pour faire avancer des discussions bloquées entre le fournisseur d'accès et le géant américain. Car Google refuse de payer à Free le prix de l'interconnexion directe avec ses abonnés pour mettre a disposition son contenu, notamment vidéo via Youtube. Un moyen de pression qui touche directement au porte-monnaie de Google en France. En clair, la fonction serait supprimée si Free et Google parviennent à nouer un accord financier.
Free n'a répondu à aucune sollicitation des journalistes depuis cette mise à jour logicielle déployée en catimini. Mais dès la semaine prochaine, le fournisseur d'accès sera reçu par la ministre déléguée à l'économie numérique, Fleur Pellerin, pour être entendu sur ce sujet.