The Ghost Writer : Un excellent Polanski à nouveau insolent
Publié le 11 mars 2010 à 12:33
Par puremedias
Polanski nous revient avec son bon vieux ton acide et paranoïaque, accompagné d'un duo d'acteurs impeccable, et oubliant la philanthropie de ses deux dernières oeuvres. Et c'est comme ça qu'on le préfère.
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Plus de vingt ans que Roman Polanski ne nous avait pas proposé un film pareil. Depuis Frantic, plus exactement, petite merveille méconnue et dite mineure, avec un Harisson Ford paumé dans un Paris étouffant. Prétendre ici qu'il s'agit du meilleur Polanski, comme beaucoup le font, relève de la malhonnêteté intellectuelle. On est loin de l'ambiance de Chinatown ou du malaise du Locataire. Mais avec son scénario paranoïaque, Polanski redonne à son cinéma un parfum anxiogène absent de ses dernières œuvres, dont les objectifs étaient plus fédérateurs et grand public (le touchant devoir de mémoire qu'est Le Pianiste et le mal-aimé Oliver Twist).



Faussement politique mais vraiment culotté, The Ghost Writer nous invite à résoudre, en même temps que l'excellent Ewan McGregor, une énigme à tiroir tordue dont l'issue pourrait bien faire tomber l'ancien premier ministre britannique, campé par Pierce Brosnan, qui n'est jamais meilleur que dans ses rôles à contre-emploi (voir son hilarant personnage de scientifique dans Mars Attacks !).

Polanski fait le choix judicieux de ne pas trop montrer cet éminent personnage, au centre de toutes les interrogations. Et lorsqu'il apparaît, il décontenance complètement : le grand James Bond ténébreux et incorruptible est aussi crédible que comique dans la peau de cet homme politique déchu, dont on devine à peine le charme et l'éloquence derrière son masque d'ego démesuré, ses convictions réactionnaires et sa beauferie ordinaire. Car c'est aussi avec un humour acerbe, bien connu chez le réalisateur, que l'histoire nous est contée.



McGregor joue un nègre littéraire qui n'a même pas de nom. Son métier, c'est de rester dans l'ombre des personnalités dont il rédige la biographie, que l'on vendra à des millions d'exemplaires sous le nom d'autobiographie. Décrochant un juteux contrat, celui-ci quitte sa Grande-Bretagne natale pour une île américaine perdue, où se cache son nouveau client. Pas n'importe qui, le client, puisqu'il s'agit d'Adam Lang, ancien premier ministre au cœur d'une polémique qui sent mauvais le crime de guerre. Mais de cela, notre Ghost Writer ne doit pas se mêler : l'image qu'il est censé donner à son client doit être la plus reluisante possible. Ne s'étant jamais frotté à la machine politique, notre écrivain de l'ombre va bientôt réaliser dans quel bourbier il a mis les pieds, d'autant plus que son prédécesseur est mort dans des circonstances troublantes.

Dans un schéma assez classique, le film se centre vite sur la solitude de son héros, qui enquête sur des choses qui le dépassent, alors qu'il préfèrerait probablement rentrer chez lui mais n'en a pas la possibilité. Les gens qui l'entourent sont à peine aimables, et l'accueil qu'il reçoit dans la demeure d'un ex-chef d'Etat est bien moins glamour que ce qu'on aurait pu imaginer. Il n'est même pas un pion, mais juste un remplaçant, perdu au milieu d'une île venteuse qui serait apaisante dans d'autres circonstances.

Le métrage ne s'embarrasse pas de grosses ficelles ou d'effets faciles pour faire monter une angoisse de plus en plus réelle, confrontant son anonyme personnage principal à des protagonistes inquiétants et doubles (Tom Wilkinson et Robert Pugh, au jeu insidieusement menaçant), jusqu'à un final en forme de twist étourdissant, ironique et cruel, qui se fige sur un dernier plan somptueux. On se rassure alors, la maîtrise de Polanski n'a pas pris une ride, sa mise en scène est racée, à la fois évidente et recherchée. Son dernier film n'est pas une leçon de morale de vieux briscard cramponné à la caméra. Juste une belle réussite.

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